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AOP fromages mâconnais

Les contrefaçons freinent l’AOP

Les fromages mâconnais AOP sont victimes de leurs succès. Le syndicat
défendant l’appellation d’origine protégée constate une recrudescence
des contrefaçons, non plus simplement en dehors du département mais
aussi sur les marchés locaux. Les adhérents de l’ODG sont inquiets.
Conséquence aussi, ils tolèrent de moins en moins être contrôlés alors
que les fraudeurs ne sont que trop peu inquiétés et encore moins
sanctionnés de façon dissuasive.
Par Publié par Cédric Michelin
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Vendredi 31 août, le « traditionnel, naturel et non-délocalisable » fromage mâconnais AOP réunissait ses adhérents à Saint-Maurice-de-Satonnay, pour l’assemblée générale de l’ODG.
Le président du syndicat, Thierry Chevenet, mettait directement les pieds dans le plat : « les consommateurs sont plus attirés par l’AOP fromages mâconnais que les producteurs ». En cause selon lui, « le développement des contrefaçons ». « D’anciens panneaux, y compris chez certains affineurs non adhérents », fleurissent sur les marchés locaux et non plus seulement en dehors du département.

Absence de répression dissuasive



Cette « concurrence déloyale » a provoqué un véritable « sentiment de frustration » et même la « démobilisation de la petite équipe » constituant l’AOP.
Face à ce problème, le syndicat intervient par « gradient de pression » : coup de fil d’avertissement, courriers recommandés puis transmission du dossier à l’INAO. Deux opérateurs sont actuellement en ligne de mire. C’est ensuite le service juridique de l’INAO à Paris qui prend le relai et qui a la possibilité d’aller jusqu’au tribunal. Une démarche « très lourde » pour prouver l’usurpation de l’appellation.
Également confronté à ces illégalités, Daniel Rizet, président de l’AOP fromage charollais, en témoignait. « On a l’impression d’être devant un mur » administratif. « En conflit avec un opérateur depuis trois ans, il ne se passe rien. Que faut-il faire ? L’AOP était censée apporter une protection totale en Europe. Ce n’est pas le cas. Ça exaspère les adhérents. La répression des fraudes doit se manier le train ! »
« C’est d’autant plus mal ressenti par les adhérents que, eux ont la pression des contrôles (traçabilité, respect du cahier des charges…) alors que les fraudeurs ont moins de chance d’être contrôlés sur les marchés », complétait Thierry Chevenet.

La baisse en volume



Avec la perte d’un producteur adhérent et la sécheresse 2011, les volumes sont en baisse. Pour l’heure, sept opérateurs adhérent : trois fermiers, deux producteurs exclusifs de lait et deux transformateurs. Cela représente 1.074.000 litres de lait AOC (- 7 %). La production a été de 983.000 fromages en 2011.
Les volumes sont encore insuffisants pour réduire significativement le coût des contrôles, estimé à 80 €/t, soit environ 2 % du prix. « Ce n’est pas négligeable » mais semble normal dans la vie d’une AOC. Estimé par le syndicat, le coût des contrôles revient en effet à 0,037 € au 100 l de lait pour un producteur de lait, soit 0,5 % du prix et à 0,095 € par fromage pour un fermier transformateur, soit un centime d’euro pour un fromage.
Dans le département, le recensement de la production fromagère laisse entrevoir un potentiel d'un « peu plus » de 10 millions de litres produits par 20.000 chèvres, détaillait Christophe Fouilland de la chambre d’agriculture. Les producteurs adhérents produisent deux de ces dix millions. Seul un million finit en fromage AOP (50 %). Ce seuil de 50 % pourrait s’élever à 80 %.

