Le dossier des Zones intermédiaires est plus que jamais d'actualité pour l'agriculture de la région BFC
Au regard des enjeux pour les régions concernées, dont la Bourgogne Franche-Comté, la profession se mobilise en faveur des Zones Intermédiaires. Un groupe constitué au sein de la FNSEA s'est ainsi réuni en avril pour définir un plan d’actions.

Cela fait des mois que le dossier des Zones intermédiaires occupe le devant de la scène. Dossier structurel majeur, il est porté par un groupe de travail au sein de la FNSEA, lequel vise à faire reconnaître les spécificités de ces zones qui ne sont ni situées dans le Bassin parisien, ni en zones montagneuses.
Les réformes successives de la Pac ont de fait eu pour effet de diminuer les aides directes octroyées à l’hectare dans les zones intermédiaires, créant ainsi des distorsions de concurrence et rendant intenable la situation économique des agriculteurs, céréaliers comme polyculteurs-éleveurs des régions concernées.
Ces difficultés économiques se sont aggravées depuis trois voire quatre années, et les exploitations de ces secteurs affichent des résultats économiques en dessous de la moyenne nationale. On note une baisse des charges insuffisante, une baisse continue des aides dites du 1er pilier (-14.000 €/actif sur la moyenne 2013-2016 dans un département comme le Loiret en systèmes Grandes cultures).
Dans ces conditions, sur de nombreuses exploitations, on constate qu’une partie des emprunts moyen terme sert uniquement à la consolidation de la trésorerie. Les investissements en baisse (-36.000 € sur trois ans en Côte-d’Or pour les céréaliers).
Ces données étaient étayées, le 18 avril, par plusieurs sources, à commencer par la présentation de l’étude du Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux (CGAAER, ministère de l’Agriculture) intitulée "Avenir des systèmes de polyculture-élevage en Lorraine", par celle conduite par l’AGPB sur les résultats économiques et les apports des différentes régions concernées.
L’échec des MAEC
Ces difficultés rencontrées depuis plusieurs années dans les zones intermédiaires, sont, par ailleurs, à ajouter à l’échec manifeste des MAEC polyculture-élevage et grandes cultures mis en place dans les zones intermédiaires, notamment en raison de cahiers des charges « inadaptés et irréalisables pour les producteurs ».
Alors que la MAE rotationnelle apportait certaines réponses à ces zones, force est de constater qu’elle n’a pas été remplacée et qu’elle ne reviendra pas sous cette forme, étant donné les exigences imposées par la Commission européenne.
De plus, les participants à la réunion du groupe de travail ont rappelé avec force que « la MAEC ne peut être qu’un complément de revenus et non une substitution à la baisse des aides, en raison des contraintes associées ». Pour eux, cet échec est également lié aux montants financiers qui sont accordés à la MAEC et à la priorité donnée par les différents Conseils régionaux dans leur budget.
Sur la base des constats faits par le CGAAER en Lorraine, on assiste dans ces zones à une simplification des systèmes, souvent au détriment de l’élevage et liée à un agrandissement des structures en parallèle.
Sur l’aspect filières, les zones intermédiaires sont aussi caractérisées par une faible présence des outils de transformation et un éloignement des centres de décisions, notamment celles des coopératives…
En attente de réponses
A partir de ces constats, le groupe Zones Intermédiaires a dégagé plusieurs positions majoritaires dans le cadre de la Pac :
- la nécessité d’un premier pilier fort ;
- la nécessaire accélération de la convergence des aides ;
- la fin du paiement re-distributif sur les 52 premiers hectares, source de distorsion de concurrence avec les pays voisins.
Le groupe entend rapidement travailler sur un zonage spécifique (ZSCS pour Zones soumises à contraintes spécifiques) permettant de :
- flécher des dispositifs de soutien à l’investissement (PCAE…) pour ces zones, que ces dispositifs soient européens, nationaux ou régionaux ;
- d’obtenir des bonification des aides à l’installation.
Une autre phase importante est la nécessité de chercher, au niveau des différents territoires, des solutions plus prospectives et pérennes pour retrouver de la valeur ajoutée sur les exploitations et dans les filières. La région Centre Val de Loire a ainsi entamé cette réflexion en combinant aux mesures d’urgence, des diagnostics économiques et financiers des exploitations permettant de mettre en place des plans d’action allant de l’arrêt de l’activité à la poursuite d’activité qui intègre un projet viable économiquement.
Des pistes à creuser
Sur le plus long terme et en reprenant certains éléments du rapport du CGAAER, dont l’objectif est d’encourager une dynamique de polyculture élevage dans les zones intermédiaires, plusieurs pistes sont mises en avant :
- la nécessaire diversification des assolements ;
- la baisse des charges, notamment par la mise en commun de moyens de production ;
- la complémentarité céréaliers-éleveurs au sein des territoires ;
- le renforcement du pilotage économique des exploitations, en réorientant le conseil en agriculture ;
- la meilleure diffusion de l’innovation, notamment auprès des nouveaux installés ;
- le développement de filières répondant aux attentes du marché avec des outils de transformation adaptés ;
- enfin la possible mise en place de sources de revenus complémentaires, comme la méthanisation, les chaufferies au bois ou à partir de menues-pailles.
Enfin, la réflexion sur une aide du second pilier avec un cahier des charges réalisable dans un objectif de déclinaison régionale doit être engagée en expertisant les initiatives des pays voisins.