Les propositions de l’Anses pour améliorer l’évaluation des phytos
Le directeur de l’Anses propose de créer un grand programme de recherche européen inter-agences sur la toxicologie. Il souhaite également réduire le nombre de réglementations concernant l’évaluation des matières actives. Il craint le manque de robustesse des études « socio-économiques » telle que celle qui lui est demandée sur les néonicotinoïdes.

Lors d’une table ronde organisée en marge des États généraux de l’alimentation à l’Assemblée nationale le 23 novembre, Roger Genet, directeur général de l’Anses, a plaidé pour un grand programme européen de recherche en toxicologie. Évoquant l’évaluation des produits phytosanitaires, il constate que la communauté scientifique en toxicologie et notamment en éco-toxicologie est « très restreinte ». « L’Europe devrait se doter d’un grand programme de recherche qui allierait agences sanitaires et instituts de recherche qui produirait des travaux en appui à l’évaluation de risque et qui permettrait d’appuyer les politiques publiques », a-t-il déclaré. Et de citer le programme états-unien d’évaluation toxicologique inter-agences et doté de 150 Mrd$ par an. Roget Genet a également plaidé pour qu’en France « une instance vérifie le bon usage des produits phytosanitaires », rappelant que l’Anses « délivre des autorisations de mise en marché, mais ce ne sont pas des autorisations qui calibrent et permettent de réduire l’usage et l’exposition ».
Trois réglementations pour une même matière active
Le directeur de l’Anses regrette par ailleurs un trop grand nombre de réglementations européennes en vigueur sur l’évaluation toxicologique des matières actives. Et de citer l’exemple du fipronil, « qui n’est plus utilisé en phytopharmaceutique, mais il l’est toujours en médecine vétérinaire et comme produit biocide » ; selon Roger Genet, le fipronil est rattaché à « trois réglementations différentes, trois agences européennes, trois façons de prélever les taxes des dossiers, trois réglementations pour évaluer ces produits, qui contiennent tous la même substance active ». Une discussion communautaire va s’ouvrir sur le sujet de l’évaluation des produits réglementés, rapporte Roger Genet, qu’il souhaiterait voir aboutir sur une simplification. La complexité actuelle nuierait par ailleurs aux petites entreprises qui développent des produits alternatifs.
Des évaluations socio-économiques « peu robustes »
Roger Genet a également partagé ses craintes sur les « évaluations socio-économiques », que l’agence est amenée à produire « en plus des évaluations sanitaires », citant l’exemple des néonicotinoïdes. Un avis sur ce sujet a été demandé à l’Anses par le ministère de l’Agriculture sur les « méthodes alternatives aux néonicotinoïdes et leur impact sur les filières économiques et agronomiques ». Pour Roger Genet, « le processus d’évaluation n’est absolument pas standardisé au niveau international ; nous n’avons pas de processus scientifique qui permettre de prendre en compte l’ensemble des critères d’une telle évaluation, et finalement nous avons une évaluation extrêmement peu robuste ».