Accès au contenu
Abattoir de Louhans

Les circuits courts bressans abattus !

Vendredi soir à Louhans, le "Sommet" pour sauver l’abattoir n’a pas eu
lieu : annulé. La veille, les trois co-gérants ont décidé de suspendre
l’activité de la Société d’abattage louhannaise (600 t). Cinq salariés
se retrouvent au chômage. Une soixantaine de clients locaux – éleveurs
et bouchers – sont menacés de ne plus pouvoir assurer leurs circuits
courts.
Par Publié par Cédric Michelin
124895--Abbatoir_Louhans_002.JPG
Le compte à rebours a donc débuté. Fermé depuis jeudi 30 août, la ré-ouverture – si elle doit avoir lieu - ne doit pas attendre. L’heure est donc à l’action.
Pourtant, le lendemain, vendredi, le "Sommet", censé remobiliser, fut annulé au dernier moment. Seuls quelques éleveurs, bouchers et particuliers improvisaient des réunions dans la rue à Louhans. « Pour remonter l’abattoir, les gens doivent y croire, avec quelques porteurs de projets », débutait Dominique Vaizand, élu à la chambre d’agriculture. « Magasins, boucheries, supérettes… il faut maintenant recenser les besoins, rappeler les clients et examiner également la proposition faite par une association basée dans l’Ain (700 t) pour regrouper les tonnages abattus », détaillait Christian Bajard, président de la section bovine de la FDSEA de Saône-et-Loire.
Utilisateur de l’abattoir depuis la crise de la vache folle, Dominique Josserand – éleveur à Mantenay-Montlin dans l’Ain - témoignait : « le problème va être les circuits courts, comme dans mon cas. J’abats une génisse, un veau et quelques cochons chaque semaine. L’éleveur a beau maîtriser sa production, s’il ne peut plus abattre, c’est la mort des circuits courts comme les miens. Idem pour les bouchers ». Un particulier s’inquiétait également pour ses quelques moutons. Quel abattoir désormais voudra s’en occuper ? Les industriels ? Rien est moins sûr…
Le maillage du territoire est donc clairement en jeu. Consciente des enjeux sanitaires sous-jacents, une commission inter-régionale s’est d’ailleurs mise en place au ministère de l’Agriculture, pour observer la cohérence territoriale des outils d’abattage et ainsi éviter un manque de service dans certains secteurs.
Voulant éviter ce phénomène dans le Louhannais, la profession a déjà prévu de rencontrer Rémy Chaintron sur le sujet, ancien maire de Louhans, et actuellement président du conseil général. Lorsqu’il était encore à la mairie, il s’était fortement impliqué pour soutenir l’outil, tout comme les services vétérinaires.
Déjà sauvé en 2005, l’abattoir n’avait pas perdu de tonnage jusqu’alors. La situation semble s’être dégradée ces six derniers mois. Contactée par téléphone, la sous-préfète de Louhans, Rozenn Caraës, fait état « d’une situation dégradée en termes de respect des normes sanitaires, d’installation classée et aussi envers la sécurité des travailleurs ». C’est particulièrement ce dernier argument qui aurait précipité la décision des co-gérants. Les « disfonctionnements graves » constatés étant risqués pour la santé des salariés. Ceci explique la présence de la Direccte à la réunion de "clarification de la situation" jeudi, aux côté de la DDPP (direction départementale de la protection des Populations). Le conseil général et régional et  la commune, également présents, constatent « un manque de transparence » et attendaient surtout des devis pour éventuellement chercher des financements mais n'ont pu que déplorer « l’absence de devis » chiffrant les mises aux normes nécessaires.

Images