Le Domaine des Terres rouges à Azé est taillé pour l’œnotourisme
Au domaine des Terres rouges à Azé, Jean-Yves Blanchard voulait un « joli » bâtiment pour développer les ventes de bouteilles et les prestations œnotouristiques. Au vu du résultat, l’objectif "marketing" est réussi avec une prise de risque calculée tout prévoyant des bâtiments séparés : cuverie, stockage, hangar, caveau de vente…

Avec 15 hectares de vignes et des projets de développement plein la tête, Jean-Yves Blanchard a calibré son projet de façon à pouvoir « remplir » son bâtiment de 220 m2 d’une capacité de vinification d’environ 800 hl. En 2015, « j’ai été un peu l’architecte, car il faut être derrière chaque travaux et derrière chaque modification », met-il en avant. Depuis deux ans, il avait visité nombre d’autres bâtiments viticoles. Si au départ son idée était de réaménager son hangar existant ou de s’installer dans la nouvelle zone artisanale de Péronne, Jean-Yves Blanchard tente sa chance en demandant à son voisin s’il ne voudrait pas lui vendre son pré. Ce dernier accepte. Une chance qui lui permet notamment de ne pas à avoir à embaucher un salarié permanent pour recevoir les clients. A la place, « j’ai installé un interphone qui sonne sur mon téléphone portable ou dans mon bureau », lequel est situé dans sa maison d'habitation, adjacente au chai.
Lorsqu’un visiteur entre, côté parking, par les portes battantes de 5 mètres de haut « construites sur place », il arrive sur le cuvage à rouges. L’espace (10 X 20 mètres) sert également de lieu de mise en bouteilles mais accueille aussi, en période de vendanges, le (ou les) pressoir. « C’est top pour ne pas avoir besoin de pompe ». Sur roulettes, le pressoir se range sinon sous l'auvent du hangar.
Séparée par de nouvelles portes coulissantes teintées, la zone des vins blancs fait place à des cuves thermorégulées, hautes à compartiments pour vinifier des lieux-dits. « Ces cuves coûtent cher, mais ramené au volume occupé, pas tant que cela. J’essaye de prendre le plus de place en hauteur », se fixe-t-il comme objectif. La règle générale est de compter 20 m2/ha de vigne, que ce soit pour un bâtiment de vinification ou de stockage, rappelait la chambre d’Agriculture. Au dessus de son espace dédié à la dégustation, lequel lui sert également de bureau avec sanitaire et douche, se trouve une mezzanine dans laquelle sont entreposées quelques matières sèches.
Pas de barrage au sol
« Le seuil de porte entre les deux cuveries n’est pas pratique », reconnaît à l’usage le viticulteur. Son béton "finition quartz anthracite" « se salit » trop à son goût, lui qui est « très strict sur la propreté ». Il conseille un gris classique. S’il est possible également de mettre du carrelage ou des résines, Jean-François Mazille conseille, lui, de s’adresser à des « artisans maîtrisant bien » leur art, car l’acidité des vins ne pardonne pas. Jean-Yves a mis des robinets « un peu partout » pour ne pas être embêté avec des tuyaux qui courent partout au sol. « Il faudrait un regard à chaque point d’eau car, lorsqu’on passe la raclette, on perd du temps ». Les caniveaux sont en inox.
Un bâtiment convertible
Sa cave à fûts - « d’inspiration Côte de Nuits » - permet de superposer trois niveaux de fûts. Dans un but esthétique réussi, son plafond imite un tonneau. Pas de chance, son chauffagiste a installé un mauvais tuyau lequel a provoqué une fuite et des coulures au mur. Dans ce cuvage, le groupe froid est à l’extérieur. Cette climatisation n’est pas trop bruyante pour ne pas déranger les voisins. Installé en plein village, le parti pris "esthétique" est réussi, avec un toit en tuiles, des murs ocres et une signalétique moderne en bois. Le bâtiment est construit en briques de 37,5 cm avec de larges charpentes en lamellé-collé et un toit en tuiles à deux pans. Des panneaux sandwichs avec mousse de polyuréthane isolent thermiquement. « Les marchés des vins du Mâconnais vont bien mais, si besoin, le bâtiment peut être reconverti pour un artisan, avec ses finitions type habitation », envisage Jean-Yves Blanchard.
Un bâtiment par grande fonction
Autre façon de ne pas mettre tous ses œufs dans le même bâtiment, le chef d'exploitation a fait le choix de « séparer » son cuvage de son lieu de stockage bouteilles (60 m2) qu’il a aménagé (panneaux sandwichs, climatisation) dans son ancien hangar de 200 m2, situé de l’autre côté de la cour.
Au total, le coût pour le seul cuvage s’élève à 258.900 € HT, « plutôt dans la moyenne haute » à 1.100 €/m2, mais qui n’a rien d’anormal pour un « joli bâtiment marketing » tourné vers l’œnotourisme, note Jean-François Mazille.
Bien situé au cœur d’Azé, Jean-Yves Blanchard a encore bien des projets en tête, dont celui d'un caveau de vente de 50 m2 situé le long de la route. « Ne comptez pas trop sur les subventions pour vous lancer », témoigne-t-il, lui qui attend encore les versements (20.000 €) deux ans après…