Le théâtre pour oser parler de ses problèmes
Suite à l’assemblée plénière du CLSM (Conseils locaux de santé mentale), il était proposé d’assister à une pièce de théâtre intitulée "Le stress est dans le pré", en référence mi parodique mi sérieuse à une célèbre émission TV. L’occasion d’aborder, sur le ton de l’humour, des sujets difficiles et trop souvent dissimulés.

En mars 2011, à la demande de la MSA des Côtes Normandes, a été créée la pièce de théâtre "Le stress est dans le pré". Il s’agissait d’aider les agriculteurs et leur entourage à reconnaître les différentes sources de stress et à découvrir leurs propres ressources pour faire face à celui-ci. La finalité étant de se rencontrer et d’échanger autour du travail. Le scénario est simple. "Le stress est dans le pré" raconte, en douze courtes situations, une année d’Alain et Nadine, exploitants agricoles, confrontés au fil des mois à différents facteurs de stress. Cela permet d’aborder aussi bien l’image négative des agriculteurs véhiculée par certains médias que la lourdeur de certaines tâches administratives ou contrôles des services vétérinaires, la question de la transmission de l’exploitation et la variation alarmante des cours du lait et de la viande. Mais aussi les plaintes du voisinage et les questions écologiques, la pression des banques et la difficulté de partir en vacances. Sans oublier les aléas de la météo, la gestion du personnel, le départ d’un salarié, la dépression d’un collègue ou encore la prise de médicament pour faire face à l’accumulation du stress.
Ne pas s’enfermer dans le mutisme
La particularité de cette pièce vient du fait que les situations sont jouées une deuxième fois. Le spectateur peut alors interrompre le jeu à tout moment pour expérimenter une proposition de changement sur scène en remplaçant ou en ajoutant le personnage de son choix. Ce qui favorise l’expression des différents points de vue. Une démarche visiblement très appréciée le 29 novembre dernier au théâtre Sauvageot de Paray-le-Monial au vu de la participation de spectateurs qui se sont rapidement pris au jeu. Une réussite que l’on doit aussi à la qualité de la prestation de la compagnie Entrées de jeu.
La représentation s’est poursuivie par un débat animé par Jean-Claude Ducarre, vice-président du PETR du Pays Charolais-Brionnais. L’objectif était de présenter les ressources et les dispositifs locaux pour faire face à ce type de difficultés. Ainsi, Jean-Charles Blanchard a expliqué la manière dont la MSA procède afin d’accompagner les populations agricoles fragilisées. Avec trois mots clés que sont conseil, écoute et orientation. L’occasion aussi de présenter les dispositifs permettant de soutenir les personnes en difficultés à l’image de l’aide au répit. « Il ne faut pas hésiter à prendre contact avec la MSA en cas de difficulté. »
Plus de sujet tabou
Pour sa part, Christian Decerle, président de la Chambre d’Agriculture, a rappelé qu’« il y a de plus en plus de personnes qui se sentent seules dans les territoires ruraux. Un paradoxe alors que nous sommes dans un univers de communication. Ces dernières années, on s’est concentré sur l’aspect technique du métier. Mais l’accompagnement humain du chef d’exploitation et de sa famille a été laissé de côté. Il nous faut nous remobiliser sur ce sujet. » Et de poursuivre en soulignant qu’« un certain nombre d’agriculteurs sont confrontés non seulement à un manque de revenu mais aussi à un matraquage médiatique qui fait beaucoup de mal. Il y a 20 à 30 % de suicides en plus dans le monde agricole. Il ne faut plus que ce soit un sujet tabou. Aujourd’hui, 40 % des agriculteurs sont en risque de burn out avancé. » Evoquant le partenariat noué avec l’université de Montpellier qui va permettre de se pencher sur l’agriculture à travers une étude menée sur plusieurs années au niveau des chefs d’exploitation, Christian Decerle s’est également attardé sur le mentorat. Il s’agit de mettre un agriculteur en début de carrière en relation avec un chef d’entreprise, hors agriculture, pour l’accompagner, le conseiller et partager ses expériences.
De son côté, M Manson, responsable du bureau de Charolles de la CCI, a souligné qu’« un commerçant peut, lui aussi, se sentir aussi isolé dans son magasin qu’un agriculteur. Il y a également des suicides chez les commerçants et les chefs d’entreprise. » Et de décliner les dispositifs mis en place pour apporter un soutien humain et financier tout en rappelant qu’il existe des formations sur le bien-être au travail.
Plancher sur un nouvel arsenal juridique et législatif
Alors que le docteur Drapier signalait qu’il n’y a pas que l’aspect financier dans le burn out mais qu’il s’agit d’un facteur aggravant, la députée Josiane Corneloup a précisé qu’elle était très mobilisée depuis un an auprès du monde agricole. « Lequel rencontre deux gros problèmes : de revenu et de la communication anti-viande. Il faut arrêter de porter atteinte à l’agriculture. » Evoquant la commission d’enquête récemment créée afin de savoir non seulement qui se cache derrière toutes ces associations anti-viande mais aussi leurs sources de financement, Mme Corneloup a terminé son intervention en rappelant qu’il était nécessaire de regarder la manière de faire évoluer le matériel juridique et législatif face à des personnes commettant des actes inqualifiables vis-à-vis des acteurs de la filière viande.