Le cancer des polémiques
Cancer (Circ), de résultats scientifiques révélant un lien étroit entre
viande rouge, charcuteries et cancer, met le feu aux poudres chez les
professionnels de la viande et des grands pays producteurs tels que les
Etats-Unis, le Brésil et la France.
« Je ne veux pas qu'un rapport comme celui-là mette encore plus la panique chez les gens », a, pour sa part, réagit le ministre français de l'Agriculture Stéphane Le Foll, appuyant « On peut et on doit consommer de la viande, mais on doit le faire de manière raisonnable ». Le président de la FNSEA, Xavier Beulin, regrette l’accumulation des problèmes concernant le secteur de l’élevage, « Les éleveurs doivent se demander si tout ça est bien sérieux, alors qu'ils connaissent les plus grandes difficultés ». L’interprofession bétail et Viande (Interbev), a également riposté, soulignant le fait qu’ « il ne s’agit pas d’une nouvelle étude scientifique mais d’un jugement d’experts ayant fait un état de l’art d’études existantes » précisant qu’ « aucune étude scientifique n’a permis d’affirmer qu’un aliment pouvait être, à lui seul, la cause d’un cancer, une maladie complexe et multifactorielle ».
Aux Etats-Unis, l’Institut Nord-Américain de la Viande (Nami) dénonce de manière catégorique la fiabilité des conclusions de l’étude, pointant du doigt « des données triturées pour obtenir un résultat bien précis » ajoutant que « si l'on s'en tenait juste à la liste (...) du CIRC, il serait clair que le simple fait de vivre sur terre serait un risque de cancer ». Pour l’Institut, l’argument avancé, et depuis repris par tous les industriels du secteur, est le suivant : « la science a montré que le cancer est une maladie complexe qui n'est pas provoquée par de simples aliments ».
Selon Interbev, en France, les niveaux de consommation de viande rouge cuite seraient « en dessous du seuil de 500 g par semaine (soit environ 70 g par jour) », et donc inférieurs au seuil préconisé par l’organe de l’OMS. Le Circ, à l’instar d’Interbev, rappelle d’ailleurs l’importance de la viande dans l’équilibre alimentaire avec ses apports nutritionnels tels que les protéines comme le zinc, le fer ainsi que des vitamines du groupe B dont la B12, présente uniquement dans les produits carnés.
Consommation des viandes en France en 2014
Dans l’Hexagone, la consommation de viande en 2014 atteignait 86,3 kg par habitant et par an, après avoir atteint un pic à 94 kg en 1998, selon le récent bilan 2015 de FranceAgriMer. En 2014, la viande de porc (y compris transformée) restait la plus prisée des consommateurs à 32,5 kg/hab/an malgré une baisse de 10 % entre 1994 et 2014, suivie des volailles à 26,3 kg/hab/an (progression de plus de 64 % en 35 ans) dépassant depuis 2012 celle des bovins à 24,2 kg/hab/an (en baisse constante depuis la crise de la vache folle), et enfin les ovins-caprins à 3kg/hab/an. La consommation de viande de cheval reste anecdotique avec 200g/hab/an en 2014. Le récent scandale ou « horsegate » a néanmoins contribué, selon FranceAgriMer, à un « regain d’intérêt de la part des consommateurs ».