Accès au contenu
Rémy Marmorat

« Le label a besoin de changements ! »

Rémy Marmorat est le nouveau président de l’ACLR (Association charolais Label rouge). Il est l’un des quatre jeunes associés du Gaec des Bourreliers. Une structure atypique qui depuis toujours croit à l’engraissement et aux filières organisées. Des convictions que le nouveau président de l’ACLR ne manquera pas de faire partager au sein de son équipe.
124747--RMarmorat.JPG
Au printemps dernier, Rémy Marmorat a succédé à Henri Baladier à la présidence de l’Association charolais Label rouge (ACLR). Âgé de 43 ans, il est éleveur-engraisseur à Torcy et fait partie d’un Gaec de quatre jeunes associés, produisant céréales, bovins gras et reproducteurs. Une exploitation relativement atypique dans le secteur puisque, au-delà de son caractère sociétaire, elle pratique la finition de tous ses animaux et consacre une large place à la production de céréales. « Aussi loin que je me souvienne, nous avons toujours engraissé des bovins sur l’exploitation », confie Rémy. Outre les réformes, les "babynettes" de 18 mois, les génisses label de 30 à 36 mois et les mâles vendus en taurillons de 16 à 18 mois, le Gaec achète également chaque année environ une cinquantaine de femelles à engraisser. C’est cette prédilection pour l’engraissement qui explique la présence importante de cultures sur l’exploitation. « Les deux sont liés », estime Rémy. Maïs, blé, seigle, orge, triticale : les céréales couvrent aujourd’hui 210 hectares, de quoi largement couvrir les besoins alimentaires du troupeau et compléter le revenu de la viande. Sur les terres pour partie hydromorphes de l’exploitation, le drainage constitue « l’un des investissements les plus rentables de la structure », assure Rémy. Une technique qui a fait passer « du simple au double » les rendements.

Engraissement et cultures


Si le prix de vente des céréales peut faire douter de l’engraissement aujourd’hui, la situation était toute autre entre 1992 et 2000, « époque où les blés ne valaient plus rien », se souvient l’agriculteur. De toute façon, en dépit des modes qui fluctuent au gré des caprices des cours de la viande, des céréales ou du maigre, le Gaec ne change pas de cap : l’engraissement et les cultures demeurent les activités prépondérantes de l’exploitation. Un système qui suppose de nombreux investissements, qu’ils soient fonciers, en bâtiments ou en matériels. Au fil des années, le Gaec des Bourreliers s’est constitué une structure d’entreprise importante, permettant d’optimiser les coûts. Depuis six ans, la surface totale de l’exploitation couvre 580 hectares répartis sur trois sites. L’atelier élevage compte au moins 300 vêlages. Lorsque Rémy s’est installé en 1990 auprès de sa mère et de son frère, l’exploitation familiale couvrait alors moins de 200 ha. La structure s’est notamment agrandie en 1997 lorsqu’un petit cousin de Rémy a rejoint au Gaec. En 2004, pour raison de santé, le frère de Rémy cédait, quant à lui, sa place à son propre fils, tandis qu’en 2006, une belle sœur intégrait à son tour le Gaec. Ces évolutions humaines se sont accompagnées d’agrandissements successifs. La surface de l’exploitation a ainsi triplé en moins de deux décennies.

Une exploitation moderne


Avec des associés d'une moyenne d’âge d’environ 35 ans, une structure de dimension conséquente et un système de productions bien calé, le Gaec des Bourreliers est une exploitation finement gérée. Malgré la dispersion sur trois sites, le parc bâtiments est entièrement de type stabulations sur litière accumulée. Les vêlages (du 25 octobre au 1er février) se font tous au même endroit dans une stabulation « maternité » moderne, équipée de caméras. Amortis sur près de 600 ha, le matériel est performant et renouvelé régulièrement pour plus de sécurité. Quant à la conduite d’élevage - engraissement oblige - les associés sont très attentifs aux performances technico-économiques de l’atelier bovins. Autonomie alimentaire, rations, productivité sont rigoureusement calées. Côté génétique, un tiers des vaches mères sont inscrites au Herd-book charolais. Autre constante au Gaec des Bourreliers, toute la production est commercialisée « en confiance » par le biais d’une coopérative, en l’occurrence Global pour les bovins.

