Le secteur agricole interpelle le ministre sur la gestion des risques et assurances
En rendez-vous avec le ministre de l’Agriculture le 2 juillet, le CAF (Conseil de l’Agriculture française) a rappelé l’importance de développer des outils de prévention et de gestion des risques plus adaptés aux défis que connait actuellement la profession agricole.
« Nous avons tenu à faire un zoom particulier sur l’ensemble des outils », a expliqué Christiane Lambert, présidente de la FNSEA et présidente du Conseil de l’agriculture française (CAF) qui a rencontré Didier Guillaume le 2 juillet pour évoquer la question de l’assurance. Un sujet particulièrement d’actualité après les orages de grêle qui ont provoqué, mi-juin, des dégâts impressionnants sur les vergers et les vignobles de la Drôme et de l’Ardèche. Premier point, « il faut intégrer dans les investissements les dispositifs de prévention », explique Christiane Lambert, par exemple pour financer les filets para-grêle. Une prévention qui passe également par le stockage de l’eau. Au lendemain des Assises de l’Eau, la présidente de la FNSEA se satisfait que finalement, la question du stockage de l’eau ait été intégrée, surtout au regard de la succession d’aléas climatiques extrêmes. « Il n’y a que 4,7 % de l’eau qui est stockée en France, en Espagne c’est 27 %, or nos éleveurs achètent de la paille en Espagne », indique Christiane Lambert, qui poursuit : « soyons gestionnaires ! ». Les dispositifs fiscaux et financiers ont également été évoqués, notamment l’utilité de la nouvelle épargne de précaution.
Généralisation de l’assurance
Cependant, l’un des points clés pour l’avenir reste la généralisation de l’assurance. Or pour le moment, « un certain nombre d’agriculteurs qui veulent s’assurer ne trouvent pas le produit qui leur convient », or sans une plus grande mutualisation, en l’état actuel des choses, le système ne pourra pas durer, s’inquiète Christiane Lambert. « On essaye d’unir nos forces pour trouver des solutions concrètes pour les agriculteurs », a commenté Dominique Lefèbvre, président de la Fédération nationale du Crédit agricole. Son homologue Jean-Yves Dagès, président de Groupama, explique que le travail est mené depuis des années pour élargir la base de statistique, en concertation avec la profession et l’Etat. A ce titre, une réunion importante doit se tenir à Bercy le 17 juillet en présence de tous les acteurs concernés, et une autre sera organisée au ministère de l’Agriculture avant la pause du mois d’août « car nous voulons avancer très vite sur ce sujet de la réassurance », indique Christiane Lambert. D’une façon générale, pour Dominique Chargé, président de Coop de France, c’est un travail « sur la résilience de nos modèles économiques » qu’il faut mener. L’agriculture française a d’autant plus besoin de ces outils pour préserver sa compétitivité et sa durabilité que les frontières s’ouvrent davantage, a regretté Christiane Lambert, en référence à la conclusion de l’accord entre l’Union européenne et les pays du Mercosur, vécu « comme un vrai guet-apens par les agriculteurs ». Et si le ministre s’est voulu rassurant, rappelant la complexité et la lenteur de la procédure pour arriver à l’entrée en vigueur, la présidente de la FNSEA considère que « la tendance est donnée », puisque Emmanuel Macron a salué un bon accord. Les organisations agricoles veulent désormais que l’accord soit soumis aux Etats-membres.