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Énergies renouvelables

Le photovoltaïque, une opportunité de revenus

Les énergies renouvelables comme source potentielle de revenus pour les agriculteurs, voilà le point de départ de deux journées organisées par le Cdarc, le comité de développement agricole et rural du Chalonnais et par la chambre d’agriculture. Une première journée avait été programmée le 13 septembre dernier sur le site de l’usine de méthanisation de Ciel. Le 8 novembre, ont eu lieu les visites de deux installations de panneaux photovoltaïques. La première datant de 2008 et la seconde en fonctionnement depuis juin ont offert une bonne illustration des intérêts et des évolutions en termes de photovoltaïque.

Le photovoltaïque, une opportunité de revenus

Désormais, tout agriculteur qui a un projet de bâtiment se pose la question du photovoltaïque, « ensuite à voir si c’est réalisable et le niveau de rentabilité, mais au moins la question est posée », constate Thomas Gontier, conseiller expert en énergies renouvelables à la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire.
Ce vendredi 8 novembre, la visite de deux installations étaient proposées aux exploitants susceptibles d’être intéressés. Tout d’abord celle de Marc Schaaf à La Charmée puis celle de Pascal Cottenceau à Buxy.
Ces deux installations ont permis de se faire une idée globale sur le photovoltaïque car la première offrait un recul sur dix ans de production et la seconde représentait les installations actuelles.

Complément de retraite

L’installation des panneaux photovoltaïques sur le bâtiment de la famille Schaaf remonte à 2008, au moment du départ à la retraite du père de Marc Schaaf. « Il restait encore à ma mère quelques années d’activité sur l’exploitation, et ces panneaux étaient en prévision d’un complément de revenus pour leurs retraites », présente le jeune agriculteur lui-même installé depuis 2012.
Ainsi, 110 panneaux, soit 240 m², ont été installés plein sud sur un bâtiment existant de stockage de matériel. Cela a nécessité des travaux de renforcement de la structure et la toiture d’origine en fibrociment a été remplacée par des panneaux en tôle.
L’installation de 30 kWc a produit plus de 30.000 kWh en 2018, ce qui a généré, à près de 0,58 €/kWh, un revenu de plus de 17.000 € en revente de courant.
Sur un montant total du projet à 170.000 €, l’exploitation a obtenu une subvention par le Feader de 40 %, le reste est donc en autofinancement avec amortissement sur 20 ans.
À cette époque, six onduleurs ont été installés, « mais désormais les installations de ce type n’en nécessitent plus que deux », précise encore l’agriculteur. Le remplacement de ces onduleurs se prévoit tous les 10-15 ans, « sinon aucun entretien à faire, ce qui fait que depuis 10 ans, nous n’avons comme frais annuel que le coût de l’assurance ».

Aide au raccordement

Dans le montant total d’investissement, il y a d’un côté les panneaux, les onduleurs et le disjoncteur parafoudre et de l’autre, le prix du raccordement.
Si à l’époque de cette installation, le raccordement était entièrement à la charge du producteur, désormais il y a une prise en charge à hauteur de 40 % par Enedis. Mais « cette donnée vient souvent compromettre des projets, car le montant de ce raccordement peut vite être rédhibitoire si le transformateur est trop éloigné, intervient Thomas Gontier. Souvent, au-delà de 300 m, ce n’est financièrement plus intéressant ».

Création d’une SARL

Autre lieu et second projet, celui du Gaec de la ferme de Marnay, de la famille Cottenceau, à Buxy. Cette fois, les 600 m² de panneaux photovoltaïques, orientés sud-ouest, sont en service depuis juin dernier et ont trouvé place à l’occasion de la création d’un nouveau bâtiment de stockage de matériel.
« Nous avons créé la SARL Marnelec, à trois associés, ceux du Gaec, avec pour gérant mon fils Ludovic », précise Pascal Cottenceau.
La production annuelle de l’installation de 100 kWc est estimée à 110.000 kWh, le tout géré cette fois par seulement deux onduleurs. « Nous avons opté pour une extension de garantie des onduleurs sur 20 ans » à un peu plus de 4.000 €. Très certainement une bonne option compte tenu du coût de 10.000 € de ces deux onduleurs.
En tout, cette installation a coûté un peu plus de 90.000 €, raccordement compris. La prévision de vente de courant devrait rapporter annuellement plus de 13.000 € à la SARL Marnelec.
Ainsi, si le montant d’achat du kWh est passé de 0,58 € à l’époque de la famille Schaaf à environ 0,12 € actuellement, les coûts d’investissement qui ont baissé et l’aide au raccordement d’Enedis font qu’au final, l’investissement reste intéressant et mérite donc d’être étudié.

Autoconsommation ou revente ?

Mais se pose également la question de l’autoconsommation avec revente du surplus ou revente totale de la production. Pour Thomas Gontier, la décision est assez vite prise « l’autoconsommation est intéressante pour les exploitations avec des consommations électriques régulières toute l’année, comme des élevages laitiers avec robot de traite, atelier porcin hors sol, atelier de transformation, toute installation qui a des chambres froides ou des appareils gourmands en électricité et dont la consommation est relativement régulière ».
En dehors de ces utilisations constantes, difficile donc de rentabiliser une installation prévue en autoconsommation. Et le calcul est vite fait, le surplus produit est "seulement" racheté 0,06 €. Il ne peut donc jamais représenter un revenu. « L’autoconsommation n’est rentable que pour l’électricité qui n’est de ce fait pas achetée au réseau, et dont le prix est actuellement de 0,15 € », précise encore le conseiller de la chambre.

Nouvelle ère

Pour chaque agriculteur qui demande une étude de faisabilité, les estimations de production sont élaborées avec différentes puissances pour définir la plus intéressante.
Ils étaient très nombreux ayant fait le déplacement ce 8 novembre à envisager sérieusement une installation photovoltaïque. Et ce, viticulteurs, éleveurs ou céréaliers, de différents secteurs du département, sur bâtiment existant ou en projet, en autoconsommation ou revente.
Le représentant de l’installateur de ces deux sites, Ositoit, était présent et n’a pu que souligné le nouvel engouement que connaît actuellement le photovoltaïque « après l’euphorie de 2009, nous avons connu une traversée du désert jusqu’en 2016 ». Depuis le gouvernement a changé de discours : « la Cop 21 a de nouveau insufflé une bonne dynamique. Aujourd’hui plus un seul bâtiment neuf en agriculture ne se monte sans une réflexion autour du photovoltaïque, et l’augmentation du prix de l’électricité dans les années à venir pousse également à la réflexion », précise encore Bruce Febvret. « Le photovoltaïque est tout de suite un projet plus à la portée des exploitations », conclut-on du côté de la chambre d’agriculture.

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