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Gaec de Bucheleur

Le sans corne par « conviction »

Depuis dix ans, le Gaec de Bucheleur s’est donné comme objectif de transformer son cheptel en un troupeau charolais sans corne. Aujourd’hui, les frères Briet détiennent déjà cent femelles génétiquement sans corne. Leurs mâles sans corne trouvent preneurs auprès d’éleveurs exigeants et attirent des acheteurs étrangers, notamment grâce à la station de Jalogny.
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Le Gaec de Bucheleur réunit trois associés : Christophe, Thierry et Serge Briet. Les trois frères assurent 270 vêlages sur trois sites à Cuzy et à Saint-Eugène où ils élèvent également une troupe de 160 brebis. En bovins, le Gaec produit des broutards maigres de 400 à 420 kg et, depuis peu, engraisse toutes ses femelles de réforme. En 2016, les frères Briet ont également vendu une trentaine de reproducteurs, notamment lors de leurs portes ouvertes d’automne.

Trente ans d’insémination


Historiquement, le cheptel a connu un tournant en matière de génétique à partir de 1986, 1987 avec l’adoption de l’insémination artificielle avec des doses de semences testées. La part de femelles inséminées a augmenté au fil des années avec la construction de stabulations et les associés se sont mis à pratiquer le groupement de chaleurs sur génisses. « Aujourd’hui, 58 % de nos femelles sont inséminées », calcule Christophe qui ajoute que « matériellement, nous ne pouvons pas tout inséminer », d’où l’usage de taureaux de monte naturelle souvent issus d’insémination. Pour les associés du Gaec, l’impact des semences testées sur le cheptel est sans appel : vêlage, croissance, lait, qualités maternelles… L’amélioration est au rendez-vous. Les veaux pèsent par exemple 100 kg de plus au 1er septembre, illustre Christophe. Chaque hiver, le Gaec ne compte que 7 ou 8 césariennes pour 270 vêlages, sachant que la bonne croissance des génisses permet aux associés d’en faire vêler une partie dès deux ans (avec mise à la reproduction à 17 mois).

Génotypage des femelles


Inscrit, le troupeau est au contrôle de performances depuis 1996. Ne faisant confiance qu’aux données chiffrées « réelles », les frères Briet trient leurs génisses à la lumière des index du bilan génétique de leur troupeau. Depuis deux ans, « pour mieux avancer encore », ils font génotyper toutes leurs femelles de renouvellement. Ce nouvel outil permet « de vraiment améliorer les critères de production », confie Christophe qui cite l’index génomique de facilité de naissance de ses génisses souvent compris entre 8 et 10 (note sur 10).

Sans corne depuis 2007


Depuis dix ans, le Gaec s’est donné comme objectif de transformer son troupeau en un cheptel charolais 100 % sans corne. Tout a commencé en 2007 avec un premier accouplement avec le taureau sans corne Paladin (Gènes Diffusion). D’autres taureaux sans corne ont suivi tels Virgil, Vizir… qui se sont avérés plus complets et dotés de meilleurs index. Aujourd’hui, le cheptel du Gaec de Bucheleur compte 100 femelles génétiquement sans corne sur un total de 270. Des femelles qui ont été triées sur le volet, pour ne pas dégrader la facilité de naissance, les qualités maternelles, la croissance et dont le statut génétique sans corne a été confirmé par le génotypage.

Troisième génération


Cet hiver, naîtra la troisième génération de charolais sans corne au Gaec de Bucheleur. A ce stade, la probabilité d’avoir des veaux homozygote augmente. Aucune femelle homozygote n’a encore été diagnostiquée dans le cheptel, mais deux taureaux homozygotes ont déjà vu le jour. L’un d’eux, Full PP, est diffusé en testage par Gènes Diffusion. Quant au second, il est en service dans l’élevage.
L’introduction du gène sans corne dans un cheptel prend du temps. D’autant plus qu’il faut veiller à un minimum de variabilité génétique, le sans corne étant issu d’une souche très restreinte. Pour ce faire, les associés accouplent leurs femelles sans corne avec des taureaux cornus.
Le travail mené au Gaec de Bucheleur depuis dix ans commence à porter ses fruits. Les jeunes reproducteurs sans corne nés dans l’élevage trouvent preneurs auprès d’éleveurs exigeants. Certains acheteurs se montrent même impressionnés par la régularité et la conformation des animaux présentés.

Clients étrangers intéressés


Fidèle notamment à la station d’évaluation de Jalogny depuis 2004, le Gaec propose chaque année des veaux aux stations charolaises. « C’est un moyen de se comparer aux autres et c’est aussi une façon de faire connaître l’élevage », détaille Christophe. En toute logique, le Gaec s’est déjà illustré à plusieurs reprises avec des veaux sans corne. Vendus à des acquéreurs italiens, espagnols…, les charolais sans corne présentés en station sont très prisés à l’étranger, confie l'éleveur qui l’explique par la taille des cheptels ou l’interdiction d’écorner dans certains pays. « Le sans corne devrait nous permettre de développer des marchés à l’étranger, notamment dans les pays de l’Est », conclut-il confiant.

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