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Jeune bovin

Les cours inquiètent les éleveurs

Les cotations FranceAgriMer du jeune bovin de conformation U ont baissé
de 11 cents en quatre semaines, sous l’effet d’une offre abondante en
Europe et d’une demande en berne en Italie. La FNB demande la création
d’une « cellule de crise » et sera reçue par le ministre de
l’Agriculture, jeudi 3 juillet.
Par Publié par Cédric Michelin
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La Fédération nationale bovine (FNB) sera reçue par le ministre de l’Agriculture, le 3 juillet, après avoir demandé par un communiqué du 25 juin, la création d’une « cellule de crise » pour la filière viande bovine française.
La fédération s’alarme de la dégradation des cours des jeunes bovins mâles au cours des dernières semaines. en France, la cotation FranceAgriMer du Jeune bovin de conformation U (JB U) a baissé de 11 cents au cours des quatre dernières semaines pour atteindre 3,87 euros le kilo de carcasse en semaine 25. Depuis janvier, les cours du JB U et du JB R ont baissé respectivement de 23 et 28 cents. Selon la FNB, le prix payé au producteur a même baissé de 50 cents depuis septembre.

Un catalogue de demandes



« Il faut passer du constat aux solutions », souhaite le président de la FNB, Jean-Pierre Fleury, très remonté, qui ne veut pas entendre parler d’une baisse du prix des broutards et déposera, jeudi, « un catalogue de demandes » sur le bureau du ministre de l’Agriculture. Le syndicat proposera des mesures concernant la compétitivité des élevages, et demandera des améliorations de l’organisation de la filière d’exportation de viande bovine. « A ce niveau de prix, la solution n’est pas à chercher du côté des éleveurs », plaide-t-il.
Pour la FNB, le temps presse. Les éleveurs de bovins viande atteignent, selon elle, « un seuil critique », avec cette nouvelle chute des cours au mois de juin. « Cette dévalorisation annihile tout résultat économique pour les éleveurs alors que leur activité dégage d’ores et déjà et depuis plusieurs années un faible revenu », s’inquiète la FNB, qui estime par ailleurs que les pouvoirs publics « semblent ignorer l’ampleur » de cette crise.

Le retour de la baisse saisonnière



Une baisse saisonnière de cette ampleur n’avait pas eu lieu depuis deux ans. En 2012 et 2013, les cours à cette saison s’étaient tenus sous l’effet de la chute du nombre d’animaux engraissés en Italie, « qui avait permis de stabiliser les prix en Italie, et par ricochet, les prix français », explique Caroline Monniot de l’Institut de l’élevage.
Cette année, les cotations françaises sont en berne sous deux influences. Les cours souffrent en premier lieu d’une offre abondante de JB en Europe début 2014. En janvier, les mâles étaient en surplus de 5% dans les ateliers européens, rapporte l’Institut de l’élevage. Puis les abattages ont logiquement grimpé, sur les trois premiers mois de l’année, chez les principaux exportateurs que sont l’Allemagne (+ 5% ; + 20.000 têtes) et la Pologne (+ 5% ; + 40.000 têtes), mais aussi l’Irlande (+ 14% ; + 14.000 têtes). Un surplus dont les cours français ont pâti, alors même que « l’offre française n’est pas si abondante que ça », observe Caroline Monniot.
Les cours du JB ont aussi souffert de la descente en gamme de la consommation de viande bovine en Italie, sous l’effet de la crise économique. Après s’être résolus à acheter de la viande importée, les consommateurs italiens achètent de plus en plus de viande polonaise, beaucoup moins chère que la viande française, et des portions de plus en plus petites. en Italie, le prix de la viande de première qualité, négocié entre abatteurs et détaillants, est passé de 6,88 euros le kilo de carcasse en janvier à 6,14 euros au mois de mai.

Inquiets pour les prochains mois



Et l’avenir pour les éleveurs français ? « Nous voyons les semaines et mois à venir sous de très mauvaise augure, s’inquiète Jean-Pierre Fleury. Nous sommes dans le marigot du marché intérieur et du marché communautaire, et nous n’avançons pas sur les marchés extérieurs ». Traditionnellement, les cours du JB ne se redressent pas avant la fin de l’été et le retour de la viande bovine dans les assiettes à la faveur de températures plus fraîches. De surcroit, l’Institut de l’élevage craint que les cours puissent baisser d’avantage sous l’effet de sorties d’ateliers importantes en France prévues pour l’été. Pour la FNB, la solution doit venir des pouvoirs publics et d’un changement de comportements dans la filière où « l’individualisme l’emporte sur le collectif ». « La FNB a déclenché un compte à rebours », annonce Jean-Pierre Fleury, qui prévoit des actions d’ampleur en cas de statu quo.



Abattoirs : Valoriser le 5e quartier



Lors du Conseil spécialisé FranceAgriMer pour la filière viande rouge, réuni le 10 juin, les pouvoirs publics ont présenté une nouvelle aide à destination des abattoirs. elle sera réservée aux investissements « contribuant à une meilleure valorisation du 5e quartier (abats, cuirs et peaux...) », annonce l’établissement public dans un communiqué du 23 juin. Cette aide complète le dispositif d’aides aux investissements du Plan abattoir, créé en 2012 et reconduit lors de ce conseil spécialisé pour l’année 2014. Ce plan doit « faciliter la mise en place d’un réseau structuré d’abattoirs » et sera doté cette année d’un budget de 4 millions d’euros, à raison d’un plafond par groupe fixé à 200.000 euros. La date limite de dépôt des dossiers est fixée au 30 septembre 2014. en 2013, 14 dossiers ont été aidés pour 3,15 millions d’euros.