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Gestion de la production

Le ton se durcit

Nouvelle offensive des négociants, l’Union des Maisons et marques de
vins (UMVin) réclame à nouveau que revienne aux interprofessions la
gestion des Volumes complémentaires individuels (VCI). Après son recours
auprès du Premier ministre fin 2015, l’UMVin vient de porter le
contentieux devant le Conseil d’Etat, juge administratif suprême. La
famille viticole est catégorique : la gestion des VCI lui appartient, et
à elle seule.
Par Publié par Cédric Michelin
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Réuni ce 21 juin à Paris, le conseil d’administration de la CNAOC réaffirme que la gestion des VCI - et plus largement celle de la production - relève de la compétence des viticulteurs et d’eux seuls. Il entend à ce titre rester ferme sur sa position. Les VCI sont un outil de l’amont et non pas ou outil interprofessionnel ! Que les choses soient claires : les enjeux sont en effet structurels.
En Bourgogne, lors d’un de ses récents bureaux, la CAVB avait ainsi invité le président du Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB), Louis-Fabrice Latour, à se positionner sur ce débat. En tant que président du BIVB, ce dernier a tenu à modérer la demande de la famille du négoce bourguignon, qu’il présidait il y a peu encore. En revanche, ce n’est toujours pas le cas de l’actuel président de l’UMVin Bourgogne (ex Fneb), Joseph Drouhin, lequel va plus loin encore que les revendications nationales de sa famille en demandant à que le BIVB puisse gérer les VCI, mais aussi les autorisations de plantation, les rendements viticoles… Une position qui avait largement fait débats lors de la dernière assemblée générale du BIVB (lire notre édition du 22 janvier 2016 en page 3) et qui pourrait encore en faire l’objet ce 5 juillet à Beaune, date de la prochaine assemblée générale de l’interprofession à laquelle élus et médias ne sont pas invités…

Castel, Jeanjean & Co



Ce durcissement de ton est-il lié aussi à la conjoncture ou à l’arrivée de "nouveaux" négociants dans la grande Bourgogne ? En effet, dernier épisode en date, la semaine dernière, le Groupe Advini - dont la famille Jeanjean est l’actionnaire principal - a annoncé rentrer « en négociation exclusive » pour racheter Béjot Vins et Terroirs, maison de négoce basée à Meursault. Mis à mal par les soupçons de fraudes et ses démêlés judiciaires, Béjot réalise un chiffre d’affaires de 50 millions d’€ pour 10 millions de bouteilles vendues. Le groupe avait racheté plusieurs Maisons de négoce et plusieurs domaines viticoles et sa gamme de vins s’étend du Chablisien jusqu’au Beaujolais (Laroche, Reine Pédauque…).
En plus des médiatiques grandes fortunes qui investissent le vignoble bourguignon, c’est plus structurellement de grands opérateurs nationaux qui décident désormais de plus en plus souvent d’investir en Bourgogne, comme par exemple, le groupe Castel qui a repris la Maison Patriarche ou encore le Groupe Grands Chais de France qui a racheté la Maison Martenot. Peu à peu, les centres de décision s’éloignent de la Bourgogne, quand ils ne lui échappent pas…