Les agriculteurs veulent plus d’innovations techniques et non changer de modèle
Les agriculteurs veulent plus d’innovations techniques mais pas un changement de modèle, pourrait-on résumer à la lecture des résultats d’une enquête Ipsos en partenariat avec la plateforme Agriavis, sortie le 9 janvier.

Ispos en partenariat avec la plateforme Agriavis a lancé une enquête sur les attentes de la part des agriculteurs, exprimées lors des États généraux de l’alimentation (EGA). Les résultats ont été rendus publics le 9 janvier. Cette étude, menée auprès de 308 agriculteurs, « majoritairement représentatifs de grosses exploitations en grandes cultures et élevage », révèle ainsi que les EGA ont surtout généré de l’attentisme (49 %) ou du pessimisme (46 %) (1). À noter que les personnes interrogées pouvaient donner jusqu’à trois réponses possibles. L’étude révèle d’autres éléments intéressants comme le modèle agricole privilégié par les agriculteurs pour la France. Ce dernier repose principalement sur des filières courtes ou locales (63 % des réponses) et sur la proposition de solutions pour améliorer la productivité (45 %). Privilégier la production bio n’est, par contre, pas mis en avant par les agriculteurs (12 %) contrairement aux demandes des consommateurs et au discours politique ambiant. Proposer des produits d’une plus grande diversité (36 %) et de plus grande qualité sanitaire (32 %) et nutritive (28 %) reste aussi la voie de développement du modèle agricole français selon les agriculteurs.
Une dichotomie entre élevage et grandes cultures
Il est également intéressant de noter une dichotomie entre éleveurs et céréaliers. Ces derniers sont effectivement plus « prompts à proposer des solutions pour améliorer la productivité (62 %) que les éleveurs (32 %) qui, eux, privilégient l’amélioration de la qualité des produits ». De même, les éleveurs estiment qu’il est préférable à l’avenir de « redonner plus d’importance au système de polyculture-élevage » comme levier de développement. Les céréaliers privilégient, eux, les nouvelles technologies et l’agriculture de précision. Là encore, « réorganiser les filières pour aller vers plus de production bio ou d’agroécologie » n’est pas, pour l’ensemble des agriculteurs, un levier suffisant pour faire évoluer positivement l’agriculture française (5e place sur 6). Les attentes des agriculteurs vis-à-vis des acteurs de la filière restent principalement techniques avec « le développement par des firmes de solutions ou produits innovants plus naturels » et « une agriculture de précision plus accessible ». Dans le secteur des grandes cultures, les attentes sont plus marquées qu’en élevage pour élaborer « des assurances qui couvrent les risques liés au changement de production ».
Développer de nouvelles techniques
L’âge est aussi un facteur discriminant les attentes des agriculteurs. Ainsi les plus de 40 ans espèrent plutôt un développement de produits innovants plus naturels alors que les moins de 40 ans privilégient les nouvelles technologies. Et Ipsos d’écrire : "Pour soutenir positivement le développement de l’agriculture française, la grande majorité des agriculteurs (80 %) proposent de taxer les importations de produits qui ne respectent pas les mêmes normes de qualité et environnementales ». Par ordre décroissant de priorité pour les agriculteurs, viennent ensuite les mesures suivantes : modifier les contrats de vente pour fixer les prix de ventes en fonction des coûts de production, donner plus de transparence sur la redistribution des gains aux producteurs, restructurer les organisations de producteurs pour peser plus dans les négociations, faire arbitrer par l’Autorité de la concurrence les négociations commerciales entre producteurs, transformateurs et GMS, séparer la vente du conseil au sein de la distribution. Dans tous les cas, 3 % de l’échantillon et 5 % des moins de 40 ans ne connaissaient pas les EGA.
(1) : Échantillon d’agriculteurs avec une moyenne d’âge de 43 ans, à 97 % masculins et dont la surface agricole utile était en moyenne de 143 ha.