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Plein air

Le parc stabilisé d’hivernage à l’essai 

Depuis l’hiver dernier, la ferme expérimentale de Jalogny expérimente le pâturage hivernal pour des génisses de deux ans. Les prairies pâturées sont équipées de "parc stabilisés d’hivernage", enclos spécialement aménagés pour maintenir et affourager les animaux en plein air dans un lieu sain et fonctionnel.
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Dans le cadre d’une expérimentation sur le pâturage hivernal (1) conduite durant les deux derniers hivers, la Ferme expérimentale de Jalogny a testé le parc stabilisé d’hivernage (PSH). Les animaux ont passé l’hiver en plein air. Deux parcelles de trois hectares recevaient deux lots de douze génisses de deux ans. Chacune de ces parcelles était équipée d’un PSH. Il s’agit d’un enclos spécialement aménagé pour contenir, isoler ou alimenter les animaux durant l’hiver. A Jalogny, le PSH était utilisé pour la manipulation des animaux, l’affourragement et l’abreuvement. Il permettait aussi d’interrompre complètement le pâturage de la parcelle en "bloquant" les animaux sur cet espace aménagé.

A proximité d’abris naturels


Pour les besoins de l’expérimentation, le choix a été fait d’installer les PSH sur des parcelles dotées d’une bonne pousse d’automne. Les parcs ont été implantés à proximité d’abris naturels (arbres, haies) sur des terrains à relief accidenté et bien orientés (sur les hauteurs de Cluny). Dans le premier parc, les génisses disposaient en moyenne de 6,5 mètres carrés par animal ce qui correspond à la norme en bâtiments. Les bovins étaient un peu plus espacés dans le second parc (près de 10 m2 par génisse). Chaque PSH dispose d’un abreuvoir isotherme ; un autre étant installé dans chacune des deux parcelles. L’alimentation des animaux est de type "libre-service foin" et se fait à l’aide de deux râteliers "de prés" équipés de cornadis.

20 à 30 cm de cailloux au sol


Destiné à recevoir une litière paillée, le sol des PSH a été spécialement aménagé. La litière repose ainsi sur une couche de 20 à 30 cm de cailloux. Pour les besoins de l’expérimentation, un dispositif de récupération des effluents avec drainage, regard et fosse de stockage, a été adjoint. Objectif : mesurer le volume de ces effluents et en analyser le contenu.
Conçus dans le cadre d’un protocole expérimental, les PSH mis en place à Jalogny reviennent relativement cher : de l’ordre de 1.200 € par génisse, un tarif qui se rapproche de celui d’une stabulation sur litière accumulée… Mais le système de collecte des effluents (fosse, drainage, réseau, regard…) alourdit considérablement la facture. Sans collecte des effluents, le PSH serait revenu à seulement 530 € par génisse, calcule Jean-François Mazille, technicien Bâtiment à la chambre d’agriculture. Un coût qui rendrait alors le PSH accessible et intéressant « en complément du plein air ou de vieux bâtiments ».

Des animaux propres


Quant aux observations faites durant ce premier hiver, outre les bons retours du pâturage hivernal tant sur les animaux que sur la prairie, on note la propreté des animaux, favorisée il est vrai par un hiver sec. Autre point positif : le sol drainant sous la litière permet d’économiser de la paille et le fait d’être à l’extérieur confère une bonne ventilation à cette litière. Un bémol : au curage, des cailloux ont été chargés avec le fumier dans les épandeurs. L’usage montre aussi que l’idéal est de disposer des PSH à proximité du siège d’exploitation.

A lire également en page 19 de notre dossier "Herbe 2012", publié dans L’Exploitant Agricole de Saône-et-Loire du 27 avril dernier et sur Agri71.fr.

(1) L’expérimentation "pâturage hivernal" menée par la Ferme expérimentale de Jalogny s’inscrit dans le cadre d’un programme national (Casdar-Salinov) avec le soutien financier du ministère de l’Agriculture et de FranceAgrimer, impliquant la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire, le Pôle régional ovin de Charolles, l’Inra, l’Institut de l’élevage et d’autres sites expérimentaux.



Du côté de la règlementation…


Il n’existe pas de règlementation spécifique qui concerne le plein air, indique Jean-François Mazille. Toutefois, précise le technicien, un décret faisant suite à un article du Code rural datant de 1980 stipule que le plein air « est interdit lorsqu’il n’existe pas de dispositifs et d’installations destinés à éviter les souffrances qui pourraient résulter des variations climatiques ». D’autre part, une loi de 1976, relative à la protection de la nature, indique que « tout animal doit être placé par son propriétaire dans des conditions compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce ». Plus près de nous, dans une annexe à la directive européenne concernant la protection des animaux dans les élevages (1998), il est stipulé que « les animaux non gardés dans des bâtiments sont, dans la mesure où cela est nécessaire et possible, protégés contre les intempéries, les prédateurs et les risques pour leur santé ». Des recommandations qui, en se retrouvant telles quelles dans la conditionnalité de 2008, s’apparentent davantage à des obligations, fait remarquer Jean-François Mazille. Mais sous la réserve que cela « est nécessaire et possible »…
Rien ne semble donc interdire le plein air en l’état. Et ces lignes règlementaires sont à mettre en relation avec les besoins biologiques des bovins. En particulier, il ne faut pas perdre de vue que, contrairement à l’Homme, la température idéale pour le bovin oscille entre 5 et 25 °C. Car la panse de cet herbivore dégage énormément de chaleur, rappelle le technicien.

Pas d’écoulement dans la nature


Quant aux aspects environnementaux, la réglementation dit qu’aucun écoulement d’effluents n’est autorisé dans le milieu. Si à un moment donné, les notions de « seuil de 3 UGB/ha » et de « couvert végétal dégradé » étaient prises en compte dans le cadre du calcul de la redevance pollution, aujourd’hui, elles ne sont plus présentes dans aucune règlementation, précise Jean-François Mazille. 


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