Engagement collectif


Comme le suggère le descriptif de son exploitation, Rémy Marmorat est un homme rigoureux, dynamique, entreprenant et doté de solides convictions. Au-delà de ses qualités à gérer son exploitation, le jeune agriculteur a toujours été très attaché à l’engagement collectif, que ce soit dans le syndicalisme - il préside ainsi aux destinées de l'USC - ou dans sa coopérative. C’est cette sensibilité qui, de fil en aiguille, lui a valu d’être sollicité pour prendre des responsabilités dans la filière. « C’est en 2008 que le président de Global Yves Largy m’a demandé de devenir administrateur de Gecsel. L’année d’après, je suis devenu également administrateur de la nouvelle union Global. Cela m’a tout de suite beaucoup intéressé. Par la suite, Christian Bajard qui prenait des responsabilités dans le syndicalisme, en l'occurence à la présidence de la section bovine de la FDSEA, m’a demandé de le remplacer à l’ACLR. Et puis un jour, Yves Largy m’a parlé de la présidence… », raconte Rémy.
« La présidence du label rouge, ce n’est pas une paille ! », confie l’agriculteur. Il faut dire que la mission consiste à succéder à un président, Henri Baladier, qui a régné douze années à la tête de Charolais label rouge. En prime, le changement de président coïncide avec le départ du commercial de l’ACLR et le congé maternité de sa directrice...

Changement d’ère


« Changement » sera donc le maître mot de cette nouvelle ère pour l’association. Pour le nouveau président Rémy Marmorat, la structure en a besoin. A commencer par la communication. « Il va falloir lever cette ambiguïté qui règne dans la tête du consommateur autour des signes de qualité. Tout cela parait très complexe aux yeux du grand public. La pression doit être mise sur les animations en magasin, dans la grande distribution en particulier », estime le président. Pour ce faire, le Charolais Label Rouge ne manque pas d’arguments. En témoignent les derniers résultats d’analyses sensorielles – lesquelles ont lieu deux fois par an – et qui placent la viande label en tête des préférences d’un panel de consommateurs.

Aux éleveurs de s’impliquer davantage !


L’autre grand défi que voudrait relever Rémy Marmorat, c’est d'instaurer une plus grande implication des éleveurs. Le nouveau président déplore « le manque d’organisation de la profession » quant à l’approvisionnement en bêtes label. « En début d’année, nous avons eu une pénurie de génisses. Il nous manque de la part des éleveurs de véritables plannings de production. C’est un vrai handicap pour notre filière, vis-à-vis de nos clients. Il faudrait pouvoir contractualiser. Il faut absolument que nous y travaillons », estime Rémy Marmorat.
Outre ce manque de fiabilité dans l’approvisionnement, le nouveau président regrette le manque d’intérêt que les éleveurs manifestent vis-à-vis de leur filière label. Et le nouveau président de l'ACLR de conclure : « On nous reproche de ne pas assez valoriser les bêtes label ou encore que les coopératives ne font pas assez pour valoriser la viande. Mais la filière label, ce sont bien les coopératives qui l’ont créée. La filière, c’est aux éleveurs de la construire. Nous ne devons pas laisser d’autres choisir à notre place ».


Association charolais Label rouge

10.000 bovins et 8.000 agneaux


Gérées par l’ACLR, les filières "Charolais Label rouge" et "Tendre Charolais" représentent environ 10.000 bovins et quelques 8.000 agneaux par an. L’ACLR emploie quatre personnes, basées à la Maison du charolais à Charolles. Ses principales missions sont le suivi des éleveurs producteurs d’animaux label, l’agrément des élevages, le suivi des plans de contrôle et la tenue du cahier des charges. L’ACLR recrute également les points de vente et assure la promotion et les animations en magasins. Le label assure une plus-value d'environ 15 centimes d’€ par kilo de carcasse, toutes catégories d’animaux confondues. Plus de 4.300 éleveurs sont qualifiés en filière bovine et ovine. 2.300 éleveurs livrent effectivement des animaux label issus de tout le bassin d’élevage charollais.