Le Marché de gros de Rungis, place forte du commerce agricole et alimentaire, fête ses 50 ans
Le rayonnement commercial du plus grand marché de produits frais du monde suscite l’intérêt croissant des entreprises du monde agricole qui y ont beaucoup investi ces dernières années.

Le marché de Rungis s’apprête à célébrer l’anniversaire du « déménagement du siècle », celui du transfert des activités des halles de Paris vers une zone de 220 hectares située à 7 kilomètres au sud de Paris, le 3 mars 1969. En 50 ans, le marché d’intérêt national, toujours cogéré par l’Etat, les collectivités locales et des actionnaires privés dont les grossistes, s’est hissé au rang de « plus grand marché de produits frais du monde ». Aujourd’hui, les 1.200 entreprises du marché voient transiter 2,9 millions de tonnes de produits alimentaires, dont une grande majorité de produits frais : 1,2 Mt de fruits et légumes, 270.000 tonnes de viandes et produits carnés, 94.000 tonnes de produits de la mer et d’eau douce ou encore 68.000 tonnes de produits laitiers et avicoles, le tout pour un chiffre d’affaires de 9,4 milliards d’€ en 2018.
L’impact de l’activité du marché sur l’agriculture française et son industrie de transformation est loin d’être négligeable. Selon une étude d’impact économique réalisée en 2014 par un cabinet spécialisé, Utopies, 4 % des emplois du secteur de l’agriculture et de la pêche et 1,25 % des emplois de l’industrie agro-alimentaire en France étaient directement dépendants de l’activité du MIN Rungis. Le débouché offert à la production agricole française permettrait de conforter environ 26.000 emplois chez les producteurs dont les marchandises transitent par le marché de Rungis et 7.700 emplois indirects dans l’agroalimentaire, estimait l’étude.
Des agriculteurs bien représentés
Le rayonnement commercial du marché a naturellement convaincu des entreprises agricoles, en particulier coopératives, de venir investir sur le marché. Depuis une quinzaine d’années, d’importants acteurs se sont implantés ou ont repris des fonds de commerce de grossistes existants. La coopérative de l’ouest de la France, Agrial, contrôle ainsi Avigros, la première entreprise du pavillon de la volaille, tandis que son homologue occitane Arterris possède plusieurs entreprises de transformation et de commerce de viande et produits tripiers présentes sur le marché. Le nouveau pavillon dédié au porc de Rungis, dont l’activité doit démarrer fin mars, abritera des filiales de la Cooperl mais aussi d’Abera (groupe Avril). Au fil des années, l’influence du monde agricole est ainsi croissante dans tous les secteurs du marché : viandes, fruits et légumes ou produits laitiers.
La contribution du marché de Rungis à l’agriculture francilienne et des départements limitrophes à cette région est particulièrement élevée. Le marché de gros abrite notamment plusieurs espaces de vente où des exploitations agricoles viennent vendre directement leurs marchandises. Depuis 2004, un « carreau des producteurs » de fruits et légumes héberge environ 80 maraîchers et arboriculteurs d’Ile-de-France qui viennent y commercialiser quotidiennement fruits, légumes, jeunes pousses et herbes aromatiques souvent cueillies le matin même. Selon la Semmaris, la société gestionnaire du marché, environ 24 % des prunes et 28 % des endives produites en Ile-de-France seraient notamment vendues sur le carreau des producteurs de Rungis. Le pavillon des fleurs du marché abrite également une vingtaine de producteurs de plantes en pots et des producteurs de fleurs coupées venus des environs de la capitale.