Le casse-tête des pneus usagés dans les exploitations...
800.000 tonnes de pneus usagés seraient utilisées sur les bâches d’ensilages dans les exploitations agricoles françaises. La tendance de fond va vers la restriction de cette pratique. Mais comment s’en "débarrasser" et par quoi les remplacer ?

L’étude date de dix ans, mais les chiffres n’ont pas beaucoup évolué depuis. Selon l’Ademe, 800.000 tonnes de pneus usagés étaient présents dans les exploitations agricoles en 2006, utilisés pour les bâches d’ensilage. A l’époque, le stock "à évacuer" - c’est-à-dire le stock dont les agriculteurs souhaitent se débarrasser - était évalué à 265.000 tonnes… Pour comparaison, les décharges sauvages de pneus (stocks orphelins) n’ont, au pire il y a dix ans, jamais dépassé les 80.000 tonnes ! Et il aura fallu huit ans pour enlever tous ces stocks concentrés sur soixante-et-un sites, pour un budget total de 7 millions d’€.
En agriculture, trente-sept opérations collectives menées entre 2005 et 2013 ont permis d’évacuer quelques 6.950 tonnes dans 1.750 exploitations agricoles : 4 tonnes en moyenne par exploitation. D’autres opérations collectives ont eu lieu récemment dans le Rhône ou la Mayenne (plus de 3.000 tonnes).
Une législation qui a changé
Reste le stock à évacuer ne baisse pas alors que la "demande" agricole se renouvelle chaque année. Il augmente même car un nouveau décret (n° 2015-1003 du 18 août 2015) ne prévoit plus que l’utilisation des pneumatiques par les agriculteurs pour l’ensilage soit considérée comme une "opération de valorisation", ce qui était le cas jusqu’alors. Pour autant les agriculteurs peuvent continuer d’utiliser les pneus dont ils disposent, mais seulement ceux qu’ils ont déjà en stock (environ 20.000 tonnes). Il leur est désormais interdit de se réapprovisionner en nouveaux pneus usagés pour maintenir les bâches d’ensilage.
De vraies questions…
Sur le terrain, les questions qui se posent de plus en plus sont les suivantes :
- comment me débarrasser de ces pneus usagés, au meilleur coût ?
- par quoi remplacer, les pneus sur mes bâches d’ensilage ?
Il est vraisemblable que dans quelques années l’utilisation des pneus usagés sera de plus en plus encadrée, voire même restreinte pour ne pas dire interdite. Les inconvénients sont aujourd’hui en effet très bien identifiés.
1. la présence de corps étrangers présentant des risques pour les animaux ;
2. la présence de nuisibles (guêpes, rats) d’insectes porteurs de maladies grave (moustiques et moustiques tigre, pour la dengue et le zika) ;
3. une manipulation des pneus pouvant être salissante et dangereuse ;
4. des pneus lourds et difficiles à manipuler ;
5. des risques de coupures ou de s’enfoncer des ferrailles rouillées dans les mains ;
6. un coût de traitement des pneus important ;
7. le manque d’esthétique aux abords de l’exploitation ;
8. l’interdiction de reprise de pneus chez des garagistes ;
9. l’interdiction d’apport dans un nombre très élevé de déchèterie ;
10. les risque d’incendies…
Un guide pour y voir clair
Dans ce contexte, la question des méthodes alternatives aux pneus issus d’ensilage devient centrale. Aussi, à la demande de la FNSEA et des chambres d’Agriculture, l’Ademe a édité il y a quelques années un "Guide sur les techniques alternatives aux pneus usagés pour le maintien des bâches d’ensilage". Une édition actualisée vient d’être publiée en mai 2017, mise à jour par l’association Rudologia, dont la vocation est de fédérer les acteurs du déchet autour de projets communs.
Ce guide comprend en outre des fiches plus détaillées sur plusieurs techniques :
-bâche et tapis de caoutchouc ;
- bâche et sacs à silo ;
- bâche et géotextile ;
-couvert végétal ;
-bâche et filet de protection ;
- bâche et géomembrane.
Près de quinze ans…
La collecte et la valorisation des centaines de milliers de pneus usagés qui sont stockés dans les exploitations agricoles nécessitent une mobilisation d’ampleur pour un travail qui pourrait durer une… quinzaine d’années avant d’en venir à bout ! A condition toutefois que "l’alimentation" en nouveaux pneus usagés cesse totalement, ce qui ne semble pas encore être vrai partout. Bon nombre des opérations de collecte sont subventionnées au niveau local. Pour que le cercle soit "vertueux", les financeurs conditionnent leur aide éventuelle à l’abandon total du pneu sur ensilage dans l’élevage. Une condition d’autant plus acceptable que depuis 2015, les éleveurs ont interdiction de "remettre" de nouveaux pneus usagés sur leurs bâches d’ensilage.
Une opération de collecte est "lourde" et "coûteuse". Les agriculteurs ne peuvent pas faire appel à Adivalor, les pneus ne rentrant pas dans son "champ" d’activité. Et n’y rentreront pas.
