Les espoirs de la profession agricole en vue des prochains Etats généraux de l’alimentation
Promis par Emmanuel Macron lors de sa campagne, les Etats généraux de l’alimentation vont être lancés le 20 juillet. Pour la FNSEA, ils devront aboutir sur des résultats concrets dès la fin de l’année pour permettre un retour de la valeur aux producteurs.

« On a aujourd’hui une possibilité de convergence que l’on n’avait pas il y a quelques années », explique Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, quelques jours avant l’ouverture des Etats généraux de l’alimentation. Car si les différents acteurs de la chaîne alimentaire ont déjà été mis plusieurs fois autour de la table, l’évènement qui sera lancé le 20 juillet à Bercy, avec des interventions du Premier ministre et du président de la République, est porteur d’espoirs nouveaux pour la profession agricole qui souffre depuis plusieurs années de prix trop bas. « Sur 2016, il y a eu 1 milliard d’euros de valeur en moins », d’après le rapport de l’Observatoire des prix et des marges, rappelle Christiane Lambert. C’est pourquoi le premier chantier des états généraux devra aboutir dès l’automne sur une modification de la Loi de modernisation de l’économie (LME) à base de « frappes chirurgicales », pour la présidente de la FNSEA qui ne souhaite pas une refonte totale de la loi. Plusieurs points pourraient ainsi être modifiés. Tout d’abord, une application plus juste du seuil de revente à perte, dont le flou autour de la mise en pratique permet à certains distributeurs de vendre à des prix extrêmement bas, poussant les concurrents à s’aligner. « Mais aujourd’hui, même la distribution s’interroge » face à la destruction de valeur qui en résulte, précise Christiane Lambert. Par ailleurs, l’encadrement des promotions permettrait également d’enrayer la course aux prix bas. L’objectif est faire passer ces mesures d’ici octobre, pour qu’elles soient effectives avant l’ouverture des négociations commerciales.
Responsabilisation de tous les acteurs
Néanmoins, « la loi ne réglera pas tout », reconnaît la présidente de la FNSEA qui appelle aussi à « une responsabilisation de tous les acteurs » de la filière, notamment pour « remettre la construction des prix en marche avant ». Prenant l’exemple du porc, Christiane Lambert explique ainsi que la hausse des prix producteurs de 23 % en 2016 n’a pas pu être répercutée par les transformateurs auprès des distributeurs -ils n’ont obtenu que +1,8 %- ce qui a poussé certains industriels à s’approvisionner en Espagne. Or, « quand le prix du pétrole augmente, on augmente le prix à la pompe. De même, quand le prix du coton augmente, le prix des vêtements augmente », une répercussion inexistante dans la filière alimentaire, regrette-t-elle. La présidente de la FNSEA pousse également à une meilleure organisation de la production, notamment par une généralisation de la contractualisation, mais aussi à travers un renforcement des interprofessions et du pouvoir des organisations de producteurs (OP), aujourd’hui bridées par le droit à la concurrence. Si ce sujet s’appréhende au niveau européen, « c’est la France qui doit le porter », estime Chistiane Lambert, et les Etats généraux seront l’occasion d’interpeller à ce sujet un président de la République très attaché à la question européenne. La profession agricole entend également jouer un rôle important dans les débats du deuxième chantier, qui traitera de l’alimentation durable. L’agriculture a en effet amorcé sa transformation il y a un certain nombre d’années, en réduisant sa consommation de produits phytosanitaires, en s’attachant au bien-être animal ou à la préservation de la biodiversité. Cependant, « quand on est dans le rouge, il est difficile de faire plus vert », rappelle Christiane Lambert. La question du retour de la valeur sur les exploitations est donc un préalable aux investissements. Dans cet effort, la filière entend également compter sur le plan d’investissement de 5 milliards d’euros qui lui est destiné et qui doit être mis en œuvre à l’issue de ces états généraux.