Les jeunes français et leur assiette
exclusive visant à mieux connaître les comportements alimentaires des
jeunes. Des « goinfres » vigilants et respectueux de l'assiette de leurs
parents !

Bouleversement des valeurs, évolution rapide des modes de vie, généralisation de la technologie : la génération des moins de trente ans est de plus en plus présentée comme une génération de rupture. Cette rupture se retrouve-t-elle sur le plan alimentaire ? Assistons-nous à une mutation du rapport de la jeune génération à l'alimentation ? Et si oui, quid de ce pilier traditionnel de la culture française ? Telles sont les questions auxquelles cherche à répondre cette étude. Et qui doivent donner aux entreprises agro-alimentaires des clés pour comprendre les leviers et les freins inhérents à cette population et guider les entreprises dans leurs choix d'innovations à destination des moins de 30 ans.
Pratique et rapide
Les jeunes en 2016 vivent dans un monde de vitesse et de technologie. Leur alimentation quotidienne s'en ressent. La première de leurs priorités en matière alimentaire est la rapidité. Le recours aux enseignes de restauration rapide ou fast food est généralisé : 91% des moins de 30 ans y vont régulièrement ou occasionnellement contre 75% des Français. De même, les jeunes aiment se faire livrer des repas à domicile : 40% le font contre 30% des Français.
Le manque de temps incite également les jeunes Français à grignoter ou à sauter les repas plus souvent que le reste de la population. Au cours de la semaine précédant l'enquête, 82% se sont contentés plusieurs fois d'un sandwich ou ont sauté un repas contre 69% de la population totale.
De même, pour gagner du temps, le petit déjeuner du matin est simplifié à l'extrême : 68% prennent uniquement une boisson contre 58% des Français.
Se déplaçant régulièrement, et se trouvant souvent hors du domicile, les jeunes apprécient les distributeurs automatiques. 46% d'entre eux y achètent quelque chose à manger ou à boire contre 36% de la population française.
Enfin, cette génération mange fréquemment devant les écrans : 82% des moins de 30 ans l'ont fait au cours de la semaine précédant l'enquête. Il est vrai que ce chiffre est élevé au sein même de la population française (69%).
L'âge de la goinfrerie
Les jeunes aiment « s'empiffrer ». C'est même ce qui les distingue le plus du reste de la population française. Ainsi 51% disent « se goinfrer de temps en temps » contre 37% seulement des Français. Ce comportement traduit non seulement la recherche de plaisir intense, mais également une moindre attention portée à sa santé. De fait, moins d'un jeune sur deux (47%) font attention à ne pas manger des produits trop sucrés, trop salés ou trop gras, contre 60% des Français.
L'indépendance financière : une étape-clé
L'enquête montre que les jeunes n'ont pas le même comportement alimentaire selon qu'ils dépendent de leurs parents ou non. Ainsi, une étape-clé est franchie lorsque les jeunes s'assument financièrement. Une fois autonomes, les jeunes découvrent le prix des choses. L'alimentation devient de facto un poste important dans leur budget et ils l'estiment trop cher. 65% d'entre eux réduisent leurs dépenses alimentaires les derniers jours du mois (contre 51% des Français).
Un autre réflexe s'installe au moment de l'indépendance : 49% ont déjà eu recours à Internet pour faire leurs courses alimentaires contre 38% de la population totale.
Un autre changement est à souligner. Quand les jeunes deviennent autonomes financièrement, leur regard sur les marques se modifie. Ils commencent à adopter un regard plus critique et deviennent donc plus ouverts aux propositions des marques distributeurs ou des produits sans marque.
Des règles alimentaires acquises dans leur famille
Au-delà de ces comportements qui reflètent en grande partie leurs conditions de vie, l'un des résultats les plus frappants de l'étude de Sociovision pour Vitagora réside dans l'attachement des jeunes Français au modèle alimentaire que leur a transmis leur famille.
L'alimentation reste un rituel fortement valorisé par les jeunes. La règle des trois repas par jour, un rituel typiquement français, est respectée. Ainsi 89% des jeunes disent prendre leurs repas à des heures régulières.
La cuisine demeure une valeur forte auprès de la jeune génération. 50% d'entre eux aiment consacrer du temps aux repas pendant le weekend. Et 49% aiment bien innover quand ils font la cuisine.
Face aux « alicaments » (contraction d'aliment et de médicament, NDLR), les jeunes Français se montrent aussi critiques que leurs parents. 68% disent avoir du mal à croire les bénéfices santé vantés par les marques alimentaires.
Sur ces différents aspects, il n'y a pas de différence entre les jeunes et les générations plus anciennes. Signe que les valeurs transmises par la famille et l'environnement social non seulement ne sont pas rejetées, mais font l'objet d'un véritable plébiscite. Si les jeunes favorisent dans leur alimentation quotidienne le pratique et le rapide, ils continuent de valoriser l'héritage alimentaire français.
L'alimentation connectée mais pas trop...
Après analyse des résultats d'enquête, plusieurs pistes se dessinent pour guider les industriels de l'agro-alimentaire dans leur quête d'innovation.
Première piste : l'intégration des technologies connectées. Si les comportements d'achat alimentaires des jeunes font appel à des solutions e-commerces à un taux plus élevé que la population en général, cette étude dément l'idée reçue qu'il s'agit d'une jeune génération qui veut tout “digitaliser”. Seulement 12% des 15-30 ans, par exemple, sont favorables à la projection que dans 10 ans il n'existera plus de supermarchés, tous les achats alimentaires se faisant sur Internet (contre 7% de la population en général).
Internet reste pourtant un canal incontournable pour cibler les jeunes. Des pistes d'innovation pourraient concerner la construction d'une présence plurielle des marques sur Internet afin d'apporter une réponse immédiate à leur besoins en termes d'information ; les jeunes sont sensibles au principe de précaution et se renseignent sur la composition ; les bienfaits et les méfaits des produits sur la santé
renouveau ; faire émerger des idées de recettes et ainsi rompre avec la monotonie
accès rapide au produit ; passer une commande alimentaire en livraison.
Et enfin un point à ne pas négliger, les jeunes aiment les discours “cash” : par exemple “Mac Do, on sait que c'est une "basse" qualité. On n'est pas trompé. Contrairement aux "restos" qui ne disent pas qu'ils ne font que réchauffer des plats surgelés !”, illustre symboliquement un jeune.
* L'analyse quantitative a été réalisée auprès de 2.000 personnes avec un zoom sur 600 jeunes. L'analyse qualitative a concerné des groupes de jeunes indépendants financièrement.