Le foot chevillé au corps
La France au sommet
Dans l’hexagone, on passe de 1.800 licenciées en 1970 à 7.135 en 1976, 26.558 en 1986, 31.756 en 1999 et 55.605 en 2010. Quant au championnat de France, ce n’est qu’en 1974 qu’il est créé. Dominée au départ par le mythique Stade de Reims, l’AS Etroeungt et la VGA Saint-Maur, cette compétition voit ensuite le FCF Juvisy et le Toulouse OAC s’imposer dans les années 90. Mais c’est surtout avec l’Olympique Lyonnais (ex-FC Lyon) que le foot féminin de club prend une nouvelle ampleur. Neuf fois championne de France, cette équipe remporte au printemps dernier la première Coupe d’Europe française contre Postdam 2-0. Forte de cet élan, l’équipe de France s’est pour sa part illustrée à l’occasion de la dernière Coupe du Monde qui avait lieu en Allemagne. Dans des stades pleins à craquer, les tricolores ont su déjouer tous les pronostics en atteignant pour la première fois de leur histoire les demi-finales. Un ticket gagnant qui leur permet de valider leur passeport pour les prochains Jeux Olympiques de 2012 de Londres. Deux exploits auxquels a pleinement participé Sandrine Brétigny.
JO en ligne de mire
Native du Creusot, cette fille d’agriculteurs a depuis son plus jeune âge tapé dans le ballon. Après un sport études à Gueugnon, elle intègre à 15 ans le club de Lyon. Et débute, dans la foulée, au sein de l’élite nationale. « Mon premier match était contre Marseille. Cela reste un bon souvenir ». Ayant le but véritablement chevillé au corps, la jeune fille se révèle comme un goal d'or d’exception en remportant à deux reprises le titre de canonnier numéro du championnat. Avec, en 2007, 42 buts en 21 matchs ! Des performances qui lui permettent d’intégrer en 2006 l’équipe de France lors d’un match remporté 6-0 face à la Belgique. « C’est un rêve de porter ce maillot. Mais le plus dur est de durer ». Surnommée Bretbut, elle collectionne tout de même 20 sélections et 9 buts. Une efficacité d’autant plus remarquable qu’elle ne joue en général que des bouts de matchs puisqu’elle s’exprime à merveille dans un rôle de joker.
À 27 ans, Sandrine Brétigny réalise à titre collectif sa saison la plus accomplie avec la victoire lyonnaise en Europe. « Ce titre est le plus grand que l’on puisse gagner. Il y a, à chaque fois, des matchs couperets. Cela récompense toute une saison ». Bien que titulaire à seulement deux reprises en championnat, elle enquille quand même 19 buts. Soit un but toutes les 35 minutes ! Une performance qui suscite l’intérêt de Bruno Bini, coach des tricolores, qui décide de la sélectionner pour la Coupe du Monde. « Cette sélection a été une petite surprise. J’avais un rôle spécifique de joker. Notre résultat est la suite logique du parcours avec Lyon ». Une performance qui peut déboucher pour Sandrine sur une participation aux JO. « C’est la seule compétition à laquelle je n’ai pas participé. Il me faudra réaliser une bonne saison en club pour espérer être sélectionnée ». Nul doute que le public lyonnais devrait souvent vibrer lors des apparitions de Sandrine Brétigny qui n’a pas encore complètement étanché sa soif de buts.
L’histoire du football féminin en Europe
Avec L’histoire du football féminin en Europe parue aux éditions Nouveau monde, Xavier Breuil fait revivre le parcours accidenté de ce sport au cœur du vingtième siècle.
E.A. : pourquoi avoir écrit un livre sur le football féminin ?
X.B : j’ai réalisé cela dans le cadre d’un doctorat d’histoire. Cinq années de recherches ont été nécessaires.
E.A. : à l’image de la toute jeune suissesse Madeleine Boll, la pratique du football a-t-elle été longtemps découragée ?
X.B : ce comportement est révélateur de l’esprit des années soixante vis-à-vis du football féminin. L’opposition était même plus rude que dans les années vingt. En outre, il faut savoir à titre d’exemple que les femmes n’ont eu le droit de vote qu’en 1971 en Suisse.
E.A. : comment voyez-vous l’évolution du football féminin ?
X.B : il va toujours souffrir d’une certaine faiblesse économique. Mais cela peut être compensé en partie par l’investissement des clubs de l’élite à l’image de ce que fait déjà l’Olympique Lyonnais et des sponsors. Alors que le match Allemagne-France de la dernière Coupe du Monde a été suivi par 300.000 personnes dans l’hexagone, ils étaient 16 millions outre-Rhin devant leur poste de télévision.
E.A. : avez-vous d’autres projets de livres liés au football ?
X.B : je pense publier un livre sur les stades et leurs publics. Mais aussi un ouvrage sur le football en Europe de l’Est.