Accès au contenu
Programme européen d’aide alimentaire

Le monde agricole pourrait prendre le relai

Alors que l’Union européenne a choisi de diminuer de 30% l’aide
alimentaire aux plus démunis, la FNSEA propose la mise en place d’une « interface » destinée à recevoir les dons des agriculteurs afin de les reverser à des associations caritatives. « J’ai du mal à comprendre que l’on puisse ergoter pour quelques centaines de millions d’euros pour l’aide alimentaire ». À la suite de la baisse annoncée du soutien européen à l’aide des plus démunis, le président de la FNSEA, « scandalisé
» par la décision, a révélé le 11 février un projet en cours en vue de
pallier ce manque à gagner pour les œuvres caritatives françaises.
Par Publié par Cédric Michelin
126227--resto-du-coeur.jpg
Cette initiative de la centrale agricole vise la mise en place d’une structure, de type fondation, destinée à recevoir les dons, notamment en nature, que souhaiteraient faire les agriculteurs, vers les restaurants du cœur, les Banques alimentaires, la croix rouge, le Secours populaire. Le sujet n’est pas nouveau : depuis deux ans, le syndicat réfléchit à ce dispositif fédérateur entre le monde agricole et sans doute l’aval de la filière : « on pense surtout aux coopératives et aux industries agroalimentaires », souligne Xavier Beulin. Tous les produits seraient concernés. « Prenons un exemple : si un producteur veut donner deux tonnes de blé ou deux tonnes de maïs, il ne le peut pas aujourd’hui. Il faut que l’on puisse disposer d’une interface qui permette d’accueillir ce type de don, de le transformer en valeur monétaire et à partir de cette valeur monétaire, de pouvoir bénéficier d’achats de repas ». Selon le président de la FNSEA, beaucoup d’agriculteurs souhaiteraient donner, et pas seulement leur surplus.
Du volume, mais aussi de la qualité nutritionnelle
À travers ce projet, le syndicat entend répondre aux besoins en matière de volumes disponibles mais également en matière de qualité nutritionnelle. « Ce n’est pas parce que l’on est démuni que l’on n’a pas le droit à un équilibre alimentaire dans les repas qui sont servis. L’idée c’est aussi de travailler sur cette question de repas plus équilibrés », a souligné Xavier Beulin. Un autre objectif est de parvenir à limiter le gaspillage alimentaire. c’est aussi le souhait du ministre délégué à l’Agroalimentaire qui a lancé en janvier une campagne pour lutter contre ce fléau. « Ce qui suppose derrière que les circuits, aussi bien d’approvisionnement que de distribution, notamment pour tout ce qui est frais, se renforcent ». La collecte et la redistribution de ce type de produits doivent en effet se faire sur des laps de temps très courts, ce qui signifie une connaissance des volumes disponibles, de la qualité des produits, des dates de péremption... Soit, tout une logistique à mettre en place, en tout cas « un cadre mieux organisé qu’il ne l’est aujourd’hui », a commenté le président du syndicat.
Un traitement fiscal à préciser
À l’occasion du Salon international de l’agriculture qui se tiendra à la fin du mois, le président de la FNSEA devrait préciser le projet, mené en étroite collaboration avec son prédécesseur, Jean-Michel Lemétayer, et l’ancienne présidente des producteurs de Légumes de France, Angélique Delahaye, engagée désormais auprès de Guillaume Garot, au sein de son comité de pilotage contre le gaspillage alimentaire. De nombreux points restent à définir, notamment les garanties nécessaires sur le plan juridique, sur le plan hygiène, santé et sécurité des aliments, mais également sur le plan fiscal. Quel traitement en la matière demain ? : quand un agriculteur fait un don en nature aujourd’hui, il ne bénéficie pas en retour de reconnaissance fiscale. « Nous travaillons sur ce point avec les services de Bercy actuellement. Nous avons besoin d’obtenir des assurances », a indiqué Xavier Beulin avant de réaffirmer la nécessité du dispositif au regard non seulement de la diminution de l’aide européenne, de la demande croissante des organisations caritatives, mais aussi de l’absence de substitut à la suppression des stocks européens depuis les années 80.


Les associations caritatives « déçues et préoccupées »
« Les chefs d’Etat demandent aux pauvres
de sauter un repas sur deux »
, commentent
les Banques alimentaires, la Croix rouge,
les Restaurants du cœur et le Secours populaire
français, dans un communiqué daté du 8 février,
à la suite de la diminution de 30 % de l’aide
européenne alimentaire aux plus démunis.
Les associations se disent « déçues et préoccupées
par les conséquences de cette décision ». Selon
elles, à partir de 2014, près de la moitié des 130
millions de repas pourraient ne plus être distribués
en France. Elles craignent de se trouver « devant un
choix inhumain : donner moins, à qui et sur quels
critères ? ». Elles demandent dans ce sens aux
dirigeants français, à la Commission et au
Parlement européen de s’organiser pour aboutir à
« un programme cohérent avec l’objectif ambitieux
de l’Union Européenne : réduire de 25 % le nombre
de pauvres d’ici 2020 ».


La France compensera la baisse de l’aide aux démunis « à l’euro près »
«Cette baisse sera compensée à l’euro près en
France », a indiqué le 9 février le ministre délégué
à l’Agroalimentaire, à RtL, à la suite de l’annonce faite
par l’Union européenne sur la réduction de l’aide alimentaire.
« Je parle d’une compensation par l’Etat bien
évidemment, mais si des acteurs économiques sont
prêts à faire un geste de solidarité, bien évidemment
ils seront les bienvenus ». Guillaume Garot a affirmé
que la solidarité ne diminuerait pas en France. Pour le
moment, ni l’Elysée, ni Matignon, n’ont confirmé cette
information.