Le ministre détaille les leviers d’action pour la Bioéconomie
Après la stratégie bioéconomie dévoilée il y a un an par son prédécesseur, le ministre de l’agriculture Stéphane Travert a présenté les grands axes du plan d’action déclinant cette stratégie et les leviers pour son développement, le 26 février à l’occasion du salon de l’agriculture.

La bioéconomie, qui permet de valoriser les ressources de la biomasse dans différents domaines, comme le bâtiment ou le textile, a fait l’objet d’une stratégie nationale mise en place en 2017 par le précédent gouvernement. A l’occasion d’une table-ronde organisée sur le sujet le 26 février par le ministère de l’agriculture, Stéphane Travert a détaillé les axes d’un plan d’action pour valoriser les atouts stratégiques de la France en ce domaine et « déployer de manière opérationnelle la bioéconomie dans les territoires ». Le premier axe concerne l’amélioration de la connaissance, notamment au niveau des ressources mobilisables pour la bioéconomie en France, mais aussi sur les possibilités offertes en ce domaine, ce qui passe par exemple par la formation initiale ou continue.
Cette connaissance doit également être améliorée vis-à-vis du grand public, un deuxième axe d’action qui pourrait se traduire par la création d’un label identifié, et par les Trophées de la Bioéconomie pour distinguer les projets innovants, dès le prochain salon de l’agriculture, envisage le ministre. Stéphane Travert a également évoqué la possibilité de mettre en valeur la bioéconomie dans les projets de construction temporaires, à l’image des bâtiments qui seront construits pour le village olympique. Le troisième axe vise ensuite à favoriser les échanges entre l’amont et l’aval, et le quatrième à produire, mobiliser et transformer durablement les bioressources.
Lever les blocages
Ces actions ne pourront néanmoins s’affranchir d’une levée des freins existant aujourd’hui, objet du cinquième axe d’action. Car en dépit d’une bonne volonté affichée pour développer par exemple la méthanisation, les projets français peuvent mettre jusqu’à sept ans pour se mettre en place, contre 12 à 18 mois en Allemagne. « Dans mon département, un projet sur deux subit un recours », témoigne Bertrand Guérin, vice-président de l’Association des agriculteurs-méthaniseurs de France. Pour Stéphane Travert, la commande publique doit être un levier d’action pour encourager la bioéconomie, économiquement mais aussi en matière de communication vis-à-vis du grand public. Par ailleurs, le levier financier est à activer : « dans une situation économique très compliquée, ces outils coûtent beaucoup d’argent à l’agriculteur », explique Bertrand Guérin, dont le méthaniseur a coûté 2 millions d’euros, quand son plus gros investissement jusque-là était l’étable, qui avait coûté 300 000 euros. L’Ademe a publié deux appels à projets, indique le ministre en les citant, l’un sur les matériaux et la chimie biosourcés, l’autre sur la mobilisation de la biomasse et la production de nouvelles ressources. Enfin, un fonds de prêt sans garantie de 100 millions d’euros a été alloué aux projets de méthanisation dans le cadre du grand plan d’investissement, rappelle Stéphane Travert. Ce dernier incite désormais les professionnels à se saisir des outils du plan d’action, sans oublier que « c’est aussi localement, sur les territoires, que la bioéconomie se développera ».