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Filières vinicoles et laitières

Le Ceta offre aussi des opportunités

Les filières viticole et laitière fourmillent d’indications
géographiques. De fait, les accords commerciaux - de libre échange - entre l'Europe et le Canada (Ceta) serait plutôt une bonne nouvelle car le
traité va permettre aux deux filières de prendre des parts de marché
dans le pays.
Par Publié par Cédric Michelin
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Le Ceta « est un accord de libre-échange qui convient à la viticulture », commente-t-on à la Cnaoc, la Confédération des AOC viticoles. La raison principale est que cet accord prévoit l’abolition totale des droits de douane à l’export de l’Union Européenne vers le Canada pour le vin, précise Daniela Zandona, responsable de l’Efow (Fédération européenne des vins d’origine). « Du fait de cette abolition des droits de douane, nous serons plus compétitifs demain qu’aujourd’hui », a ajouté Daniela Zandona. De plus, le fait que le vin du Canada ne soit pas leader sur le marché intérieur canadien laisse augurer des prises de positions conséquentes. Déjà, l’Union Européenne viticole a marqué des points en moins de dix ans sur ce marché : le Canada est le quatrième marché des vins européens, « avec 768 millions d’euros d’importations de vin à l’Union Européenne en 2013 et une croissance de ses importations à l’Union Européenne de 27 % depuis 2007 », indique l’Efow. Le Ceta intègre un accord de 2003 entre l’Union et le Canada pour une reconnaissance mutuelle de pratiques œnologiques et de procédés de fabrication du vin. Cet accord de 2003 établissait aussi les conditions sous lesquelles les vins sous indications géographiques (IG) peuvent être protégés. L’Efow estime que cet accord « est tout bénéfice pour le vin et les IG en général ». En effet, il permet aux IG d’avancer sur un continent nord-américain investi par les marques américaines qui commercialisent quantité de produits en utilisant des noms génériques, comme les fromages estampillés « parmesan ».

Un quota de 18.500 tonnes de fromages



Dans la filière laitière, la réaction est similaire : « La signature du CETA est une opportunité », avance Thierry Roquefeuil, président de l’interprofession laitière. Il reste cependant conscient que les éleveurs de vaches laitières produisent également de la viande bovine, production « sensible » du traité. Gérard Calbrix, directeur des affaires économiques de l’Association de la transformation laitière (ATLA), confirme l’information : « Le secteur laitier était très favorable au Ceta. Nous avons obtenu un quota de 18.500 tonnes de fromages à droit de douane nul, soit le double de l’ancien quota. Nous pouvons exporter de la caséine et des protéines laitières sans limite et les principales indications géographiques sont protégées ». D’après lui, 30 % de nouveaux opérateurs canadiens pourront se porter acquéreurs de fromage français. Le Ceta leur permettra aux opérateurs canadiens d’obtenir des fromages français à un prix bien plus bas que s’ils avaient été fabriqués au Canada.

La fin de la protection du secteur laitier canadien



Le secteur laitier canadien, très protégé dans le pays, permet aux éleveurs d’être payés autour de 650 €/1.000 l, « le double du prix français ! », souligne Gérard Calbrix. « Pour les producteurs de lait canadiens, c’est une brèche dans leur système de protection. Leur lait ne pourra pas continuer à être payé deux fois plus que le prix mondial », continue-t-il. En échange, le gouvernement canadien aurait garanti la valeur du quota durant dix ans. Cette garantie serait dégressive encore cinq ans, passés les dix ans. Produire du lait au Canada peut effectivement être comparé à une rente dont le quota se vend cher. « Le gouvernement canadien a acté que dans quinze ans, ce sera la fin de ce système hyperprotégé », conclu Gérard Calbrix. Pour l’heure, il est encore difficile de dire quels seront les fromages gagnants de cet accord. Quant à l’Alena, traité de libre-échange entre le Canada et les États-Unis, il semble que le secteur laitier en soit exclu, selon Gérard Calbrix. Dans tous les cas, le produit doit être fabriqué au Canada pour passer la frontière américaine. Peu de chance, pour l’heure, de voir rentrer aux États-Unis des fromages français par le biais d’entreprises canadiennes. Par contre, du côté des éleveurs français, Gérard Calbrix prévient déjà que les exportations canadiennes ne seront pas suffisantes pour tirer le prix du lait vers le haut. Promis par le candidat Donald Trump, le nouveau président des Etats-Unis renégociera-t-il maintenant l’accord nord-américain (Nafta) avec le Canada ? A suivre...



L’Amérique du Nord souffle le contraire



Les exportations de vins de Bourgogne en Amérique du Nord poursuivent leur croissance en volume (+ 6,2 % sur les sept premiers mois 2016), après avoir souffert du manque de disponible en 2013 et 2014. Cette évolution s’accompagne d’une nouvelle hausse du chiffre d’affaires (+ 4,6 %), soit un gain de 5,746 millions d’euros. Les États-Unis sont devenus, en 2014, le premier pays en volume pour la Bourgogne, tout en confirmant leur premier rang en chiffre d’affaires. Ces bons résultats sont portés par une parité euro/dollar favorable. En 2015, les États-Unis ont réalisé 12 % des exportations de ces appellations, contre 9 % en 2009. Avec une progression de + 3,5 % en volume, la bonne santé des vins de Bourgogne sur le marché américain se confirme sur les sept premiers mois 2016. La Bourgogne a commercialisé aux Etats-Unis 20 % de ses exportations en volume pour 24 % de son chiffre d’affaires export (+ 3,8 %, 7 premiers mois 2016/ même période 2015). Ce sont les appellations du Chablisien qui ont le plus profité, en volume, de ce retour de croissance, avec un gain de 330.000 bouteilles. Les AOC villages du Mâconnais progressent de 13,5 %, avec une belle évolution du chiffre d’affaires (+ 11,4 %). Les appellations villages et premiers Crus rouges de Côte-d’Or et de la Côte Chalonnaise ne sont pas en reste et progressent également à leur niveau (+ 9,4 % en volume et + 22,2% en valeur).
Les ventes de vins Bourgogne au Canada connaissent également une embellie. Au cours des sept premiers mois 2016, les volumes exportés progressent de 13,5 % en volume, après avoir chuté de 13 % en 2014. Le chiffre d’affaires croît également de + 7,8 %. Les appellations régionales de bourgogne (blancs et rouges) dépassent leur record de 2013 de 2% en volume et 7,8 % en chiffre d’affaires, soit près de 2 millions de bouteilles exportées et 11 millions d’euros de chiffre d’affaires sur les sept premiers mois 2016. Le second groupe d’appellations les plus exportées, chablis et petit chablis, connait aussi une croissance en continu depuis plus d’une dizaine d’années, passant de 207.000 bouteilles (sur sept premiers mois 2005) à près de 690.000 bouteilles exportée sur les sept premiers mois 2016.
Au vu des récoltes hétérogènes de 2016, nombre de positions sur les marchés pourraient changer à l'avenir...