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Gestion des risques en agriculture

Les différents acteurs face à la gestion des risques en agriculture

En agriculture, les risques sont nombreux et variés, l’approche de la gestion des risques est donc complexe. Pour apporter différentes approches et visions du sujet, cinq intervenants ont échangé le 22 février à l’occasion d’une table ronde organisée dans le cadre d’un colloque sur les risques en agriculture. Ils ont ainsi rappelé que cette gestion se fait à différentes échelles, de l’agriculture aux aides public, et en fonction de l’ampleur du risque.

Par Publié par Cédric Michelin
Les différents acteurs face à la gestion des risques en agriculture

« La gestion des risques est un sujet complexe à aborder, les risques sont variés, les acteurs sont divers et officient à différentes échelles » a déclaré Valérie Leroux, enseignant-chercheur en économie à UniLasalle, le 22 février, en ouverture d’une séance plénière qui s’est tenue dans le cadre d’un colloque sur les risques en agriculture, organisé conjointement par UniLaSalle, la chaire de management des risques en agriculture et Groupama Paris - Val de Loire. Afin de dresser le panorama de la gestion des risques en agriculture cinq intervenants, venant de différents horizons, ont présenté leur approche de ce sujet et les enjeux auxquels ils sont confrontés. Les risques auxquels sont soumis les agriculteurs et les filières alimentaires sont nombreux. Ils peuvent être liés aux aléas climatiques, à la volatilité des prix, à des facteurs psycho-sociaux, à la mondialisation, aux exigences des consommateurs… « La perception de ces risques par les exploitants peut varier en fonction de l’âge, de la production, de la localisation », a rappelé Aurélie Trouiller, responsable du service politique agricole et filière de l’APCA (Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture).

Différents niveaux de gestion des risques

Pour faire face à ces risques, il existe donc différents niveaux de gestion. « Ces niveaux de prévention sont liés à l’ampleur du risque », détaille la responsable du service politique et filière de l’APCA. La prévention peut ainsi se faire par l’exploitant lui-même, avec par exemple l’adaptation de son itinéraire technique et la souscription d’une assurance. « Tous les risques ne sont pas assurables, pour le moment nous nous sommes focalisés sur les pertes de volume », rappelle cependant Éric Gelpe, directeur générale de Groupama Paris - Val de Loire. Les assurances proposent donc principalement des assurances multirisques récolte, subventionnées par les aides de la PAC. La caisse gérée par Éric Gelpe assure ainsi 1 million d’hectares, sur les 4,5 millions assurés en France. En 2016, année très touchée par les aléas climatiques, cette caisse a versé 155 millions d’euros d’indemnisations pour 35 millions d’euros de cotisations. L’assurance est donc un outil de gestion de risque et notamment des risques climatiques. La gestion du risque peut également se faire au niveau collectif par le biais des interprofessions et des contrats signés entre industriels et organisations de producteurs. Ils peuvent, par exemple, permettre aux producteurs de s’assurer contre la volatilité des prix. Pour étayer ce propos, Zohra Bouamara-Mechemache, directeur de recherche en économie à l’INRA, a pris l’exemple de contrats dans la filière volaille où les éleveurs sont assurés contre les risques de production, car ils ne sont pas les propriétaires des animaux. Ils fournissent un service à l’industriel. Pour la chercheuse ce type de contrat présente cependant quelques inconvénients. Ainsi, pour elle, les agriculteurs ne sont pas incités à améliorer leurs performances. Elle voit également dans les contrats qui assurent une rémunération aux agriculteurs une bonne protection contre la volatilité des prix. Toutefois, elle rappelle, qu’avec ces contrats, une augmentation des prix du marché ne sera pas répercutée sur la rémunération du producteur.

Une politique européenne perfectible

Enfin, le niveau de gestion des risques le plus large est celui des aides publiques qui proviennent de la France et de l'Union européenne. La PAC dispose ainsi d’une boîte à outils permettant d’accompagner les agriculteurs dans la gestion des risques. Elle a été modifiée par Omnibus en fin d’année 2017. Des changements notables ont ainsi été observés dans les subventions des assurances récoltes, le seuil de déclenchement est ainsi passé de 30 à 20%. « Au niveau européen nous disposons donc d’un bon arsenal d’outils pour la gestion des risques », affirme Chiara Dellapasqua, analyste des politiques à la direction générale de l’agriculture et du développement rural à la Commission européenne. Elle ne parle néanmoins pas de succès pour la politique de gestion des risques dans l'Union européenne. Elle a notamment remis en cause les critères d’éligibilité trop stricts et pas assez attractifs. L’analyste a de ce fait présenté les orientations de la future PAC où la résilience des exploitations et la gestion des risques apparaissent comme des priorités. L’Union européenne souhaite, par exemple, créer une plateforme sur la gestion des risques. Elle doit permettre l’échange d’informations sur le sujet entre les exploitants afin qu’ils puissent trouver l’outil adapté à leurs problématiques. Pour conclure sa présentation, Aurélie Trouiller a précisé que la prévention, le conseil et la formation sont des outils essentiels pour accompagner les agriculteurs dans la gestion des risques. Il s’agit donc, pour l’APCA, de sujets centraux.