« Le label a besoin de changements ! »
Engraissement et cultures
Si le prix de vente des céréales peut faire douter de l’engraissement aujourd’hui, la situation était toute autre entre 1992 et 2000, « époque où les blés ne valaient plus rien », se souvient l’agriculteur. De toute façon, en dépit des modes qui fluctuent au gré des caprices des cours de la viande, des céréales ou du maigre, le Gaec ne change pas de cap : l’engraissement et les cultures demeurent les activités prépondérantes de l’exploitation. Un système qui suppose de nombreux investissements, qu’ils soient fonciers, en bâtiments ou en matériels. Au fil des années, le Gaec des Bourreliers s’est constitué une structure d’entreprise importante, permettant d’optimiser les coûts. Depuis six ans, la surface totale de l’exploitation couvre 580 hectares répartis sur trois sites. L’atelier élevage compte au moins 300 vêlages. Lorsque Rémy s’est installé en 1990 auprès de sa mère et de son frère, l’exploitation familiale couvrait alors moins de 200 ha. La structure s’est notamment agrandie en 1997 lorsqu’un petit cousin de Rémy a rejoint au Gaec. En 2004, pour raison de santé, le frère de Rémy cédait, quant à lui, sa place à son propre fils, tandis qu’en 2006, une belle sœur intégrait à son tour le Gaec. Ces évolutions humaines se sont accompagnées d’agrandissements successifs. La surface de l’exploitation a ainsi triplé en moins de deux décennies.
Une exploitation moderne
Avec des associés d'une moyenne d’âge d’environ 35 ans, une structure de dimension conséquente et un système de productions bien calé, le Gaec des Bourreliers est une exploitation finement gérée. Malgré la dispersion sur trois sites, le parc bâtiments est entièrement de type stabulations sur litière accumulée. Les vêlages (du 25 octobre au 1er février) se font tous au même endroit dans une stabulation « maternité » moderne, équipée de caméras. Amortis sur près de 600 ha, le matériel est performant et renouvelé régulièrement pour plus de sécurité. Quant à la conduite d’élevage - engraissement oblige - les associés sont très attentifs aux performances technico-économiques de l’atelier bovins. Autonomie alimentaire, rations, productivité sont rigoureusement calées. Côté génétique, un tiers des vaches mères sont inscrites au Herd-book charolais. Autre constante au Gaec des Bourreliers, toute la production est commercialisée « en confiance » par le biais d’une coopérative, en l’occurrence Global pour les bovins.
Engagement collectif
Comme le suggère le descriptif de son exploitation, Rémy Marmorat est un homme rigoureux, dynamique, entreprenant et doté de solides convictions. Au-delà de ses qualités à gérer son exploitation, le jeune agriculteur a toujours été très attaché à l’engagement collectif, que ce soit dans le syndicalisme - il préside ainsi aux destinées de l'USC - ou dans sa coopérative. C’est cette sensibilité qui, de fil en aiguille, lui a valu d’être sollicité pour prendre des responsabilités dans la filière. « C’est en 2008 que le président de Global Yves Largy m’a demandé de devenir administrateur de Gecsel. L’année d’après, je suis devenu également administrateur de la nouvelle union Global. Cela m’a tout de suite beaucoup intéressé. Par la suite, Christian Bajard qui prenait des responsabilités dans le syndicalisme, en l'occurence à la présidence de la section bovine de la FDSEA, m’a demandé de le remplacer à l’ACLR. Et puis un jour, Yves Largy m’a parlé de la présidence… », raconte Rémy.
« La présidence du label rouge, ce n’est pas une paille ! », confie l’agriculteur. Il faut dire que la mission consiste à succéder à un président, Henri Baladier, qui a régné douze années à la tête de Charolais label rouge. En prime, le changement de président coïncide avec le départ du commercial de l’ACLR et le congé maternité de sa directrice...
Changement d’ère
« Changement » sera donc le maître mot de cette nouvelle ère pour l’association. Pour le nouveau président Rémy Marmorat, la structure en a besoin. A commencer par la communication. « Il va falloir lever cette ambiguïté qui règne dans la tête du consommateur autour des signes de qualité. Tout cela parait très complexe aux yeux du grand public. La pression doit être mise sur les animations en magasin, dans la grande distribution en particulier », estime le président. Pour ce faire, le Charolais Label Rouge ne manque pas d’arguments. En témoignent les derniers résultats d’analyses sensorielles – lesquelles ont lieu deux fois par an – et qui placent la viande label en tête des préférences d’un panel de consommateurs.
Aux éleveurs de s’impliquer davantage !
L’autre grand défi que voudrait relever Rémy Marmorat, c’est d'instaurer une plus grande implication des éleveurs. Le nouveau président déplore « le manque d’organisation de la profession » quant à l’approvisionnement en bêtes label. « En début d’année, nous avons eu une pénurie de génisses. Il nous manque de la part des éleveurs de véritables plannings de production. C’est un vrai handicap pour notre filière, vis-à-vis de nos clients. Il faudrait pouvoir contractualiser. Il faut absolument que nous y travaillons », estime Rémy Marmorat.
Outre ce manque de fiabilité dans l’approvisionnement, le nouveau président regrette le manque d’intérêt que les éleveurs manifestent vis-à-vis de leur filière label. Et le nouveau président de l'ACLR de conclure : « On nous reproche de ne pas assez valoriser les bêtes label ou encore que les coopératives ne font pas assez pour valoriser la viande. Mais la filière label, ce sont bien les coopératives qui l’ont créée. La filière, c’est aux éleveurs de la construire. Nous ne devons pas laisser d’autres choisir à notre place ».
Association charolais Label rouge
10.000 bovins et 8.000 agneaux
Gérées par l’ACLR, les filières "Charolais Label rouge" et "Tendre Charolais" représentent environ 10.000 bovins et quelques 8.000 agneaux par an. L’ACLR emploie quatre personnes, basées à la Maison du charolais à Charolles. Ses principales missions sont le suivi des éleveurs producteurs d’animaux label, l’agrément des élevages, le suivi des plans de contrôle et la tenue du cahier des charges. L’ACLR recrute également les points de vente et assure la promotion et les animations en magasins. Le label assure une plus-value d'environ 15 centimes d’€ par kilo de carcasse, toutes catégories d’animaux confondues. Plus de 4.300 éleveurs sont qualifiés en filière bovine et ovine. 2.300 éleveurs livrent effectivement des animaux label issus de tout le bassin d’élevage charollais.