Le Sénat liste 40 recommandations pour améliorer la condition des agricultrices
La délégation aux droits des femmes du Sénat a présenté le 12 juillet un rapport sur la situation des agricultrices et liste 40 recommandations pour améliorer leur condition. La délégation souhaite mettre cette problématique à l’ordre du jour des États généraux de l’alimentation et le rapport sera discuté en séance publique au Sénat en octobre.

« Nous savions que les agricultrices rencontraient des difficultés, mais ce que nous avons découvert va au-delà de ce que nous pressentions », a témoigné la sénatrice Brigitte Gonthier-Maurin, co-rapporteure du rapport de la délégation aux droits des femmes du Sénat intitulé « Femmes et agriculture : pour l’égalité dans les territoires », présenté le 12 juillet. La délégation « alertée depuis longtemps sur les graves difficultés auxquelles sont confrontées les agricultrices », s’est saisie de la question en février dernier, en commençant son travail par l’organisation d’un colloque auquel 14 agricultrices avaient participé, puis en recueillant une centaine de témoignages de chambres d’agriculture, de la MSA, d’agricultrices et d'élues syndicales. Ces témoignages ont permis à la délégation de mettre le doigt sur les difficultés spécifiques que rencontrent les agricultrices dans un métier traditionnellement masculin. Pour y remédier, la délégation a listé 40 recommandations destinées à faciliter leur installation, accompagner leur parcours professionnel, consolider leur statut, lutter contre la précarité ou faciliter leur vie quotidienne…
Installer et lutter contre la précarité
Sur l’installation, le rapport suggère de faciliter l’accès des femmes aux aides, aux financements et aux terres agricoles. Cela passe notamment par une « évolution des critères d’attribution de la dotation jeune agriculteur (DJA) » afin que les femmes, qui s’installent en général plus tard, puissent en bénéficier.
La délégation souhaite également consolider le statut et lutter contre la précarité des agricultrices. Pour cela, il conviendrait dans un premier temps de recenser les agricultrices sans statut, de les sensibiliser à l’importance d’en choisir un (pour bénéficier d’une couverture sociale) et de rendre transitoire le statut de conjointe collaboratrice (5 ans maximum). Le rapport préconise également de faciliter les demandes de RSA et primes d’activités.
Féminiser la profession
Pour la délégation, il faut davantage prendre en compte la féminisation de l’activité agricole, dès la formation (avec des internats adaptés à la mixité), dans leur travail quotidien (matériel ergonomique et offre vestimentaire adaptée aux femmes), et dans leur rôle de mère. Sur cette question, la délégation estime nécessaire de renforcer l’information à l’égard des agricultrices quant à « leurs droits relatifs au congés maternité » et de mettre en place de facilités pour faire garder les enfants (par exemple des chèques emploi service prépayés). La finalité pour les auteurs du rapport est même de féminiser davantage encore la profession en encourageant les jeunes filles à choisir la formation agricole et en donnant accès aux femmes aux postes à responsabilité dans les organisations agricoles (dans les syndicats ou les conseils d’administration des chambres par exemple). Sur les 89 chambres d’agriculture départementales et interdépartementales que compte la France, trois seulement sont aujourd’hui présidées par des femmes, rapporte la délégation.
Des suites attendues
Le rapport, adopté à l’unanimité par la délégation, composée de sénatrices et sénateurs de différents courants politiques, devrait être discuté en séance publique au Sénat « autour du 15 octobre ». En attendant, les agricultrices et les auteurs du rapport aimeraient mettre le sujet sur la table lors des États génaux de l’alimentation. Françoise Liebert, inspectrice générale de la santé publique vétérinaire et Haute fonctionnaire en charge de l’égalité des droits femmes/hommes au ministère de l’agriculture, qui assistait le 12 juillet à la présentation du rapport, a indiqué que dans le cadre de la mise en place de « la nouvelle feuille de route ministérielle », elle comptait bien s’« inspirer fortement de ces recommandations ». Le ministère de la Cohésion des territoires devrait lui aussi regarder avec attention ces recommandations, estime Françoise Liebert, car « les femmes ont une place essentielle dans la revitalisation des zones rurales ».