Elevage des génisses
Les points à surveiller
Parfois « mises de côté » au cours de leurs premières années car “improductives”, les génisses sont pourtant l’avenir du troupeau. Voici quelques points d’attention à surveiller pour élever dans de bonnes conditions les futures reproductrices du cheptel.
On ne le répétera jamais assez mais le minimum vital pour qu’un bovin “fonctionne” est qu’il ait à disposition de la fibre (sous forme de foin ou de paille), du sel et de l’eau en quantité suffisante et en qualité.
Ces trois fondamentaux sont valables aussi bien en bâtiment qu’au pâturage (la fibre étant à cette période assurée par l’herbe).
Les trois fondamentaux : fibres/sel/eau
Attention à l’acidose dès le plus jeune âge
Pour se développer correctement, les génisses ont besoin de fibres (foin à disposition dans un râtelier dès 8 jours d’âge) pour développer le volume ruminal qui déterminera ensuite la capacité d’ingestion à l’âge adulte. Elles ont également besoin d’un peu d’aliments plus concentrés (qui peut être de l’herbe de printemps qui a des valeurs élevées ou un concentré acheté ou préparé à la ferme) qui permet le développement des papilles ruminales nécessaires à l’absorption des nutriments synthétisés dans le rumen.
Les jeunes veaux sont sensibles à l’acidose, ils ne sont pas capables d’évacuer une grande quantité d’acide de leur rumen puisque leurs papilles ruminales sont en construction.
Il est donc primordial d’éviter de distribuer des concentrés trop acidogènes à des petits veaux (de 0 à 4 mois d’âge) : au maximum 20 % de céréales à paille dans le concentré.
S’il s’agit d’un concentré acheté, le taux de cellulose brute doit être au minimum de 12 % et le taux de protéines de 18 à 20 % selon que le fourrage apporté à côté soit respectivement du foin ou de la paille.
Une conduite alimentaire appropriée pour faire grandir les génisses
La génétique permet d’avoir un potentiel de croissance et de développement, encore faut-il qu’il s’exprime par une conduite sanitaire et alimentaire appropriée à des génisses.
▶ Les protéines : constitution des muscles
Les protéines sont le constituant essentiel des muscles. Il est donc primordial de ne pas négliger l’apport protéique de la ration. Les protéines, apportées par l’herbe au cours de la saison de pâturage, ne doivent pas être négligées en période hivernale.
En pratique, en période hivernale, un fourrage distribué à volonté (foin/paille) avec un complément (ex : 2/3 céréales ; 1/3 tourteau de soja ou de colza) à raison d’1 à 2 kg en fonction de la qualité du fourrage répond à ces objectifs.
▶ Les minéraux : constitution du squelette et capitalisation pour l’avenir
La couverture des besoins minéraux des génisses allaitantes ne doit surtout pas être négligée et leurs besoins sont importants. Elles doivent en effet fabriquer un squelette convenablement minéralisé, d’abord pour être solides, et ensuite pour pouvoir puiser dans ces réserves osseuses au cours des démarrages de lactation notamment. Idéalement, le complément minéral devrait être raisonné en fonction de la quantité de minéraux contenus dans les fourrages. Malheureusement, les fourrages ne sont pas tous analysés et les minéraux ne sont pas toujours recherchés. En pratique, un minéral type 71/21/5, voire 5/25/5, permet de corriger la majorité des rations pour génisses. Attention cependant à raisonner la dose de minéral apportée en fonction des fourrages utilisés (un ensilage de maïs nécessitera un apport de concentrés plus élevés qu’une ration à base de foin par exemple).
▶ L’énergie : gare aux excès !
Attention à l’excès d’énergie (exemple de rations à base d’ensilage de maïs ou de céréales non corrigées) pour éviter l’engraissement des génisses qui pourrait nuire au développement des cellules mammaires (le gras se dépose dans la mamelle et prend la place des cellules qui produiront le lait ultérieurement). Cet engraissement est également néfaste pour la reproduction.
Des saisons de pâturage réussies
▶ Le parasitisme : traiter pour ne pas pénaliser la croissance tout en favorisant l’immunité pour certains parasites : un art difficile !
Au cours des deux premières années de pâture, les traitements strongylicides en cours d’été sont recommandés soit avec un endectocide (action rémanente) si les laitonnes ou génisses restent sur la même pâture, soit avec un benzimidazole si elles sont tout de suite placées sur une parcelle de fauche (= parcelle saine). Il y a peu d’intérêt de traiter les jeunes au lâcher car elles ne sont pas encore infestées.
