Le marché iranien peut-il constituer une opportunité commerciale pour l'élevage français ?
L’Institut de l’élevage a mené plusieurs missions pour déterminer le potentiel que pourrait représenter le marché iranien pour l’agriculture française. Malgré la suspension des sanctions économiques, les échanges restent difficiles à mettre en œuvre…

Après deux missions en Iran, l’Institut de l’élevage (Idele) a rendu compte des opportunités et des défis que représente le marché iranien pour l’agriculture française. Jean-Marc Chaumet, agroéconomiste, a tout d’abord commencé par rappeler quelques éléments de contexte.
La population du pays, essentiellement jeune et urbaine, s’élève à environ 80 millions d’habitants.
Pour le pays, très aride et régulièrement sous le coût de sanctions économiques, l’autosuffisance alimentaire est un enjeu social, politique et géopolitique majeur. Environ 80 % des 164 millions d’hectares du pays ont une mauvaise ou très mauvaise aptitude à l’utilisation agricole, voire sont totalement inexploitables. Seul 10 % du territoire est cultivé, ce qui représente environ 16 millions d’hectares.
La production est essentiellement centrée sur les céréales. Le cheptel iranien compterait environ 8 millions de bovins, 48 millions d’ovins et 19 millions de caprins. Mais il reste difficile à évaluer avec précision : « les chiffres sont établis à partir des doses de vaccins distribués », précise Philippe Chotteau.
Quant à la consommation de viande, elle repose essentiellement sur la volaille.
Des opportunités réelles
La mission de l’Idele a identifié différents besoins, mais la demande iranienne semble davantage concerner la génétique, les technologies et la formation pour produire, que les matières premières.
« Ils disposent d’une main-d’œuvre très qualifiée, ils ont beaucoup d’ingénieurs et d’ouvriers agricoles qualifiés, mais ils manquent de cadres intermédiaires », détaille Philippe Chotteau.
L’offre française d’élevage présente toutefois certains avantages qualitatifs qui peuvent intéresser la demande iranienne, en viande maigre notamment. L’Iran cherche à importer des bovins pour l’engraissement. Ainsi, en octobre 2017, ce sont 300 broutards normands qui se sont envolés par avion vers Téhéran. 10.000 bêtes pourraient suivre, si l’expérience s’avérait satisfaisante. Si la performance des bovins français à l’engraissement peut représenter un atout, la question de la logistique est cependant le point faible de l’hexagone : le transport aérien représentant un coût de 1,9 €/kg.
L’Iran reste de plus une zone politiquement instable, de par ses frontières directes avec l’Irak et l’Afghanistan notamment, mais aussi en raison du risque de sanctions économiques de la part des Etats-Unis et de l’Union européenne.
Etablir une relation commerciale est toujours loin d’être aisé. « Par exemple, pour commercer avec l’Iran, on doit pouvoir prouver qu’on ne travaillera pas avec les organisations comme “les Gardiens de la Révolution” lesquels font toujours l’objet de sanctions de la part des Etats-Unis », cite Jean-Marc Chaumet.
Bref, si le marché a montré des signes d’ouverture, ce n’est pas encore lui qui, demain, constituera un débouché majeur pour les produits agricoles français. Et cela alors même que l’Iran est contraint à importer pour nourrir sa population…