Le Gaec des Grillons se lance dans la finition des femelles
A Charmoy, les associés du Gaec des Grillons avaient pour coutume de commercialiser tous leurs animaux maigres. Sur leurs prairies accidentées et précoces, ils se sont lancés dans la finition de leurs femelles à l’herbe ce qui leur a permis de bénéficier de l’aide à l’engraissement de la Région.

Le Gaec des Grillons est composé de trois associés : Géraldine Gueugnon, Jean-François Depoil et leur fils Jérémy. A Charmoy, la ferme repose sur deux sites totalisant 160 vêlages sur décembre, février-mars et juillet. Les mâles sont pour la plupart valorisés en taurillons d’herbe. Quelques broutards, nés de décembre, sont commercialisés dans l’hiver et tous les autres mâles sont relâchés au printemps. Remis au pré à 350 kg vif, ils poursuivent leur croissance jusqu’à 470-500 kg vif pour être vendus sur mi mai-début juin. Cette production de taurillon d’herbe a le mérité d’être économe et le marché est plus stable que celui du broutard, fait valoir Jérémy. Jusqu’alors, la même conduite était appliquée aux femelles qui n’étaient pas gardées pour la reproduction. Les laitonnes étaient elles aussi relâchées au printemps pour être vendues « fleuries » au début de l’été. Quant aux vaches de réforme, elles étaient hivernées pour être vendues maigres mi-février début mars. « Il ne manquait pas grand-chose pour les finir », confie Jérémy qui avoue que l’envie d’engraisser commençait à gagner le Gaec. D’autant qu’avec Christophe Vidal, son commercial de Feder, ils s’interrogeaient sur le débouché pour ces vaches maigres.
Engraissement à l’herbe
Depuis 2022, le Gaec garde une dizaine de femelles pour les vendre grasses à trois ans. Les génisses passent l’hiver en bâtiment ou au pré. Leur finition se fait sur des parcelles fauchées précocement avec une complémentation d’environ trois mois à partir de septembre. L’automne dernier, l’abondance de l’herbe a dispensé de cette complémentation, signale Jérémy.
A la fin de l’hiver dernier, les associés se sont aussi lancés dans la finition de quelques vaches. Echographiées en automne, ces vaches vides reçoivent du foin et de l’enrubannage en hiver au pré. Au printemps, elles sont engraissées par petits lots de 4 ou 5 bêtes dans des parcelles choisies. En complément de l’herbe printanière, elles reçoivent 5 kg d’un aliment complet, détaille Jérémy.
Sur cette exploitation qui traditionnellement commercialisait tous ses animaux maigres, la finition des femelles « herbées est une opportunité qui permet de valoriser des terrains accidentés et très précoces », commente Christophe Vidal. L’avantage est aussi de ne nécessiter aucun investissement en bâtiment, pointe le commercial.
Une aide de 4.000 € pour un JA
En allongeant ainsi son cycle de production, le Gaec des Grillons a pu prétendre à l’aide à l’engraissement de la Région. La démarche impose une étude de faisabilité pour évaluer l’impact économique de l’engraissement sur la ferme. Réalisée par le conseiller de secteur de la Chambre d’agriculture, cette étude a mis en évidence un réel gain économique, confie Jérémy. Un suivi technico-économique des lots sera effectué par Isabelle Goujon de Feder : croissances, poids, efficacité économique, marge brute, ration, données abattoir....
En temps que jeune agriculteur, Jérémy Depoil bénéficie d’une aide de 4.000 € la première année – ce montant lui a été versé en décembre dernier pour un dossier déposé en novembre. L’aide sera de 3.600 la deuxième année et 3.200 la troisième. Des montants intéressants pour des jeunes, reconnaissent en coeur les interlocuteurs.
Eleveurs et techniciens apprécient la relative simplicité du dossier de demande d’aide. Il faut fournir un devis d’appui technique et justifier d’un contrat EGALIM.
La démarche implique un bilan carbone (CAP2ER), précise Mathieu Auboeuf, responsable du dossier engraissement à Feder.
« Même s’il n’y avait pas eu d’aide, je me serais lancé dans la finition de mes femelles », confie Jérémy dont l’exploitation a toujours engraissé une ou deux bêtes en filière label. Mais l’aide de la région est vécue comme un encouragement qui le conforte dans son choix.
Une bonne valorisation à la clé

La plupart des génisses et une partie des vaches engraissées par le Gaec des Grillons seront valorisées en filière label rouge, indique Christophe Vidal. Ces femelles bouchères qui auront été finies majoritairement « à l’herbe correspondent bien à l’attente du détaillant », fait valoir le commercial. En 2024, les génisses du Gaec ont donné des carcasses d’environ 420 kg, de conformation « U ». Les vaches pesaient quant à elles 440-450 kg de carcasse avec une même conformation « U ».