Les médecins étrangers à la rescousse
D’après une étude menée par l’Ordre des médecins, en collaboration avec l’Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes), parue en 2024, les médecins diplômés à l’étranger sont de plus en plus nombreux dans les campagnes françaises, contribuant ainsi à réduire les disparités d’offre de soins.

Sur les 8,6 millions de Français vivant dans des déserts médicaux, qui représentent 13 % de la population, l’apport de médecins étrangers est crucial. Ces derniers sont d’ailleurs moins réfractaires que les Français à exercer en campagne.
Un attrait pour les campagnes
Ils sont 22 % de médecins diplômés et nés à l’étranger à s’y être installés en 2017, contre 10 % pour les médecins nés et diplômés en France (7 % pour ceux nés à l’étranger et diplômés en France. L’Ordre des médecins constate que les zones rurales semblent attirer davantage les médecins nés et diplômés à l’étranger que les médecins formés en France. Les médecins diplômés hors Union européenne ont principalement fait leurs études en Algérie, Tunisie, et Syrie ; ceux diplômés en UE viennent principalement de Roumanie, de Belgique et d’Italie. Actuellement, en France, ils sont 29 238 à exercer (soit 12,5 % des effectifs totaux), une proportion cependant inférieure à la moyenne des pays de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), qui est de 20 %. Et pour cause : une politique d’accueil et d’intégration exigeante, qui invite de nombreux médecins à renoncer à exercer en France.
Faciliter l’intégration des médecins étrangers
« Aujourd’hui, nous avons vraiment un système de santé qui s’effondre, c’est inquiétant », constate Émilie Dias, experte en recrutement médical. Pour les communes rurales, l’accès aux soins est souvent synonyme de longs trajets, de délais d’attente importants. Même si la directive européenne de 2005, qui a institué une reconnaissance automatique des diplômes européens, a facilité l'installation de médecins étrangers, il n’en reste pas moins que « ces derniers doivent attendre parfois un an ou deux avant de pouvoir exercer sur le sol français. On se tire une balle dans le pied », se désole-t-elle. Cette dernière a donc souhaité faciliter l’intégration de ces médecins grâce à Open For Docs, une start-up qui vise à digitaliser le recrutement médical et à simplifier les démarches administratives des médecins souhaitant intégrer les rangs des praticiens français. Elle verra le jour d’ici quelques mois. « C’est une plateforme de recrutement, qui permet aux candidats de tester leur éligibilité à pouvoir exercer en France. Un outil qui facilite le lien entre besoins des zones en manque de médecins, et le projet de médecins étrangers (diplômés en UE) d’exercer en France. Nous pouvons, selon les profils, diminuer les freins administratifs et permettre à un médecin d’exercer en France au bout de six mois, contre une durée d’un an et demi sans Open For Docs », explique Émilie Dias. Et si les chances de longévité de la présence de médecin en milieu rural sont faibles, la plateforme prend également en compte les besoins et projets de vie des professionnels, compte tenu des difficultés inhérentes au fait d’exercer dans les campagnes.