Pour les traitements de rentrée, il est possible de réaliser des analyses diagnostic (dosage pepsinogène pour les strongles digestifs, coproscopies pour les paramphistomes, sérologies pour la grande douve) pour orienter les traitements.
à l’issue des deux premières années de pâturage, les génisses doivent avoir acquis leur immunité vis-à-vis des strongles digestifs.
Paramphistomes/grande douve : à gérer sur analyse (coproscopies pour paramphistomes et analyses sérologiques pour la grande douve) par lots de pâture à chaque rentrée hivernale.
▶ La gestion de l’herbe n’est pas toujours évidente avec une abondance et une qualité de l’herbe élevée de la mise à l’herbe à l’été (sauf cas exceptionnels de 2011…). Ensuite, il faut savoir prévoir des surfaces additionnelles ou des fourrages stockés pour compenser la diminution de l’herbe pour maintenir un gain de poids régulier sur la saison.
Quelques erreurs à éviter
→ Ration riche en amidon + sucres (rations dites acidogènes) lors des quatre premiers mois d’âge.
→ Ration à tendance acide au cours de la 1ère année ; de manière générale, privilégier des rations sèches jusqu’à 2 mois avant vêlage. En effet, des rations acides et/ou acidogènes obligent l’animal à mobiliser son calcium osseux pour tamponner l’acidité. La génisse décapitalise donc ses minéraux osseux plutôt que de les capitaliser pour l’avenir….
→ Au niveau du parasitisme, des génisses “sur-traitées” qui n’acquièrent pas d’immunité au cours de leur deux premières années de pâture.
→ Et à l’inverse, des génisses parasitées qui ne valorisent pas leur ration.
→ Des rations riches en énergie et déficitaires en protéines qui engraissent les génisses : pénalisant pour la mamogénèse et pour la reproduction ultérieure.
→ Gérer les génisses avant vêlage et les primipares comme les vaches : les bovins grandissent jusqu’à l’âge de 5 ans ; les génisses avant vêlage et les primipares ont donc des besoins d’entretien, de production laitière mais également de croissance avec une capacité d’ingestion plus faible qu’un bovin ayant atteint sa taille adulte. Les rations des génisses avant vêlage et des primipares doivent donc être davantage concentrées.
→ Des génisses délaissées : c’est l’avenir du troupeau qui est pénalisé !
Cécile Chuzeville
Ces trois fondamentaux sont valables aussi bien en bâtiment qu’au pâturage (la fibre étant à cette période assurée par l’herbe).
Les trois fondamentaux : fibres/sel/eau
Attention à l’acidose dès le plus jeune âge
Pour se développer correctement, les génisses ont besoin de fibres (foin à disposition dans un râtelier dès 8 jours d’âge) pour développer le volume ruminal qui déterminera ensuite la capacité d’ingestion à l’âge adulte. Elles ont également besoin d’un peu d’aliments plus concentrés (qui peut être de l’herbe de printemps qui a des valeurs élevées ou un concentré acheté ou préparé à la ferme) qui permet le développement des papilles ruminales nécessaires à l’absorption des nutriments synthétisés dans le rumen.
Les jeunes veaux sont sensibles à l’acidose, ils ne sont pas capables d’évacuer une grande quantité d’acide de leur rumen puisque leurs papilles ruminales sont en construction.
Il est donc primordial d’éviter de distribuer des concentrés trop acidogènes à des petits veaux (de 0 à 4 mois d’âge) : au maximum 20 % de céréales à paille dans le concentré.
S’il s’agit d’un concentré acheté, le taux de cellulose brute doit être au minimum de 12 % et le taux de protéines de 18 à 20 % selon que le fourrage apporté à côté soit respectivement du foin ou de la paille.
Une conduite alimentaire appropriée pour faire grandir les génisses
La génétique permet d’avoir un potentiel de croissance et de développement, encore faut-il qu’il s’exprime par une conduite sanitaire et alimentaire appropriée à des génisses.
▶ Les protéines : constitution des muscles
Les protéines sont le constituant essentiel des muscles. Il est donc primordial de ne pas négliger l’apport protéique de la ration. Les protéines, apportées par l’herbe au cours de la saison de pâturage, ne doivent pas être négligées en période hivernale.
