Les éleveurs prêts à s’engager
170 adhérents déterminés
Outre les représentants de la FDSEA et la plupart des administrateurs de l’association, le président Jean-Philippe Nivost avait à ses côté la représentante de la Communauté de communes de l’Autunois (CCA) Marie-Claude Barnay. Un technicien du Parc naturel régional du Morvan était également venu assister à la réunion. Celle-ci s’est déroulée en présence de Christophe Fouilland, responsable du service Elevage à la chambre d'agriculture et qui assure le suivi technique du dossier.
L’association compte à ce jour 170 adhérents. Des adhésions qui se sont surtout concrétisées au moment de la réunion constitutive d’Autun en juin 2012. Des cotisations supplémentaires ont notamment été contractées à l’occasion de la foire économique de l’automne dernier, puis lors d’une opération de communication sur le marché d’Autun il y a quelques semaines.
Association désormais actionnaire
Conformément à ce que préconisait « le rapport de la cour des comptes », la CCA a du céder une partie de ses parts sociales dans la Sica de l’abattoir. Une partie de ce capital a pu être repris par l’association qui, pour ce faire, a bénéficié d’une subvention de la chambre de commerce, expliquait le trésorier François de Guélis. Désormais, les parts sociales de la Sica sont réparties comme suit : 30 % sont détenus par la Société d’agriculture de l’arrondissement ; 20 % par l’association ainsi que la chambre d’agriculture ; 10 % par la CCA ; les 40 % restants se partageant entre éleveurs, bouchers et autres utilisateurs.
L’autre urgence pointée par le rapport de la Cour des comptes était la « révision de la délégation de service publique de la gestion de l’abattoir ». Début février, la Sica a déposé un dossier de candidature auprès de la CCA, propriétaire de l’outil, pour pouvoir poursuivre la gestion de l’activité de l’abattoir, rapportait le président de la Sica Bernard Joly.
Urgence !
Le troisième impératif assigné à la Sica est de « retrouver l’équilibre financier », ce qui revient à « ramener du tonnage ». Sur ce point, le partenariat avec l’industriel SVA est une première réponse (lire encadré). Mais, la vétusté de l’outil commence à peser sur le fonctionnement quotidien de l’abattoir, entraînant des frais supplémentaires et des soucis… « L’attente d’un outil neuf risque d’être longue ! », s’inquiétait Bernard Joly. « Des décisions sont à prendre de toute urgence ! », convenait-on autour de la table. D’autant que dans l’hypothèse où l’on se lancerait dans une procédure de construction d’un outil neuf, il faudrait tabler sur une ouverture pas avant janvier 2016, indiquait Christophe Fouilland.
Garantir le tonnage
Du côté de la CCA, « étant attachée au développement des filières courtes, évidemment que l’abattoir est essentiel pour nous », rassurait Marie-Claude Barnay. Mais cette dernière ne cachait pas que pour convaincre l’ensemble des élus communautaires, il allait falloir une « mobilisation de la filière sur le tonnage ». Car pour être viable et couvrir tous ses frais, le nouvel abattoir d’Autun devra traiter au minimum 2.000 tonnes par an. Un volume qu’il faut être en mesure de garantir.
Du côté de la Sica, « on peut encore récupérer des clients : par exemple des bouchers prêts à tuer en direct », confiait Bernard Joly. De son côté, Jean-Philippe Nivost faisait état de l’expérience encourageante conduite avec le magasin Leclerc du Breuil. « Nous sommes parvenus à passer d’une à quatre bêtes par semaine », rapportait le président. Il faut aussi citer les éleveurs de la Côte-d’Or qui sont nombreux à préférer l’abattoir d’Autun pour leurs abattages de vente directe. D’autres perspectives sont peut-être envisageables aussi avec le Parc naturel régional du Morvan, soucieux de l’avenir de l’élevage sur son territoire et qui promeut la marque "Parc" pour la viande produite en Morvan. Tout cela s’ajoutant bien sûr au regain d’activité apporté par SVA qu’il faudra cependant confirmer. Et il conviendra sans doute de trouver des marchés supplémentaires pour combler le manque de chevillards.
Engagement concret des éleveurs
Mettant un terme à de longues discussions, Bernard Lacour prenait l’initiative d’accélérer la cadence en proposant un programme en deux temps. Première étape, « organiser une assemblée générale qui serve de coup de projecteur en interpelant les élus sur l’abattoir ». Deuxième étape : donner le signal que tout le monde attend pour traduire la mobilisation, c'est-à-dire « recenser qui s’engage concrètement en cautionnant l’investissement ». Pour le secrétaire général de la FDSEA, il s’agirait pour chaque utilisateur de l’abattoir de s’engager sur un tonnage donné et de verser la somme correspondante sur un compte bloqué à la banque. Cette caution permettrait ainsi de compenser un éventuel déficit de tonnage et les utilisateurs auraient aussi à s’acquitter de la taxe d’usage en cas de manque d’activité.
Sica de l’abattoir d’Autun
Hausse en 2012, mais baisse attendue en 2013
En 2012, le tonnage réalisé par l’abattoir d’Autun a atteint 2.040 tonnes. C’est pratiquement 200 tonnes de plus que l’exercice précédant et 400 tonnes de mieux qu’en 2011. « Cette hausse provient essentiellement du doublement de volume pour le compte de SVA », expliquait le président de la Sica, Bernard Joly. Depuis trois ans, un partenariat lie en effet l’industriel breton avec l’abattoir d’Autun pour un approvisionnement en viande bovine sur la région. 2012 a également bénéficié d’une hausse des volumes réalisés dans le cadre de l’abattage rituel. Mais ce créneau ne sera pas reconduit en 2013, indiquait Bernard Joly. Ce dernier ne cachait pas que la hausse de l’exercice passé « masquait en fait une baisse importante de tous les autres utilisateurs : chevillards, bouchers, vente directe… ». La faute sans doute à la hausse des cours des bêtes grasses et aussi à la crise économique qui freine la consommation. Les prévisions de tonnage sont de nouveau à la baisse pour 2013, prévenait Bernard Joly.
La Ferme de la Chassagne à Laizy
Chambres d’hôtes et produits du terroir
La Ferme de la Chassagne compte quatre chambres d’hôtes et propose une table d’hôtes avec laquelle sont valorisés les produits de l’exploitation. Celle-ci couvre 17 hectares où sont élevés cinq vaches laitières, huit chèvres, une vingtaine de brebis, quelques porcs et des volailles. Les animaux sont abattus localement et transformés en produits du terroir et de saison.
La Ferme de la Chassagne est tenue par Françoise Gorlier qui a créé son activité il y a une quinzaine d’années. Cette Saône-et-Loirienne, d’origine clunisoise, qui faisait auparavant carrière dans l’Administration, rêvait « d’avoir sa ferme-auberge ». A 45 ans, elle réalise le grand saut après s’être formée à Etang-sur-Arroux avant de s’installer dans une vieille ferme à restaurer sur les premières pentes menant au Mont Beuvray.
Une reconversion professionnelle « tardive » qui l’a obligée à emprunter la voie "hors cadre familial". Françoise Gorlier ne cache pas qu’il lui a fallu pas mal « galérer » pour arriver à ses fins. Mais son courage et sa force de conviction sont aujourd’hui bien récompensés. Chambres et table d’hôte ne désemplissent pas. « Emerveillés par les paysages de bocages » de ce coin d’Autunois-Morvan, les clients viennent et deviennent fidèles « et ils sont très sensibles aux produits qu’on leur propose », confiait Françoise Gorlier.