Les éleveurs bovins dénoncent les incohérences des Gouvernements européens...
Le 28 novembre, la section bovine de la FDSEA alertait le préfet de Saône-et-Loire sur les risques que font les accords de libre-échange que la Commission européenne signe à tire-larigot et dont la facture sera à régler par les seuls éleveurs ! L’exaspération est à son comble.

Alors que le Ceta est entré en application provisoire depuis le 21 septembre dernier - et cela avant même sa possible ratification par le Parlement français… - et qu’un accord entre l’Union européenne et le Mercosur semble sur le point d’être conclu, les éleveurs de bovins viande ont choisi, une fois encore, d’alerter sur les risques encourus.
A cet égard, la Fédération nationale bovine organisait une journée de mobilisation, dans toute la France. En Bourgogne Franche-Comté, les différentes sections bovines avaient ainsi pris rendez-vous avec leur préfet pour leur faire toucher les réalités concrètes qu’il résultera de cette politique ultra-libérale qui condamne à mort l’élevage bovin européenne, mais tout particulièrement l’élevage allaitant français.
C’est ainsi qu’une délégation de la section bovine de la FDSEA et des Jeunes agriculteurs de Saône-et-Loire s’est rendue à la préfecture. Dans la foulée, un communiqué était adressé à la presse pour rappeler les positions de la profession et son opposition farouche tant à l’application du Cetat, l’accord avec le Canada, que celui en négociation avec les pays d’Amérique du Sud, le Mercosur, et au sujet duquel Bruxelles se dite prête à lâcher du lest, notamment en ce qui concerne la viande… Les députés ont, eux aussi, été alertés.
Une menace sans précédent
Et de fait, la menace que font peser ces accords sur l’élevage bovin viande français est sans précédent. Ce sont, en effet, 20 à 30.000 emplois d’éleveurs qui pourraient disparaître sous le seul poids des importations cumulées, près de 200.000 tonnes de morceaux nobles, en provenance du Canada et d’Amérique du Sud, notamment du Brésil. Des viandes, faut-il le rappeler issues de systèmes de production peu ou pas règlementés. Pour preuve, la Russie a annoncé, le 21 novembre, la suspension de ses importations de viande brésilienne après y avoir découvert de la ractopamine et quelques autres hormones de croissance interdites sur son territoire.
Pour les éleveurs, « cette annonce vient, une fois encore, après l’affaire dite "de la viande avariée" qui a secoué le pays au printemps dernier et dont nul ne sait quelles conséquences ont été ou non tirées. De quoi accabler un peu plus encore le système de traçabilité des viandes du Brésil… ».
Déconnectée !
Dans le même temps, la Commission européenne met tout en œuvre pour conclure au plus vite un accord avec le Mercosur et ainsi ouvrir grandes les portes de son marché aux viandes bovines brésiliennes !
« Une attitude aussi désinvolte et irresponsable que dangereuse », dénonce la profession qui s’interroge d’ailleurs sur le pourquoi de l’envie de Bruxelles de conclure au plus vite les négociations… A ce titre, la section bovine plaide pour que le Gouvernement et les Parlementaires - nationaux et européens - s’engagent à leurs côtés pour protéger leur secteur et la santé des consommateurs !
Et les intérêts des consommateurs rejoignent une fois encore très clairement ceux des producteurs, lesquels seront, ni plus, ni moins, que laminés par la déferlante de viandes d’importation. Bruxelles est déconnectée, à moins que ses intérêts ne sont tout bonnement pas ceux des consommateurs et des éleveurs…
Des demandes claires !
Ce 28 novembre, les éleveurs ont formulé plusieurs demandes. Et d’abord au Gouvernement :
- installer en urgence une commission d’experts chargée d’évaluer les conséquences de l’accord UE-Mercosur pour l’élevage, la santé et l’environnement ;
- s’engager à refuser tout accord incluant une offre de viande bovine au Mercosur, en cas de dangers avérés ;
Quant aux députés européens, les éleveurs leur demandent d’impulser la création d’une commission d’enquête sur les conditions de certification sanitaire des viandes brésiliennes, pour pallier le retard - et la faiblesse - des enquêtes annoncées par la Commission européenne.
Enfin les éleveurs demandent aux députés et sénateurs français de refuser de ratifier le Ceta qui ouvrira obligatoirement la voie à de nouveaux accords destructeurs pour l’élevage et largement rejetés par la société.
Dernière chose, les éleveurs invitent les consommateurs à se joindre à leurs demandes. Ces demandes sont claires et chacun observera qui, dans les jours et semaines à venir, choisira de défendre les intérêts communs des producteurs et des consommateurs ou, au contraire, des intérêts plus obscures…