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Section bovine

Les éleveurs en position de force !

Sans tambours ni trompette, la section bovine de la FDSEA poursuit son action avec efficacité. Relayés par la FNB, les producteurs de viande bovine commencent à inquiéter les acteurs économiques peu vertueux. L’interprofession poursuit son travail de VRP à l’export dans le but de bâtir des débouchés pérennes. Au niveau départemental, la section réalise un véritable travail de fourmi en encourageant toutes les filières locales.
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Réunie en assemblée générale à Ecuisses le 30 janvier, la section bovine de la FDSEA s’est livrée à un compte-rendu d’activité pour le moins combatif. Alertés par le scandale de la viande de cheval l’an dernier, ses responsables ont mis les bouchées doubles dans leurs efforts de promotion de la Viande bovine française (VBF) en Saône-et-Loire. Ces investigations ont mis en évidence que la plus célèbre des enseignes de restauration rapide n’augmentait pas son tonnage de VBF, alors même que ses tonnages de viande totaux ne cessaient de croître en France. Et les marchands de hamburgers ne sont pas les seuls à ne pas faire honneur au VBF, la viande d’Amérique du sud n’étant jamais absente des frigos. A ce sujet, chacun est invité à se référer à notre article du 25 octobre dernier publié en page 8. Eloquent !

Peur d’écorner leur image !


Ces actions à l’échelle de la Saône-et-Loire ont néanmoins permis de mesurer à quel point les patrons de ces enseignes étaient terrorisés à l’idée de voir écorner leur image ! C’est l’une des grandes leçons de l’année passée : les industriels de la restauration et de l’alimentaire ont une peur bleue des scandales sanitaires et de la mauvaise image qu’ils pourraient livrer aux consommateurs. « Cela place la profession en position de force pour aller discuter directement avec ces industriels », commentait Michel Joly, secrétaire général. Un travail discret, mais offensif que les éleveurs mènent au niveau national par le biais de leurs représentants à la Fédération nationale bovine (FNB).
Et en dépit de la supposée puissance des industriels et autres distributeurs d’envergure internationale, la profession a des cartes en main pour forcer ses interlocuteurs à jouer davantage le jeu de la production française. Car les entreprises en question seraient loin d’être exemplaires vis-à-vis de l’économie française, faisait comprendre le vice-président de la FNB, Jean-Pierre Fleury. Et ils ne veulent pas que ça se sache ! Question d’image toujours…

Prospecter le marché local


L’autre volet de l’action sur le marché intérieur porte sur le local. Dans ce domaine, la section bovine a rencontré l’hôpital de Paray-le-Monial qui prépare des repas pour des collectivités. Désireux de s’inscrire dans une démarche plus responsable, le restaurant collectif s’est remis à s’approvisionner auprès de l’abattoir Charolais Viandes. « Il s’agit là de recentrer notre production sur le local », expliquait le président de la section bovine, Christian Bajard. Dans le même ordre d’idée, la section bovine soutient l’Association de sauvegarde de l’abattoir d’Autun. « La communauté de communes s’est engagée à construire une nouvelle chaîne d’abattage à Autun, mais à condition que les éleveurs s’engagent en cautionnant ces travaux », rappelait le président de l’association Jean-Philippe Nivost pour qui « l’existence d’un outil de proximité comme Autun est une chance aujourd’hui ». Ce dernier prenait l’exemple de l’approvisionnement local instauré entre un groupe d’éleveurs et une grande surface de la région du Creusot dont les volumes ont augmenté de +15 % l’an dernier. Des animaux qui sont tués à Autun et qui pourraient en amener d’autres, tant la clientèle des grandes surfaces semble intéressée par les circuits courts.

Opportunités sur le marché mondial


Le troisième volet sur lequel la profession entend agir est l’export. Si jusqu’alors, les tentatives en direction des pays tiers n’ont pas été à la hauteur des espérances, des opportunités existent toujours sur le marché mondial, expliquait Baptiste Buckzinski d’Interbev. Le contexte de production est toujours déficitaire avec des opportunités de marché qui se font jour en Turquie, en Chine, au Japon, en Afrique du Nord, en Russie… Si un problème de compétitivité subsiste vis-à-vis de pays tels que l’Inde, un phénomène de convergence des prix mondiaux atténue le handicap des pays européens. Dans ce contexte, s’il exporte à nouveau, le Brésil n’est en revanche pas en mesure de nourrir le monde et la France a pour elle la qualité de ses produits et leurs vertus paysagères. « Il faut rester à l’affût de toutes ces niches export. C’est là-dessus que se joue l’équilibre du marché », résumait Baptiste Buckzinski.

