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Boris Assier et Gaëlle Verly à Varennes-le-Grand

Le rêve d’une vie

Grâce au dispositif Pactes en Saône-et-Loire, Gaëlle Verly et Boris Assier ont pu donner vie à leur projet de production de légumes en vente directe. Sur des parcelles mises à disposition dans le Chalonnais, ils ont trois ans pour se tester. Enthousiaste et volontaire, le jeune couple semble d’ores et déjà bien parti pour transformer l’essai.
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Boris Assier et sa compagne Gaëlle Verly sont arrivés en Saône-et-Loire en automne 2011. Tous deux originaires de l’Yonne, Boris a travaillé dix ans dans le bûcheronnage et l’insertion tandis que Gaëlle exerçait dans une exploitation équine. Expatriés dans les Landes depuis plusieurs années, ces jeunes trentenaires avaient envie d’un retour à la terre. Leur projet était de produire des légumes bio en vente directe, sachant que le marché est porteur. Outre une première tentative dans les Pyrénées, Boris avait fait une étude de marché prometteuse dans l’Autunois. Un terrain était en vue par le biais de la Safer, mais les banques n’ont pas suivi. « On était en pleine crise sanitaire du concombre d’Espagne et le secteur des légumes conventionnels ne va pas bien : cela effraie un peu les financeurs », explique le jeune homme. Par l’intermédiaire de la Safer, le couple a eu connaissance de l’association "Terre de Lien". Cette dernière les a mis sur la piste du dispositif Pactes qui venait de voir le jour en Saône-et-Loire. Avec l’aide de Lionel Badot, animateur de Pactes, Gaëlle et Boris n’ont alors mis que six mois pour dégoter un terrain à Varennes-le-Grand.

« Essuyer les plâtres »


D’une surface d’un peu plus d’un hectare, la parcelle a du être entièrement défrichée. Elle est mise à disposition gratuitement dans le cadre de Pactes par la « couveuse potentielle ». Boris a réalisé une nouvelle étude de marché sur le Chalonnais cette fois. Elle a révélé l’existence « d’un potentiel énorme » pour les légumes bio en circuit court avec l’existence de trois Amap.
Outre la mise à disposition de la parcelle, Pactes a financé deux tunnels de maraîchage, un motoculteur, un enfouisseur pour engrais vert, un forage et une pompe. Ayant beaucoup participé à la mise en place de ce lieu test, le couple ne « participe » qu’à hauteur de 50 € par mois. A terme, si Gaëlle et Boris s’installent pour de bon, ils rachèteront le matériel au prix de l’occasion.
Au départ, le couple avait tenté de développer une production de poules pondeuses. Malheureusement, les trois quarts des volailles leur ont été volées. L’hiver dernier, toute leur production de légumes a été détruite par une invasion de lapins de garenne. Ces rongeurs nichent dans un restant de friche mitoyen de leur parcelle qu’ils essaient d’acquérir. « On essuie les plâtres », résume avec beaucoup de philosophie Boris.

Submergés par la demande !


Pour leur première saison de vente, les jeunes maraîchers ont eu la bonne surprise d’être submergés par les demandes. Ils étaient présents sur six marchés hebdomadaires. Un débouché qui a l’inconvénient de consommer énormément de temps et qui peut être sujet à de soudaines fluctuations. Gaëlle et Boris comptent déjà parmi leur clientèle un restaurateur haut de gamme de Tournus. A terme, ils misent beaucoup sur l’Amap à laquelle ils viennent d’adhérer. « C’est de l’avance de trésorerie », commente Boris. « Le client s’engage sur l’achat de plusieurs paniers de légumes, ce qui permet de financer l’achat de semences, de terreau, pots ou godets », explique le jeune maraîcher. Autre piste : le couple aurait une opportunité pour fournir une société de restauration collective d’entreprise.

Plus de 70 variétés de légumes !


Sur leurs terres, Gaëlle et Boris cultivent plus de 70 variétés de légumes. Cela inclut les anciens, les classiques ainsi que les aromatiques. Cette diversité est un passage obligé en Amap, confie Boris. Fermement convaincu de la nécessité d'« une autre agriculture, moins nocive et plus respectueuse de l’environnement », le jeune maraîcher adopte une technique de culture en planches, alternant bandes de terres et bandes enherbées. Ce mode de conduite est « plus favorable aux auxiliaires et au stockage de l’eau dans le sol ». Procédant par étape, Boris envisage de tendre vers des méthodes « biodynamiques » ; c'est-à-dire une culture « sous mulch » avec quasiment aucun travail du sol.

Précieux parrainage


Pour pouvoir vivre de leur production, Gaëlle et Boris aimeraient posséder trois hectares de terres. Un agriculteur de la commune voisine leur a proposé une parcelle supplémentaire de 80 ares de pré drainé. « Jean-Luc est venu me voir l’an dernier alors que je montais mes serres. Nous avons fait connaissance et nous sommes devenus amis », confie Boris. L’agriculteur en question est Jean-Luc Duparay. Âgé de 57 ans, ce dernier conduit un troupeau de 35 charolaises dont la production de femelles est valorisée en vente directe. Lui qui avait déjà fait le choix d’abandonner la production de céréales pour se recentrer sur l’élevage et permettre l’installation d’un jeune, a tout de suite été séduit par le projet du jeune couple. « Cela correspond à ma philosophie. J’ai plus besoin de voisins que d’hectares ! », argumente Jean-Luc. Les deux hommes ont pris l’habitude de s’entre-aider. L’aîné prête son matériel (tracteur, chargeur…) et le plus jeune vient donner un coup de main pour manipuler les bêtes.
Pour Gaëlle et Boris, Jean-Luc représente une présence bienveillante, une sorte de « parrainage local ». Installé depuis trente ans et engagé dans la vie militante, l’éleveur « connaît tout le monde » au plan local ainsi que toutes les ficelles du métier ! Un soutien très précieux pour Gaëlle et Boris.



Entraide et échanges de services


Boris Assier et sa compagne Gaëlle Verly ont bénéficié d’un bon coup de main de la part d’agriculteurs du secteur. « Outre Jean-Luc Duparay, le Gaec Breesmech a été un autre appui déterminant en amenant de gros engins pour défricher, préparer le sol... En contrepartie, Boris a pris part aux travaux de manipulation des animaux sur la ferme. Une forme d’entraide qui se développe dans le cadre de Pactes », confie Lionel Badot.


Boris Assier et Gaëlle Verly ont également bénéficié d’un prêt à taux zéro auprès du Club Cigales de Tournus pour leur trésorerie, ainsi que d’une aide d’une association militante de Nanton « Allant-vers » pour la création d’un marché.


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