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Production laitière

Les enseignements de la méthode "Tham"

Invité de la dernière assemblée générale de Saône-et-Loire Conseil Elevage, Patrice Dubois, directeur du contrôle laitier du Rhône, a présenté une nouvelle méthode d’observation des vaches laitières. Son principe : se servir de tous les indices visuels ou chiffrés à la disposition de l’éleveur pour mieux ajuster conduite alimentaire, lait et reproduction.
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"Tham" - pour Tarine, Holstein, Abondance, Montbéliarde - est une méthode d’observation des vaches laitières destinée à améliorer les résultats de reproduction. « Le gros challenge est d’allier lait, santé et reproduction », ce qui revient à « travailler mieux pour dépenser moins » ou encore à « mieux gérer les taries », expliquait Patrice Dubois, directeur du service de promotion de l’élevage laitier du Rhône (contrôle laitier), invité de l'assemblée générale de Saône-et-Loire Conseil Elevage le 12 février dernier.
La méthode Tham combine l’observation proprement dite des animaux avec les résultats d’analyse individuels. Le diagnostic qui permet de décider de la mise à la reproduction, s’appuie sur les facteurs pénalisant la fertilité, les notes d’état corporel, le remplissage du rumen et la lecture des taux. A la clé, Patrice Dubois estime qu’un gain de coût de production de 40 €/1.000 litres de lait est possible. Le technicien précise par ailleurs que le plus important n’est pas le volume total de production d’une vache, mais plutôt la production en cent jours qui doit être de l’ordre de 4.000 litres, indique-t-il.

Ce que dit la note d’état


« La note d’état corporel est un vrai traceur de l’alimentation », annonce d’emblée Patrice Dubois. Une montbéliarde doit se tenir entre 2 et 4 suivant une courbe caractéristique décroissante au cours de la lactation. Les élevages, dont la courbe d’état corporel de leurs vaches est soit trop haute (trop grasses) soit trop basse (trop maigres), ont forcément des problèmes de reproduction, explique le technicien. De gros écarts sont constatés entre élevages. « Une majorité de vaches notées entre 4 et 4,5 d’état traduit une ration hyper énergétique. La plage de vêlage idéale pour une montbéliarde se situe entre 3,5 et 4. Attention aux rations trop énergétiques avec cette race », met en garde Patrice Dubois. Ce dernier rappelle que la ration des vaches taries n’est pas faite pour engraisser mais pour « préparer le rumen à la future lactation ». A la mise à la reproduction, il faudrait une note d’état comprise entre 2,5 et 3. Or dans les faits, on constate que les vaches à l’insémination varient de 1,5 à 4 en note d’état. Pour la race Holstein, il faut tabler sur une courbe de profil identique à la montbéliarde, mais avec un demi point d’état d’écart, selon Patrice Dubois.

Savoir lire le remplissage du rumen


« La note de remplissage du rumen est un critère encore plus prédicateur dans le court terme », poursuit le technicien. Cette note traduit « l’équilibre sanitaire de la ration ». L’appréciation du remplissage du rumen se fait en observant la vache à la fois de l’arrière et sur le côté. De l’arrière, la silhouette « poire-pomme » est particulièrement caractéristique avec une panse qui, du côté gauche présente un arrondi en forme de pomme et de l’autre, à droite, en forme de poire. Sur le côté du rumen, c’est l’apparition d’un « triangle » qui se creuse qui est facilement repérable. Patrice Dubois donne comme objectif que la vache ait une note de remplissage du rumen égale à 3 trente jours après le vêlage.

Attention aux pattes et à la qualité de corne


Entrent également dans l’observation des animaux la note de locomotion et la note de signe mineur. La note de locomotion désigne trois situations : « sans gêne, avec légère gêne ou boiterie ». La note de signe mineur prend en compte la présence « d’œdème mammaire, de déformation des sabots, de poils ternes, d’une encolure détendue… ». Concernant la locomotion, Patrice Dubois indique que si 80 % des Holsteins ont de bonnes pattes, les choses sont un peu moins bonnes en race montbéliarde avec seulement 70 %. Si les animaux se présentent en général bien au niveau de leur état corporel ou de leur rumen, les résultats sont moins favorables au niveau des aplombs ou des onglons. Pour le technicien, un gros travail serait à faire sur les pattes des Montbéliardes. Les principaux signes mineurs sont liés à un déficit énergétique, indique Patrice Dubois. La qualité de corne serait plus particulièrement à améliorer chez les Montbéliardes.

Vêlage et délivrance


La méthode Tham prend également en compte les notions « d’hygiène au vêlage » et de « non délivrance ». « 70 % des Holsteins vêlent sans aide et sont vues délivrées », rapporte Patrice Dubois. Ce pourcentage monte à 80 % chez les Montbéliardes, complétait le technicien. Cette différence est sans doute liée au fait qu’il y aurait davantage de Holsteins qui aborderaient le vêlage avec un déficit énergétique. Patrice Dubois recommande de réserver du bon foin en plat principal aux vaches taries. Un régime qui permet « d’éviter l’excès énergétique tout en préparant bien le rumen ».

TB, TP et leucocytes demeurent la base de tout


Derniers indicateurs cités, mais pas des moindres : taux protéiques et butyreux (TP et TB). Le TP est le « traceur de l’énergie », rappelle Patrice Dubois alors que le TB est plutôt le traceur de la santé. Pour le TP, le niveau d’alerte bas est 28 quelle que soit la race, indique le technicien. La valeur du TB doit être 7 à 8 points plus élevée que celle du TP : autour de 31 en TP pour 39 en TB pour une Montbéliarde à 100 jours.
« La maîtrise des déficits énergétique est essentielle. TB, TP et leucocytes demeurent la base de tout ! Et les nouvelles analyses ne remettent pas en cause leur importance », conclut Patrice Dubois.


Corrélations avec les alertes alimentaires et l’urée


Sur les élevages observés, il a été vérifié que le constat d’animaux présentant à la fois un manque d’état ; un rumen pas assez marqué ; au moins une gène au niveau de la locomotion et un « signe mineur » était corrélé avec les alertes alimentaires émises par le contrôle laitier. « Ces indicateurs sont également corrélés avec les résultats d’analyse d’urée », indiquait Patrice Dubois.


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