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Revenus des céréaliers

Les céréaliers en panne de revenu depuis cinq ans

Le secteur céréalier est « en crise depuis cinq ans », a souligné le 29 août l’AGPB (producteurs de blé), qui chiffre le revenu des exploitations céréalières à 2.000 euros cette année après cotisations sociales. À l’heure des États généraux de l’alimentation, le syndicat veut « retrouver de la compétitivité dans la filière ».


 

Par Publié par Cédric Michelin
Les céréaliers en panne de revenu depuis cinq ans

« On arrive à un revenu proche de zéro » en moyenne sur cinq ans pour la ferme France spécialisée en céréales, a déclaré le président de l’AGPB Philippe Pinta. Après une année 2016 catastrophique, les producteurs, confrontés à des cours mondiaux toujours plus bas, peinent à redresser la tête. Le revenu annuel disponible des céréaliers spécialisés pourrait s’élever à seulement « 2.000 euros » après déduction des charges sociales, a-t-il indiqué. Chiffre qui traduit certes une amélioration par rapport à l’an passé (les producteurs avaient subi une perte de 20.000 euros en moyenne), mais reste nettement insuffisant pour combler le trou. Si les rendements 2017 apparaissent corrects, les prix demeurent insuffisants à 130 euros/t départ ferme contre un seuil de rentabilité à 190-200 euros la tonne (hors aides), d’après ses chiffres.

L’AGPB réclame aux pouvoirs publics de « remettre en place dans certains départements des cellules de crise comme en 2016 ». Une demande ciblée géographiquement car la récolte est très hétérogène et donc la situation des producteurs aussi : « Pour certains, c’est plusieurs années sans revenus », a souligné Philippe Pinta, désignant surtout les zones intermédiaires comme la Bourgogne et la Lorraine. Et de s’inquiéter pour la pérennité de nombre d’exploitations qui ont « des ardoises un peu partout ».

En proie à des idées reçues

« Il faut arrêter de dire que les céréaliers vont bien », a insisté Philippe Pinta. L’AGPB se bat contre des idées reçues, notamment celle de les considérer comme les premiers bénéficiaires de la Pac. Avec 25 % de la SAU (Surface agricole utile), les producteurs spécialisés en céréales, oléoprotéagineux n’empochent que 20 % des aides européennes. Des écarts avec l’Allemagne sont à nouveau dénoncés concernant les soutiens de l’Union Européenne. Par rapport au concurrent outre-Rhin, le céréalier français touche jusque 12-15 euros/t d’aides en moins, conséquence de choix nationaux différents dans la mise en œuvre de la Pac, d’après le syndicat. L’AGPB fustige le transfert d’aides du premier vers le second pilier à hauteur de 4,2 % supplémentaires, qui représenterait 160 M € de prélèvement pour le secteur des grandes cultures. Autre cheval de bataille, la surtransposition des textes européens. L’AGPB s’inquiète de la position de la France vis-à-vis de l’autorisation du glyphosate (voir en page HH).

Retrouver de la compétitivité

À l’heure des États généraux de l’alimentation, l’AGPB souhaite « retrouver de la compétitivité dans la filière ». Et de citer « des infrastructures qui font défaut », en particulier dans le ferroviaire et le transport par voie d’eau où les économies potentielles représentent « plusieurs euros par tonne ». Formant le vœu que ces États généraux « ne se transforment pas en Grenelle bis », Philippe Pinta a lancé : « on peut faire de l’environnement, on peut faire tout ce qu’on veut, on ne fera rien s’il n’y a pas de revenu ».