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Projet de loi sur la Biodiversité

Les néonicotinoïdes sur le gril

Joël Labbé, sénateur du Morbihan présentera un amendement au projet de
loi sur la Biodiversité visant à modifier l’article L. 254-1 du code
rural et de la pêche maritime afin d’en interdire quasiment l'emploi des néonicotinoïdes.
Par Publié par Cédric Michelin
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Quelques jours avant la discussion en séance publique de la présentation du projet de loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages, Joël Labbé, sénateur du Morbihan, a organisé un débat sur les néonicotinoïdes, ces insecticides qui agissent sur le système nerveux central des insectes. Et qui seraient responsables de la destruction de nombreuses colonies d’abeilles. Mais ce débat était en fait plié d’avance. Quelles qu’en auraient été les conclusions, Joël Labbé n’avait aucunement l’intention, de retirer de l’ordre du jour des discussions sénatoriales, l’amendement n°464 qu’il a déposé ; ce dernier visant à modifier l’article L. 254-1 du code rural et de la pêche maritime afin d’en interdire quasiment leur emploi. « Il ne faut pas légiférer dans l’urgence », défend Eric Thirouin, président de la Commission environnement et vice-président de la FNSEA, invité au débat. Et surtout, « cessons de discréditer les avis de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) et de l’Anses ». Puisque ces agences n’interdisent pas les néonicotinoïdes, leur utilisation est possible, souligne encore le syndicat. A condition, évidemment, de respecter leurs recommandations d’usage ! Les risques encourus par l’emploi des néonicotinoïdes sur la biodiversité et sur les populations d’insectes pollinisateurs ne sont pas ignorés mais ces insecticides ne sont pas les seuls responsables de la mortalité de ces animaux, défend la FNSEA. Et si à l’avenir, une prochaine réévaluation des molécules par l’Efsa et l’Anses conduit à leur interdiction, le syndicat s’y pliera.


Distorsion de compétitivité


Mais aujourd’hui, interdire les néonicotinoïdes va à l’encontre du règlement européen voté sous la présidence française. Et sans alternative, une telle mesure conduira à de nouvelles distorsions de compétitivité entres agriculteurs français et leurs voisins européens qui ne sont pas prêts à renoncer à l’usage de ces molécules, défend la FNSEA. [WEB]La Confédération paysanne et France Nature environnement revendiquent l’interdiction de ces insecticides. Et selon leurs représentants spécialistes des pesticides, Jean Sabench et Claudine Joly, invités au débat de Joël Labbé, l’alternative aux néonicotinoïdes existe. C’est la transition de l’agriculture vers un modèle plus écologique et l’adoption de nouvelles pratiques agricoles appropriées (diversification, favoriser la présence d’auxiliaires) pour lutter, sans risques, contre les insectes ravageurs.[/WEB] Mais dans ce débat sur les néonicotinoïdes, comme dans d’autres, la cause de toutes les discordes n’est-elle pas en fait la recherche scientifique et la performance de ses techniques capables d’identifier des quantités infinitésimales de produits chimiques indésirables. Or, selon, Eugenia Pommaret, directrice générale de l'Union des Industries de Protection des Plantes (UIPP), la détection de substances résiduelles ne signifie pas contamination et leur exposition, un danger.