Atteindre 150 tonnes



Bien connus et commercialisés localement, les fromages mâconnais représentent 1 % des volumes des AOC chèvres en France, vendus à 70 % en commerce traditionnel. Une situation en décalage par rapport aux autres AOC fromagères, vendues elles, à 85 % en grande distribution. « Il nous faut attaquer des marchés plus significatifs », enjoignait Thierry Chevenet, souhaitant ainsi « une vraie filière » pouvant atteindre 150 t. Globalement, les parts de marchés gagnées se font au détriment des autres AOC chèvres, principalement sur le bassin local et sur le Lyonnais.
« Ce qui casse les reins d’un tas de producteurs, ce sont ceux qui vendent des produits pas chers car ils ne comptent pas leurs temps. Cela casse la valeur ajoutée de l’AOP », analysait Daniel Rizet. Pourtant, « la porte d’entrée pour faire venir de nouveaux producteurs, c’est la valorisation, concluait le conseiller général, André Peulet, ensuite, ils viendront d’eux-mêmes ».




GIE bis repetita ?



Présentant les réflexions menées lors de l’Avenir en confiance, Christophe Fouilland, de la chambre d’agriculture, expliquait les perspectives s’offrant aux deux AOC fromagères du département et à la filière caprine. Trois priorités d’action ont été gardées pour obtenir un « effet de levier » « réaliste ».




Daniel Rizet réagissait au sujet de la création d’un GIE (Groupement d’intérêt économique) qui avait déjà été un « échec » : « Quand il y a des commandes en quantité de fromages précises à tel stade, certains ne se sont jamais imposés une rigueur extrême. Résultat : les fromages sont revenus et après, les grossistes ont sélectionné certains éleveurs et n'ont plus voulu des autres, faisant preuve de trop d’amateurisme ». Il en appelait donc à restreindre l’accès de ce GIE aux seuls professionnels, « pour conserver les débouchés ». Thierry Chevenet finissait optimiste : « On est sur la bonne voie, et on voit émerger travail depuis un an ou deux une dynamique sur l’ensemble de la filière ».



Plus de grilles régionales pour indexer !



« Valoriser l’AOP, oui ; pour celui qui peut finir son produit. Sinon, ce n’est pas le cas pour celui qui produit du lait pur. Son prix n’a fait que baisser. Les charges augmentent. Si c’était à refaire, je ne me serais pas installé avec autant de chèvres ». Le coup de gueule de Marie-Pierre Bessière, éleveuse à Bourgvilain, a eu le mérite de mettre en avant la mauvaise conjoncture du lait de chèvre. A tel point, que l’indexation du prix du lait - fait à partir des grilles régionales ou nationales – n’a plus lieu, tant la tendance est baissière. L’éleveuse posait donc clairement la question : « comment répercuter les hausses des coûts d’alimentation qui explosent cette année ? ». Les transformateurs présents dans la salle n'apportaient pas de réponse. Une « catastrophe nationale » se dessine…





Palmarès du concours de Saint-Maurice-de-Satonnay




Quatre catégories étaient ouvertes (100 % fromages de chèvre) : Mâconnais AOP, Charolais AOC, fromages frais de moins de 6 jours et fromages affinés tous formats confondus. 37 échantillons ont été présentés. 26 jurés étaient présents pour les déguster. Tous ont souligné une grande qualité des produits présentés.


Fromages Frais


1 SCEA La Baratte à Hurigny ;


2 Colette Lapray à Martigny-le-Comte ;


3 Ferme des Côteaux (Stéphane et Nathalie Decoudu) à Massilly ;


Fromages Affinés


1 Colette Lapray à Martigny-le-Comte ;


2 Régine Chalumot à Issy-L'Evêque ;


3 Chèvrerie de la Trufière (Chopin-Robin) à Chissey-les-Mâcon.


Fromages Mâconnais


1 Ferme des Côteaux (Stéphane et Nathalie Decoudu) à Massilly ;


2 SARL Chevenet à Hurigny ;


3 Exploitation du lycée agricole de Davayé.


Fromages Charolais


1 Régine Chalumot Les Bragnys à Issy-L’Evêque ;


2 Joël Bernard à Saint-Vincent-des-Prés ;


3 Gaec de la chèvrerie des Filletières à Chenôves.



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