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Usine d’Aucy de Ciel

Le choc

C’est avec stupeur que les producteurs de légumes apporteurs de D’Aucy
ont pris connaissance des projets de fermeture de l’usine de Ciel à
l’horizon de quelques mois. Au-delà du choc, les énergies se focalisent
sur l’avenir : la région dispose de nombreux atouts et entend les faire
valoir.
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Le choc. La stupeur. Un coup sur la tête. Les mots ne sont pas trop forts pour désigner ce que ressentent les producteurs de légumes apporteurs de l’usine D’Aucy de Ciel quand, jeudi 25 octobre, ils ont pris connaissance des projets de leur partenaire breton, la Cecab, de fermer purement et simplement l’usine à l’horizon fin février, début mars 2013.
« Cette belle usine, la plus récente de D’Aucy, si bien située sur l’axe Chalon-Dôle et qui était notre fierté », comme la désignait le président de Val Union, le groupement des producteurs adossé à l’usine de Ciel.
Sitôt informés, ce dernier et Michel Duvernois, son directeur, convoquaient les adhérents pour une assemblée générale extraordinaire, le soir même, à Pierre de Bresse. L’ambiance était lourde : vingt ans de travail, vingt ans d’investissements qui, en quelques instants, s’effondrent aux yeux de tous. Sans offrir, à ce stade, de perspectives.
Ce choc, il était indéniablement partagé avec celui des 110 salariés permanents, 200 si l’on compte les occasionnels, alors que nombre d’entre eux travaillent à D’Aucy depuis les origines de l’implantation de l’usine Val d’Aucy de Ciel, en 1992. Des couples dont les projets de vie s’effondrent. Pour beaucoup, la situation est tragique, surtout dans le contexte de crise généralisée que connaît l’Union européenne et auquel la France n’échappe pas. Les producteurs saisissent toute la détresse de la situation, eux-mêmes étant en première ligne dans ce dossier délicat.

Tournés, malgré tout, vers l’avenir


Et chez eux aussi, les choses sont compliquées : d’abord se pose la question des assolements du printemps prochain, lesquels sont désormais incertains, ensuite parce qu’ils sont, au travers de leur groupement coactionnaire à hauteur de 34 %... Un capital qu’ils n’entendent pas gaspiller, quitte à serrer son poing dans la poche et à calmer sa colère. Un capital qui leur confère une minorité de blocage, mais « le blocage de quoi ? Que voulez-vous que nous bloquions ? La décision est prise. Elle est irrévocable », faisait état la mort dans l’âme –mais avec réalisme– Michel Duvernois, dont on se souvient qu’il avait été l'un des moteurs pour faire venir l’usine à Ciel.
Plutôt que de se lamenter et bien que très impactés, les producteurs présents rejoignaient et partageaient l’analyse du directeur de la coopérative Bourgogne du Sud. Ensemble, ils adoptaient une attitude résolument tournée vers l’avenir pour « mettre toutes les chances de leur côté » et « chercher un industriel repreneur ». Il faut dire que le secteur a déjà essuyé les conséquences de la fermeture, il n’y a pas si longtemps de la sucrerie d’Aiserey… Alors, dans ce contexte, l’annonce de la fermeture de l’usine D’Aucy réveille d’amers souvenirs. Mais chacun sait qu’il ne servirait pas à grand chose d’aller en guerre contre la Cecab, « qui connaît de graves difficultés aujourd’hui, et pas seulement qu'avec D’Aucy… »

Faire valoir nos atouts


« Nous avons des atouts : un savoir-faire, des terres à haut potentiel, des installations d’irrigation… », avançaient ensemble le président et le directeur de Val Union, mais aussi nombre de producteurs dans la salle, se refusant à céder au pessimisme, même si tous ont conscience que la tâche sera ardue. Et en la matière, ils savent qu’ils peuvent compter sur la mobilisation des organisations professionnelles de Côte-d’Or, du Jura et de Saône-et-Loire, venues apporter ce soir-là leur soutien.
« Notre intérêt commun est que l’usine reparte, 40 millions d’€ y ont été investis depuis vingt ans. Nous ne pouvons pas laisser cela partir en ruine », insistait Michel Duvernois, précisant qu’il serait toutefois mis fin à l’activité Conserve au regard des investissements que supposerait la poursuite de l’activité.
Et l’heure est manifestement à garder son sang froid, et à attendre d’y voir plus clair.





Vingt ans…



A la vielle de la première réforme de la Pac, la création de Val Union en 1992 par les coopératives Bourgogne du Sud et Interval a donné une réelle impulsion au développement des productions légumières de plein champ dans la région. La mise en place de la conserverie Val D'Aucy la même année avec l'implantation du Groupe Cecab à Ciel. Ce groupe breton est d’essence coopérative, il basé à Theix dans le Morbihan. La dynamique créée par l’installation de l’usine dans le Chalonnais a permis la mise en place de cultures diversifiées dans des assolements alors très marqués par les seules céréales et à ce titre très vulnérables.
Ces cultures légumières s’étendent sur 1.600 ha et concernent quelque 160 exploitations dans un rayon de 50 km autour de l'usine. Les principaux légumes cultivés et destinés à D’Aucy sont les petits pois, les haricots, les flageolets et les carottes. Les oignons blancs ou jaunes sont destinés à la déshydratation chez STL. Des productions de salsifis, navets, haricots blancs secs sont également mises en place chaque année et plus de 40.000 tonnes de légumes sont gérées chaque année par Val Union.
En 1996, l’activité de l’usine, la plus récente des dix unités de transformation de D’Aucy, s’était développée avec l’investissement dans un atelier de confection de plats cuisinés.
Sa fermeture programmée en février prochain est un choc pour toute l’économie d’un territoire, dont les acteurs économiques avaient pris résolument en main le développement. Et cela dans un contexte où la santé économique d’autres entreprises agroalimentaires locales semble au plus mal…



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