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Enseignement agricole public

Les fermes planchent sur l’agro-écologie

Le “produire autrement” trouve une place privilégiée au sein des exploitations et ateliers technologiques des établissements publics de l’enseignement agricole. Mais il y a encore des choses à approfondir.
Par Publié par Cédric Michelin
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« Le ministre de l’Agriculture porte un projet d’agro-écologie. Mais les établissements d’enseignement agricole ne l’ont pas attendu pour aller dans ce sens », résume Patrice Cayre, en marge des 8e rencontres nationales des directeurs d’exploitations agricoles et d’ateliers technologiques des établissements d’enseignement agricole public, qui se sont tenues à Obernai, dans le Bas-rhin, du 16 au 18 avril. Ces rencontres, désormais bisannuelles, permettent à ceux qui dirigent les fermes et ateliers des établissements publics d’échanger sur leurs pratiques, entre eux et avec les acteurs institutionnels notamment. Le thème de 2013 : “innovation, agricultures et partenariats” frôlait celui de l’agro-écologie. sur ce point « on ne part pas de rien, loin de là », a reconnu Mireille Riou-Canals, la directrice générale de l’enseignement et de la recherche (DGER), venue clore ces rencontres. Tandis que Bernard Garino, ancien inspecteur de l’enseignement agricole, invité en tant que grand témoin à ces rencontres, rappelait que le père de l’agro-écologie, Olivier de Schutter, mentionne lui-même l’importance de « fermes-écoles »

Des exploitations en avance sur la ferme France



Les chiffres sont éloquents : 60 % de ces exploitations liées à l’enseignement ont une action en lien avec Ecophyto, 60 % ont au moins un atelier en production biologique ou en cours de conversion et 11 % des exploitations ont la totalité de leur surface en agriculture biologique, ce qui représente plus de 13 % de la surface agricole de ces fermes de l’enseignement. Une cinquantaine sont engagées dans une action de production d’énergie renouvelable ou transition énergétique. Enfin, « 80% de nos centres sont engagés dans des projets Casdar ou dans les réseaux mixtes technologiques (RMT) », signalait Frédéric Grattepanche, président de l’association des directeurs d’exploitations agricoles et d’ateliers technologiques de l’enseignement.

Points à approfondir



Mais il reste, bien sûr, des choses à approfondir. « Il y a des tensions qu’il faut surmonter pour aller plus loin », a conclu Mireille Riou-Canals. « Nous avons de beaux outils, mais l’utilisation pédagogique n’en est peut-être pas encore optimisée », signalait-elle. Parmi les conclusions d’un rapport remis par l’inspection de l’enseignement agricole, la directrice de l’enseignement et de la recherche citait les recommandations suivantes : renforcer la place du “produisons autrement” dans les référentiel de formation, mobiliser des dispositifs disponibles (tiers temps, chefs de projets). « Je pense, a-t-elle ajouté, que le moyen central de mobilisation serait un travail tripartite que l’on pourrait mutualiser entre les directions régionales de l’agriculture et de la forêt (Draaf), conseil régional et le réseau des établissement publics locaux avec leurs exploitations » pour « rechercher dans chaque région une contractualisation sur les orientation de exploitations et ateliers, sur les indicateurs de suivi et d’évaluation de ces exploitations ». Pour les exploitations et ateliers technologiques, des portes sont entrouvertes : la DGER promet que les « tiers temps », personnels qui peuvent être délégués pour réaliser des projets au sein des établissements, passeront de 63 à 93 à la rentrée 2013, et rappelle que les réseaux mixtes technologiques doivent être renforcés pour la période 2014-2019. « L’une de nos ambitions, a signalé Mireille Riou-Canals, est aussi de recruter davantage d’ingénieurs dans nos établissements. »
Pendant ces trois journées de rencontre, les directeurs ont eux-mêmes échangé sur leurs pratiques, notamment de l’agro-écologie au sein des établissements. Bilan : le produire autrement interroger sur les moyens de former autrement.