En pratique, en période hivernale, un fourrage distribué à volonté (foin/paille) avec un complément (ex : 2/3 céréales ; 1/3 tourteau de soja ou de colza) à raison d’1 à 2 kg en fonction de la qualité du fourrage répond à ces objectifs.
▶ Les minéraux : constitution du squelette et capitalisation pour l’avenir
La couverture des besoins minéraux des génisses allaitantes ne doit surtout pas être négligée et leurs besoins sont importants. Elles doivent en effet fabriquer un squelette convenablement minéralisé, d’abord pour être solides, et ensuite pour pouvoir puiser dans ces réserves osseuses au cours des démarrages de lactation notamment. Idéalement, le complément minéral devrait être raisonné en fonction de la quantité de minéraux contenus dans les fourrages. Malheureusement, les fourrages ne sont pas tous analysés et les minéraux ne sont pas toujours recherchés. En pratique, un minéral type 71/21/5, voire 5/25/5, permet de corriger la majorité des rations pour génisses. Attention cependant à raisonner la dose de minéral apportée en fonction des fourrages utilisés (un ensilage de maïs nécessitera un apport de concentrés plus élevés qu’une ration à base de foin par exemple).
▶ L’énergie : gare aux excès !
Attention à l’excès d’énergie (exemple de rations à base d’ensilage de maïs ou de céréales non corrigées) pour éviter l’engraissement des génisses qui pourrait nuire au développement des cellules mammaires (le gras se dépose dans la mamelle et prend la place des cellules qui produiront le lait ultérieurement). Cet engraissement est également néfaste pour la reproduction.
Des saisons de pâturage réussies
▶ Le parasitisme : traiter pour ne pas pénaliser la croissance tout en favorisant l’immunité pour certains parasites : un art difficile !
Au cours des deux premières années de pâture, les traitements strongylicides en cours d’été sont recommandés soit avec un endectocide (action rémanente) si les laitonnes ou génisses restent sur la même pâture, soit avec un benzimidazole si elles sont tout de suite placées sur une parcelle de fauche (= parcelle saine). Il y a peu d’intérêt de traiter les jeunes au lâcher car elles ne sont pas encore infestées.
Pour les traitements de rentrée, il est possible de réaliser des analyses diagnostic (dosage pepsinogène pour les strongles digestifs, coproscopies pour les paramphistomes, sérologies pour la grande douve) pour orienter les traitements.
à l’issue des deux premières années de pâturage, les génisses doivent avoir acquis leur immunité vis-à-vis des strongles digestifs.
Paramphistomes/grande douve : à gérer sur analyse (coproscopies pour paramphistomes et analyses sérologiques pour la grande douve) par lots de pâture à chaque rentrée hivernale.
▶ La gestion de l’herbe n’est pas toujours évidente avec une abondance et une qualité de l’herbe élevée de la mise à l’herbe à l’été (sauf cas exceptionnels de 2011…). Ensuite, il faut savoir prévoir des surfaces additionnelles ou des fourrages stockés pour compenser la diminution de l’herbe pour maintenir un gain de poids régulier sur la saison.
Quelques erreurs à éviter
→ Ration riche en amidon + sucres (rations dites acidogènes) lors des quatre premiers mois d’âge.
→ Ration à tendance acide au cours de la 1ère année ; de manière générale, privilégier des rations sèches jusqu’à 2 mois avant vêlage. En effet, des rations acides et/ou acidogènes obligent l’animal à mobiliser son calcium osseux pour tamponner l’acidité. La génisse décapitalise donc ses minéraux osseux plutôt que de les capitaliser pour l’avenir….
→ Au niveau du parasitisme, des génisses “sur-traitées” qui n’acquièrent pas d’immunité au cours de leur deux premières années de pâture.
→ Et à l’inverse, des génisses parasitées qui ne valorisent pas leur ration.
→ Des rations riches en énergie et déficitaires en protéines qui engraissent les génisses : pénalisant pour la mamogénèse et pour la reproduction ultérieure.
→ Gérer les génisses avant vêlage et les primipares comme les vaches : les bovins grandissent jusqu’à l’âge de 5 ans ; les génisses avant vêlage et les primipares ont donc des besoins d’entretien, de production laitière mais également de croissance avec une capacité d’ingestion plus faible qu’un bovin ayant atteint sa taille adulte. Les rations des génisses avant vêlage et des primipares doivent donc être davantage concentrées.
→ Des génisses délaissées : c’est l’avenir du troupeau qui est pénalisé !
Cécile Chuzeville