Des partenariats à construire


Mais « pour saisir toutes ces opportunités sur les pays tiers, il faut structurer », avertissait Jean-Pierre Fleury. En clair, il faut passer d’une stratégie « de coups » à une « construction de partenariats avec les clients ». Récemment, le président d’Interbev accompagnait le président de la République en Turquie. Un voyage « qui a soigneusement été préparé en amont », confiait le vice-président de la FNB : « la Turquie devient une plaque tournante : il faut l’aider à moderniser ses outils d’abattage, son engraissement… ».
Le développement de l’export butte aussi sur la mauvaise volonté de certains opérateurs français, comme cet abatteur qui ne tient pas à aller à l’export au risque de voir augmenter le prix de la viande en France… « Il faut le faire avec ceux qui veulent le faire ! C’est ce qui s’est passé pour le GEF. Certains opérateurs se sont montrés particulièrement timides pour aller à l’export… Mais le GEF continue de se perfectionner et nous travaillons avec les services de l’Etat pour construire l’export pour demain », plaidait Jean-Pierre-Fleury.

Lobbying économique


Ce tour d’horizon prouve que l’action du syndicalisme s’est beaucoup transformée, notamment depuis le blocage de Bigard en 2011. Si les éleveurs n’en prennent pas toujours la juste mesure, la profession s’est dotée d’une véritable force de lobbying au moyen de son réseau national. Avec Interbev, la FNB est aujourd’hui en mesure de mener une action syndicale portant sur l’économie et le commerce international. « C’est elle qui décide si Mac Do a sa place au Salon de l’agriculture ou non », confiait Jean-Pierre Fleury. Son aura auprès des politiques et de l’Etat a permis de faire entendre ses craintes sur la nouvelle Pac (lire encadré).
Au national comme au départemental, la profession se doit plus que jamais d’aller au devant des parlementaires français et européens. « Il faut les alimenter, leur expliquer la situation de l’élevage, les enjeux », conseillait Jean-Pierre Fleury. La question de l’étiquetage des viandes par exemple doit être exposée sans tarder au député européen de la circonscription. « Car tout se joue à la Commission européenne », avertissait le responsable de la FNB.



Réforme de la Pac

« Perdants sur toute la ligne… »


L’activité de la section bovine est marquée par la réforme de la Pac. Telle qu’elle était présentée début février, la nouvelle Pac se traduisait par une substantielle perte de revenu pour les éleveurs du département, « -12.000 € » calculait un éleveur de Saint-Eugène.

« La mécanique est enclenchée… »


Si la profession aura jusqu’au bout tenté de sauver ce qui pouvait l’être, le vice-président de la FNB ne cachait pas que la profession s’était toujours montrée « extrêmement méfiante vis-à-vis des promesses du ministre ». En clair : la mécanique de la disparition des aides semble enclenchée, avec -7 % dès 2014. Désormais, il semble bien qu’il faille mettre à profit le temps qu’il reste pour s’adapter à une absence d’aide. « L’avenir ne va pas se construire sur des primes, mais sur des prix », prévenait sans langue de bois Jean-Pierre Fleury.




« On ne bâtit pas une filière avec des raisonnements à la semaine ! »


Pour le vice-président de la FNB, un gros effort de structuration et d’organisation est nécessaire sur le marché intérieur. « En 2014, on sait qu’il y aura 100.000 animaux de plus à commercialiser. On sait qu’il y aura une reprise des ventes de réformes allaitantes et une sortie de réformes laitières. Tout cela, on le sait parfaitement ! A nous de l’anticiper et de trouver les marchés. Car on ne bâtit pas une filière avec des raisonnements à la semaine ! », alertait sans détour Jean-Pierre Fleury. En ligne de mire : les opérateurs économiques qui auraient encore un gros travail à faire sur eux-mêmes.




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