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Génétique charolaise

Le hasard n’a plus sa place

Le 20 mars dernier, dans le cadre de la quinzaine du Conseil, Bovins Croissance Saône-et-Loire sensibilisait les éleveurs à l’intérêt de bien choisir son reproducteur. Au moment où les charges s’emballent, les intervenants ont passé en revue les outils dont disposent les éleveurs pour faire le bon choix.
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A l’heure où les coûts de production atteignent des sommets, le progrès génétique paraît incontournable pour restaurer la rentabilité des exploitations. Car mieux vaut privilégier les animaux les plus simples à élever et qui ont la meilleure efficacité économique. Grâce à la génétique, des outils sont là pour repérer et sélectionner ce genre d’animaux.

Du simple au double


Sur le terrain, les techniciens de Bovins croissance constatent de gros écarts entre élevages. Vers 7 mois d’âge (poids âge type de 210 jours), le poids des veaux va du simple au double selon les exploitations (182 à 399 kg). Chez les génisses de deux ans, c’est un écart de poids de 230 kg qui est observé (432 à 663 kg). Contenu à seulement 2 % dans les meilleurs élevages, le taux de mortalité des veaux atteint 20 % dans certaines fermes ! Quant aux intervalles entre vêlages (IVV), si les meilleurs descendent en dessous de 365 jours, d’autres atteignent 430 jours ! Tous ces écarts traduisent des pertes économiques évidentes pour certaines exploitations. Ces écarts constatés ont amené Bovins croissance à étoffer son conseil en génétique : tri des génisses, planning d’accouplement, conseil de conduite (contention, reproduction avec Elva Novia, alimentation avec la chambre d’agriculture, sanitaire avec le GDS).

Aptitudes à l’allaitement et au vêlage


« La génétique, ça marche ! », martèlent les techniciens de Bovins croissance. Les index établis à partir des données collectées en ferme sont de véritables mesures du potentiel génétique d’un animal. Parmi ces valeurs, le technicien Arnaud Godard attire l’attention des éleveurs sur les aptitudes à l’allaitement et au vêlage. Ces deux critères, les plus importants à ses yeux, ont un effet direct sur le taux de survie des veaux ; l’intervalle entre vêlages et la croissance des animaux. A titre d’exemple, des études ont montré qu’un taureau bien « noté » sur son potentiel de croissance (taureau inscrit et qualifié) fait gagner +56 € par broutard ! Dans une production de jeunes bovins, un bon taureau peut faire gagner jusqu’à 70 jours d’engraissement ! Enfin, un reproducteur judicieusement choisi ferait gagner +66 € par vache finie. « La génétique est un bon levier d’action pour améliorer les marges brutes », estimait Arnaud Godard. « Augmentation du nombre de veaux sevrés, diminution des frais vétérinaires avec des vêlages qui se passent mieux, diminution des charges alimentaires avec des animaux qui profitent mieux, plus-value commerciale » : la génétique est un investissement à long terme, plus rentable que ne l’est un tracteur !

Traquez les références !


Comment trouver le bon reproducteur ? Déjà, il faut écarter la solution la pire qui consiste à ne choisir un animal que sur sa seule morphologie. Un broutard trié à l’œil en somme ! Pour avoir plus de chances d’effectuer un achat raisonné, il faut se tourner vers la base de sélection. Il s’agit des cinq cents élevages suivis par le contrôle de performances en Saône-et-Loire. Eux seuls sont en mesure de fournir une somme de références techniques fiables et écrites pour corroborer l’intuition de l’éleveur ou l’aspect visuel de l’animal. Bilan génétique du troupeau, fiches carrière des vaches, index de précocité (ISevr)… sont autant de données disponibles susceptibles d’étayer le choix de l’éleveur. A défaut de se rendre en ferme, les concours peuvent être un bon moyen de rentrer en contact avec des élevages de la base de sélection. En Saône-et-Loire, plus de deux cents éleveurs sélectionneurs participent à l’un des rendez-vous de la saison et ce sont 1.100 animaux qui sont ainsi primés. Des reproducteurs qui ne se contentent pas d’être beaux ! « 95 % d’entre eux ont au moins un parent qualifié et 75 % ont les deux », indiquait Arnaud Godard. Comme quoi, il est possible de dégoter de bons veaux sur concours.

A l’heure d’internet


Dans l’échelle de la quantité de références fournies, les stations d’évaluation représentent un niveau supérieur. Grâce à une sélection rigoureuse à l’entrée, on est sûr que les sujets ont de bons parents. Le protocole d’évaluation permet ensuite de voir ce que vaut vraiment l’animal dans des conditions standardisées. Les stations d’évaluation représentent un bon intermédiaire entre l’achat en ferme et le recours aux semences de taureaux testés. Ces derniers représentent le niveau ultime dans le degré de références techniques. Ici, on a pris le temps de tester littéralement l’animal en attendant de voir ce que donne sa descendance. Diffusés par les coopératives d’insémination par insémination artificielle, ces taureaux font l’objet d’un agrément.

Un site internet www.reproducteursbourgogne.fr permet désormais de recenser tous les reproducteurs disponibles en Bourgogne. Connectées à l’EDE, ces données sont systématiquement mises à jour. Le site offre la possibilité d’effecteur un tri personnalisé en fonction de ses besoins.


Qualification

Une hiérarchisation de la qualité des inscrits


« Le système de qualification correspond à une hiérarchisation en qualité des animaux inscrits », est venu expliquer Stéphane Billoux, inspecteur au Herd-book charolais. En femelles, 35 % des inscrites sont qualifiées et 10% seulement obtiennent la qualification suprême “RR4S”. Pour être qualifiées, les femelles charolaises doivent répondre à des seuils minimum de valeur génétique. Pour obtenir la qualification “RR4S”, une vache doit disposer d’un index maternel (IVMat) supérieur à 108 et être irréprochable sur le plan morphologique. Du côté des mâles, la qualification des taureaux d’insémination repose sur trois niveaux : « aptitude bouchère, qualités maternelles et reproducteur recommandé élite ». Des qualifications qui sont obtenues après avoir passé avec succès les différentes étapes du testage sur descendances. En monte naturelle, pour être qualifiable, le taureau doit avoir produit au moins 25 veaux et répondre à un certain nombre d’exigences techniques : ISevr supérieur à 104, morphologie, aplombs, poids à la naissance, croissance, pointage. Les qualifications obtenues en monte naturelle sont : « reproducteur jeune, reproducteur jeune conseillé, reproducteur jeune recommandé pour les sujets issus de station et reproducteur veaux sevrés ».




Quinzaine du conseil

Génétique, développement de la production et valorisation de l’herbe


Dans le cadre de la quinzaine du conseil, Bovins croissance proposait trois rendez-vous techniques en Saône-et-Loire. Outre la génétique traitée à Charolles, il fut également question, à Cuzy, des solutions pour développer la production bovine des exploitations. Dans un contexte de pénurie de viande au niveau mondial, les éleveurs de Saône-et-Loire ont des cartes à jouer. Le retour de la demande incite à une véritable relance bovine. Augmenter le nombre de vêlages, alourdir le maigre, développer le gras, introduire du vêlage dès deux ans… Les analyses économiques tendent à démontrer que quelle que soit l’option choisie, produire plus est payant à tous les coups. Le troisième rendez-vous proposé par Bovins croissance était consacré à la valorisation de l’herbe à Neuvy-Grandchamp. L’optimisation du système fourrager et la conduite en pâturage tournant ont notamment été présentés dans l’optique d’une réduction des charges. 


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