Les forces "secrètes" de Blason
tenait son assemblée générale à Prissé. La coopérative a présenté un bon
exercice 2011/12. Après une période d’investissements pour moderniser
ses chais, après un travail sur ses coûts de fonctionnement pour les
optimiser, désormais, de nouveaux marchés valorisants sont dans sa ligne
de mire. Tous ces travaux se font de concert avec l’Union de
coopératives Blason de Bourgogne, outil ultra-compétitif en terme
logistique.
Côté frais de fonctionnement, la fusion avec l’Office de Bourgogne début 2012 a eu « des effets » dès le début de l’exercice. Pour l’activité crémants de Bourgogne, la cave est montée au capital (achat de titres de participation) de Bailly Lapierre. Autre fait marquant, les pertes liées à la « défaillance de l’agent export Roger Harris » ont été absorbées par des provisions, l’assurance, des économies d’échelles et la "liquidation" en elle même. Ce dépôt de bilan a un côté bénéfique. Depuis, la cave travaille « en direct » avec le client, à savoir Mark&Spencer (GD anglaise), économisant au passage l’ancienne commission de l’agent (56.000 €/an), expliquait le directeur Xavier Migeot.
Multiples économies
Une économie supplémentaire non négligeable tout comme celles (152.400 €) réalisées suite au travail mené sur différents postes par le directeur opérationnel. Comparativement aux trois dernières années « pour maintenir l’outil en marche », cet exercice 2011/12 a vu les investissements « limités à 500.000 € » selon Olivier Dufossé. Le budget prévisionnel 2012/13 est sensiblement du même ordre (cuverie 8.000 à Prissé, renforcement du froid sur Prissé et Verzé…). Surtout, tous les postes de charge ont été analysés pour être optimisés. A noter, la baisse du recours à de la main-d’œuvre intérimaire au profit d’une « flexibilité de notre personnel pour augmenter la capacité de production », qui pourra atteindre 7 millions de cols. La « puissance de négociation » de Blason de Bourgogne a également permis des économies sur les achats matières sèches.
L’Office de Bourgogne et l’ajout de ses deux bâtiments, sa cuverie (80.000 hl) et son terrain (1,4 ha) attenant à la cave ont aussi permis « d’éviter toute une phase d’investissements » initialement prévus à Prissé. « Nous avons donc suspendu des travaux coûteux pour attendre et envisager d’autres projets », se réjouissait Michel Barraud, président, qui entrevoit à présent « d’autres perspectives ».
Double contradictions
Des perspectives sans doute sur la partie commerciale. La cave veut être en mesure de saisir les opportunités à l’export (34 % du chiffre d’affaires) mais aussi de profiter de la future reprise post crise. « La notoriété des appellations est une valeur refuge », notait-il. D’ailleurs, sur l’exercice précédent, les pouilly-fuissés ont concurrencé « une partie des ventes de saint-véran », qui reste « le fleuron » de la cave.
Mais le vrai « nerf de la guerre » pour VTS est de développer une stratégie commerciale avec ses partenaires de Blason (voir encadré). Car la coopérative est « confrontée à deux problématiques en contradictions » : une progression du vrac (+20 %) alors que la cave souhaite « abandonner le vrac "opportuniste" » et un besoin d’un développement volumique alors que seule la grande distribution peut garantir de tels débouchés mais sans valorisation.
Suite à la « polémique » de l’an dernier, le Conseil d’administration de la cave avait décidé de « suspendre la sortie » de sa marque Solus&Vergis. C’est finalement la signature Vignerons des Terres Secrètes qui sera apposée avec un « habillage visuel se rapprochant des codes bourguignons », tout en se « distinguant par le macaron porteur de la marque » pour viser une montée en gamme.
Ce dynamisme global des marchés, avec la recherche de valorisation des vins des Terres Secrètes, couplée à une optimisation de l’outil, devrait amener des retours en progression sur les exploitations des coopérateurs.
Blason : incontournable pour les GMS
Au sein de Blason, la cave espère profiter des perspectives mondiales positives sur l’ensemble des vins tranquilles et « vins pétillants type crémants » qui sont attendus en progression rapide (Vinexpo prévoit +5 % annuel contre +3 % actuellement) à l’horizon 2016, en France et à l’export. Le meilleur rapport qualité prix sera toujours un atout tout comme l’œnotourisme, avec le caveau et le gîte (4.524 nuitées en 2011).
Outre la logistique de pointe (taux de service à 99,2 %), Blason permet « de panacher les commandes » (passées de 30 à 50 %). Blason est devenu également « incontournable pour la GMS française et britannique ». Son groupe achat bouteilles/capsules/cartons permet de réduire les coûts.
Reste que cet outil collectif ne fait pas oublier le « déficit de valorisation sur certaines appellations » que rencontre la cave, qui depuis 10 ans, tâche de « rééquilibrer le portefeuille de clients » de manière à réduire sa « dépendance à l’Angleterre tout en relevant progressivement le prix moyen de vente ». L’activité de Blason a progressé de 7,5 % en valeur et a manipulé 23,5 millions de bouteilles. « Nous savons tous –au sein de Blason– que nous ne sommes plus autonomes mais interdépendants. Soyez donc convaincus de notre motivation à construire un jeu collectif au service et dans l’intérêt de tous », concluait Michel Barraud.