Louis Cayeux
Le casse-tête des pneus usagés dans les exploitations...

L’étude date de dix ans, mais les chiffres n’ont pas beaucoup évolué depuis. Selon l’Ademe, 800.000 tonnes de pneus usagés étaient présents dans les exploitations agricoles en 2006, utilisés pour les bâches d’ensilage. A l’époque, le stock "à évacuer" - c’est-à-dire le stock dont les agriculteurs souhaitent se débarrasser - était évalué à 265.000 tonnes… Pour comparaison, les décharges sauvages de pneus (stocks orphelins) n’ont, au pire il y a dix ans, jamais dépassé les 80.000 tonnes ! Et il aura fallu huit ans pour enlever tous ces stocks concentrés sur soixante-et-un sites, pour un budget total de 7 millions d’€.
En agriculture, trente-sept opérations collectives menées entre 2005 et 2013 ont permis d’évacuer quelques 6.950 tonnes dans 1.750 exploitations agricoles : 4 tonnes en moyenne par exploitation. D’autres opérations collectives ont eu lieu récemment dans le Rhône ou la Mayenne (plus de 3.000 tonnes).
Une législation qui a changé
Reste le stock à évacuer ne baisse pas alors que la "demande" agricole se renouvelle chaque année. Il augmente même car un nouveau décret (n° 2015-1003 du 18 août 2015) ne prévoit plus que l’utilisation des pneumatiques par les agriculteurs pour l’ensilage soit considérée comme une "opération de valorisation", ce qui était le cas jusqu’alors. Pour autant les agriculteurs peuvent continuer d’utiliser les pneus dont ils disposent, mais seulement ceux qu’ils ont déjà en stock (environ 20.000 tonnes). Il leur est désormais interdit de se réapprovisionner en nouveaux pneus usagés pour maintenir les bâches d’ensilage.
De vraies questions…
Sur le terrain, les questions qui se posent de plus en plus sont les suivantes :
- comment me débarrasser de ces pneus usagés, au meilleur coût ?
- par quoi remplacer, les pneus sur mes bâches d’ensilage ?
Il est vraisemblable que dans quelques années l’utilisation des pneus usagés sera de plus en plus encadrée, voire même restreinte pour ne pas dire interdite. Les inconvénients sont aujourd’hui en effet très bien identifiés.
1. la présence de corps étrangers présentant des risques pour les animaux ;
2. la présence de nuisibles (guêpes, rats) d’insectes porteurs de maladies grave (moustiques et moustiques tigre, pour la dengue et le zika) ;
3. une manipulation des pneus pouvant être salissante et dangereuse ;
4. des pneus lourds et difficiles à manipuler ;
5. des risques de coupures ou de s’enfoncer des ferrailles rouillées dans les mains ;
6. un coût de traitement des pneus important ;
7. le manque d’esthétique aux abords de l’exploitation ;
8. l’interdiction de reprise de pneus chez des garagistes ;
9. l’interdiction d’apport dans un nombre très élevé de déchèterie ;
10. les risque d’incendies…
Un guide pour y voir clair
Dans ce contexte, la question des méthodes alternatives aux pneus issus d’ensilage devient centrale. Aussi, à la demande de la FNSEA et des chambres d’Agriculture, l’Ademe a édité il y a quelques années un "Guide sur les techniques alternatives aux pneus usagés pour le maintien des bâches d’ensilage". Une édition actualisée vient d’être publiée en mai 2017, mise à jour par l’association Rudologia, dont la vocation est de fédérer les acteurs du déchet autour de projets communs.
Ce guide comprend en outre des fiches plus détaillées sur plusieurs techniques :
-bâche et tapis de caoutchouc ;
- bâche et sacs à silo ;
- bâche et géotextile ;
-couvert végétal ;
-bâche et filet de protection ;
- bâche et géomembrane.
Près de quinze ans…
La collecte et la valorisation des centaines de milliers de pneus usagés qui sont stockés dans les exploitations agricoles nécessitent une mobilisation d’ampleur pour un travail qui pourrait durer une… quinzaine d’années avant d’en venir à bout ! A condition toutefois que "l’alimentation" en nouveaux pneus usagés cesse totalement, ce qui ne semble pas encore être vrai partout. Bon nombre des opérations de collecte sont subventionnées au niveau local. Pour que le cercle soit "vertueux", les financeurs conditionnent leur aide éventuelle à l’abandon total du pneu sur ensilage dans l’élevage. Une condition d’autant plus acceptable que depuis 2015, les éleveurs ont interdiction de "remettre" de nouveaux pneus usagés sur leurs bâches d’ensilage.
Une opération de collecte est "lourde" et "coûteuse". Les agriculteurs ne peuvent pas faire appel à Adivalor, les pneus ne rentrant pas dans son "champ" d’activité. Et n’y rentreront pas.
Louis Cayeux