Les ODG du vignoble beaujolais plaident en faveur d'une hausse du potentiel de récolte
Dans un communiqué transmis aux opérateurs, les responsables des ODG beaujolais - beaujolais-villages et des crus du Beaujolais ont exprimé les raisons qui les ont poussés à revaloriser le potentiel de production des vins du Beaujolais, tout en respectant la hiérarchie des appellations.

C’était dans les tuyaux depuis de nombreuses semaines mais, après plusieurs semaines d’attente, ce qui constituait un objectif pour les élus de la nouvelle mandature a donc enfin été officialisé un mois avant le début des vendanges 2017. Dans un communiqué transmis à l’ensemble des viticulteurs du vignoble, les responsables des ODG beaujolais - beaujolais villages et des crus du Beaujolais ont informé de la hausse des rendements dès cette récolte 2017. « Les conseils d’administration de l’ODG beaujolais - beaujolais-villages et l’ODG de l’union des crus du Beaujolais, après un tour de table où chacun des trente membres s’est exprimé et a donné son avis, ont décidé de rehausser le potentiel de production de manière progressive, pour arriver à terme au niveau des conditions de production des cahiers des charges de nos appellations », informent Daniel Bulliat et Audrey Charton, présidents respectifs de chacune des ODG.
Les présidents des deux ODG n’avaient pas souhaité communiquer avant, d’abord pour attendre la validation par les élus de chaque ODG, ensuite pour établir un argumentaire cohérent et précis entre les deux structures au sujet d’un dossier qui a fait toujours débat au sein du vignoble et qui, probablement, continuera encore de le faire.
56, 55 et 54 hl/ha…
Entre contexte, évolutions et ambitions, tout a été mentionné dans le communiqué. Et c’est la seconde partie de ce dernier qui semble la plus importante, à l’image des chiffres avancés. Les deux ODG, « en parfait accord », proposent pour la prochaine récolte une première marche suivante : 56 hl/ha en beaujolais, 55 hl/ha en beaujolais-villages et 54 hl/ha en crus du Beaujolais.
« La hiérarchie des appellations de la région est clairement respectée, comme dans les autres régions viticoles de France et est compréhensible pour nos acheteurs », lit-on. Et les objectifs sont clairement définis : « il nous faut conforter les entreprises du Beaujolais et dans le cadre d’une rénovation du vignoble absolument indispensable, il nous semble important qu’elles gardent leur potentiel global de vente, pour non seulement ne pas baisser des rentabilités déjà faibles, mais aussi pour financer ces rénovations ».
Les VCI dans le viseur
Les ODG avancent aussi la valorisation des appellations (lieudits, Pierres dorées, coteaux, etc.) et la possibilité de bénéficier, à terme, du Volume complémentaire individuel (VCI), une démarche sur laquelle Audrey Charton est souvent revenue lors de ses différentes interventions ces derniers mois. « Le VCI joue à la fois le rôle d’assurance récolte et d’assurance qualité. Assurance récolte car les volumes complémentaires cumulés pourront être revendiqués en AOC si le rendement de l’exploitation est inférieur au rendement autorisé », en cause notamment les aléas climatiques. Il est aussi question de l’assurance qualité « car les volumes placés en VCI peuvent aussi être revendiqués en substitution d’un volume équivalent récolté l’année N + 1 si le récoltant juge ce dernier insuffisant sur le plan qualitatif ».
Pour justifier leur choix de revalorisation du potentiel de production, les élus des ODG ont aussi pointé du doigt les erreurs du passé et l’absence de remise en question au moment de la période euphorique.
« Le Beaujolais a manqué de sang neuf. Il s’est sclérosé. Les réflexes de défense ont été de deux ordres : essayer d’ajuster l’offre à la demande, en ramenant tous les rendements des appellations beaujolaises au même niveau de 52 hl/ha et mettre en place une campagne d’arrachage. […] Il est important de constater, a posteriori, que si ces mesures ont permis un certain équilibre du marché, elles ont aussi eu des effets pervers sur la rentabilité à l’hectare de nos exploitations par une baisse des produits, sans baisse des coûts de revient ».
Dans leur argumentaire, les ODG soulignent le fait que « les autres vignobles ont continué de planter et de demander le maximum du rendement de leur cahier des charges. Une partie des exploitations du Beaujolais reste dans une situation économique difficile et ne voit son salut que par la production de vins d’appellations différentes avec des rendements plus élevés, leur permettant d’obtenir des marges nettes utiles à leur résultat ».
Enfin, les ODG affichent leur optimisme en mettant en avant des éléments positifs concernant les perspectives pour le vignoble, aussi bien sur le plan agronomique (restructuration, réchauffement climatique, agriculture raisonnée, culture biologique, etc.) que commercial (retour en grâce du gamay auprès des consommateurs, prise en main de la commercialisation, performances dans les différents circuits de distribution). Il n’y a plus qu’à espérer que ce changement de stratégie porte ses fruits.
David Duvernay