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Le modèle français de l'élevage est une réponse aux objectifs de développement de la FAO

Classé comme intensif par la FAO, le modèle d’élevage herbivore français possède pourtant un grand nombre d’atouts en matière de durabilité. Les filières françaises ont entamé un travail important pour les faire reconnaitre, y compris dans leur capacité à répondre à un certain nombre d’objectifs de développement durable.

Par Publié par Cédric Michelin
Le modèle français de l'élevage est une réponse aux objectifs de développement de la FAO

« Les élevages français ont du mal à se décrire au niveau international », a souligné Emmanuel Coste, président de la section ovine d’Interbev, lors d’une conférence organisée le 26 février par la Confédération nationale de l’élevage (CNE) sur les atouts du modèle d’élevage herbivore français. L’organisation de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) le classe en effet parmi les systèmes intensifs, caractérisés par de grandes exploitations, avec une main d’œuvre peu familiale, des productions animales hors sol, tournées vers les marchés internationaux. Or, l’élevage français reste un élevage ancré dans ses territoires, productif, à gouvernance familiale, à taille humaine et il est source de valorisation du sol et donc de l’herbe et des ressources locales, ajoute Emmanuel Coste. Sans compter l’entretien des paysages et de la biodiversité et l’emploi de main d’œuvre sur les territoires qui, sans les éleveurs, n’auraient parfois aucune autre activité économique à valoriser. La valorisation de ces atouts est donc un enjeu, au niveau international, dans un contexte de développement des accords de libre-échange, mais aussi au niveau national, à une période où l’élevage français ne va pas très bien.

Le besoin de politiques de soutien

Par conséquent, l’élevage herbivore français a un rôle à jouer dans la réponse aux 17 objectifs de développement durable (ODD) définis par la FAO et l’ONU : par exemple, les animaux d’élevage valorisent l’herbe et les coproduits non consommables par l’homme (lutte contre la faim), 90 % de l’alimentation des herbivores est produite sur la ferme (réponse à l’objectif de production et de consommation responsable), ou l’engagement de plus de 6000 fermes dans des démarches bas carbone, répondant à la nécessité de lutter contre le changement climatique. Des qualités que les politiques publiques devraient davantage prendre en compte pour aider ce modèle vertueux à se renforcer et à se pérenniser, soulignent les acteurs de la filière. « On fait aussi les choses d’en-bas », témoigne Marie-Thérèse Bonneau, productrice de lait et vice-présidente de la FNPL. « Mais si les producteurs sont conscients des grands enjeux environnementaux, leur engagement doit aussi leur permettre de vivre de leur métier. Il faut un revenu pour l’agriculteur, sinon tout ce qu’on fait en matière de durabilité ne tiendra pas », rappelle-t-elle, devant un représentant du ministère de l’agriculture et un représentant de la Commission européenne. Ce dernier, Aymeric Berling, a de son côté affirmé que la future PAC devra mettre en cohérence ces objectifs et se baser plus qu’avant sur les résultats. « La pérennité économique des exploitations fera partie des objectifs à atteindre », ajoute-t-il. Pour les éleveurs, l’enjeu est aussi celui de la communication. « En élevage ovin, le social et l’environnemental est le quotidien de la production, mais on ne sait pas l’exprimer », regrette Michèle Boudoin, présidente de la Fédération nationale ovine, rappelant par exemple que 85 % des brebis sont élevées sur des territoires défavorisés. Du côté de la filière caprine, l’accent est mis depuis cinq ans sur les protéines et la valorisation de l’herbe, après la dernière crise qui a montré les limites d’un élevage trop dépendant à un approvisionnement extérieur, explique Franck Moreau, qui représente la filière. Pour Bruno Dufayet, président de la FNB, « il est vital pour nos filières d’entrer dans ces schémas là car demain, les politiques d’accompagnement vont s’écrire autour de ces objectifs. Soit on subit les attentes de la société, soit on en devient acteur et il faut être capable de montrer ce que l’on fait déjà de bien et quels sont les progrès que l’on peut co-construire », conclut-il.