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Vintage

Les "big data" en direct des vignes

La filière des vins de Bourgogne participe au programme européen
Vintage, qui vise la création d’outils d’aide à la décision pointus et
faciles d’utilisation. Ceux-ci aideront les viticulteurs à raisonner
toujours plus leurs pratiques viticoles, grâce aux nouvelles
technologies.
Par Publié par Cédric Michelin
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Vigneron et président de l’appellation Saint-Romain en Côte-d’Or, Bernard Martenot est heureux de voir se dresser ces mâts de fer et de technologies dans "ses" vignes. Il s’agit de six stations météorologiques qui vont collecter nombre de données météorologiques (température, humidité, vent…) et au niveau du sol (humidité…). « On regarde tous la météo sur des sites Web ». Là, il s’agira de la météo à l’échelle parcellaire. L’appellation Saint-Romain a été retenue car elle présentait un territoire pas trop grand mais avec des situations géographiques très variées (altitudes, orientations, pentes…).
Derrière ces stations (2.000 € l’unité) se cache en réalité une redoutable intelligence, répartie en Italie, Portugal et Espagne (2,8 millions d’€ de budget sur 3 ans). Les données de chacune des stations sont transmises par GSM toutes les cinq minutes vers un laboratoire informatique à Rome pour être traitées. Des indications en temps réel sur les données climatiques. De nombreuses autres informations alimentent la future plateforme comme les propriétés du sol par exemple. C’est la combinaison de toutes ces données par de super calculateurs qui permettront de délivrer un conseil précis et adapté.
Avec ses collègues climatologues, l’enseignant chercheur de l’Institut Universitaire de la vigne et du Vin (IUVV) à Dijon, Benjamin Bois va donc « travailler sur le codage de modèles –mildiou, oïdium…– qui avec des projections climatiques, croisées avec des simulations de circulations d’eau dans des bassins versants ou la croissance de la plante entière ou la maturation des raisins par exemples, permettra de couvrir toutes les situations topographiques pour spatialiser des zones de 100 à 250 m2 de précision. Avec les données météorologiques en plus, ces couches de données permettront de simuler et extrapoler ensuite les risques d’oïdium, de gel, de sporulation des œufs mildiou… ».
Autant dire que les vignerons auront quand même besoin d’un outil pour s’y retrouver. L’Interprofession des vins de Bourgogne –avec ses partenaires européens– travaillent donc pour que la plateforme Vintage devienne un outil d’aide à la décision accessible sur le net pour les vignerons, qui pourront alors l’utiliser selon leurs besoins ou questionnements. Du BIVB, Eve Gueydon se concentre déjà sur des « raisonnements très pratiques comme sur des traitements au bon moment, très localisés et à la juste dose ». « Les vignerons de l’appellation sont en bio ou engagés en lutte raisonnée pour réduire les doses de traitements », précise Bernard Martenot. Est-ce à dire que demain, la pulvérisation se fera comme en céréalicultures par système GPS ou RTK ? Sans doute. Mais pas que.
Car, ce projet va plus loin. Des techniciens relèvent déjà les pratiques et itinéraires culturaux pratiqués sur place. Franck Brossaud, du BIVB, voit là l’opportunité de répondre à des questions à long terme pour un chef d’exploitation. Quel matériel végétal en fonction du potentiel hydrique de chaque zone ? Quel porte-greffe en fonction du comportement (compactage…) du sol sur 30-50 ans ? Quand récolter pour avoir tel vin, vinifié ainsi ? « Ce ne sont pas des choix anodins » et surtout qui ne concerne pas uniquement la Bourgogne.
Ces données serviront à valider le bon fonctionnement du modèle développé par les chercheurs, particulièrement pour le mode de prévision des maladies (mildiou, oïdium, vers de la grappe).
Elles permettront également de valider la pertinence des modèles indiquant la climatologie d’un site donné et son évolution régulière, en se basant sur des informations constantes, comme la topographie ou l’exposition. Si ces modèles se révèlent efficaces, les données pourront être obtenues… sans implanter de nouvelle station météo !
En attendant ces développements, les premières réponses et applications sont prévues pour 2015. « Ce sera merveilleux d’avoir des conseils indépendants », se réjouit d’avance Bernard Martenot.

Pour en savoir plus : http://www.vintage-project.eu/

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