Les responsables de BFC avertis
réalité du terrain, la FRSEA, les JA et la chambre régionale
d’agriculture ont rencontré, ensemble, la présidente et la préfète de
région. Retour.

Les représentants de la profession - FRSEA, JA et chambre régionale d’agriculture Bourgogne Franche-Comté, mais aussi des différentes filières (lait, viande, céréales) - ont abordé la question de la crise agricole avec Marie-Guite Dufay, présidente de la région Bourgogne Franche-Comté, et Christiane Barret, préfète de la région.
Pour les responsables professionnels, la mise en œuvre des mesures conjoncturelles dans le cadre du fonds d’allègement des charges (Fac) doit être accélérée. De même, il convient de travailler à des mesures structurelles pour améliorer la compétitivité des filières régionales.
A cette occasion, Christiane Barret et Marie-Guite Dufay ont renouvelé l’engagement de l’Etat et de la Région pour le développement de l’agriculture régionale et leur volonté de mobiliser des moyens communs.
Les engagements doivent être tenus !
Au sein de Bourgogne Franche-Comté, 3.335 exploitations ont bénéficié du Fac, pour une enveloppe totale de 8,4 millions d’€. Récemment et face à l’insuffisance des budgets alloués, la région a bénéficié d’une enveloppe complémentaire de 4,6 millions d’€. Reste qu’à ce jour les conditions fixées par le ministère de l’Agriculture ne permettent toujours pas de mobiliser ces crédits pour des raisons techniques et réglementaires… « Face à une situation difficile où des exploitations vont être contraintes de mettre la clé sous la porte, il n’est pas envisageable de leurrer les agriculteurs avec des dispositifs qui ne sont pas efficients par rapport aux difficultés rencontrées », a dénoncé Frédéric Perrot, président de la FRSEA.
D’autres dispositions ont certes été annoncées, comme la réduction des cotisations sociales, avec une baisse de 3 % des cotisations d’allocations familiales déjà en place depuis 2015 et une baisse à venir pour cette année de 7% de la cotisation d’assurance maladie. « Reste encore que, pour cette mesure, la MSA attend le décret pour appliquer cette baisse aux exploitants », s’agaçait Fabrice Faivre, président de la FDSEA de la Côte-d’Or.
Avec une crise qui perdure, il est important que les exploitations qui seront contraintes de restructurer leurs dettes puissent le faire dans de bonnes conditions. Pour cela, la procédure de la banque publique d’investissement (BPI) ne doit pas être négligée. Une réunion sera organisée très prochainement par la région pour proposer d’ouvrir ce dispositif au secteur agricole. « La région pourrait intervenir dans ce cadre, il faut travailler sur ce sujet », a précisé Marie-Guite Dufay.
« Nous sommes à la croisée des chemins. Avec cette crise, il faut envisager un accompagnement adapté pour trouver des solutions précises aux exploitations concernées et la région doit pouvoir apporter son soutien pour ce type de dispositif », a avancé Christian Decerle, président de la chambre régionale d’Agriculture. « Le manque de trésorerie s’explique par la baisse des prix mais aussi par les retards pris avec le paiement des aides », a tenu à rappeler Philippe Monnet, président de la FDSEA du Doubs. Un avis partagé par Samuel Legrand, président des JA Bourgogne, pour qui « il est très difficile, pour un jeune agriculteur installé en 2015 qui subit cette crise, la première année, de pouvoir prévoir sa trésorerie, alors qu’il n’a aucune visibilité quant à la possible date du versement de sa DJA ».
Réviser le logiciel…
Au niveau des filières, Jean-Pierre Fleury, président de la FNB, plaidait en faveur de l’approvisionnement local : « il faut jouer la carte de Charolais de Bourgogne, et revoir l’approche de la filière dans son ensemble. Il est illusoire de penser que chaque éleveur peut trouver la solution tout seul. La chaîne de valeur entre les différents acteurs de la filière ne fonctionne plus ; il faut imaginer d’urgence un système plus équilibré ».
Pour le lait, Emmanuel Aebischer, président de la FDPL de Haute-Saône, présentait succinctement la charte initiée par la FNPL : « cette approche est nouvelle et associe la grande distribution, les industriels et les producteurs. Par contre, il faut retravailler les coûts de production et aller vers la segmentation des marchés mettant en valeur nos spécificités régionales. Il est nécessaire d’accompagner un projet de filière pour le lait standard, pour maintenir et ancrer un potentiel de production dans notre région ».
Quant aux céréales, Jacques de Loizy, responsable de la commission Grandes cultures à la FRSEA, plaidait en faveur d’une plus grande équité par rapport aux aides européennes : « les régions comme les nôtres qui ont des faibles potentiels ne doivent pas être doublement pénalisées. Nous serons, à ce sujet, très vigilants sur la nouvelle définition des Zones défavorisées ».
Des pistes de progrès…
L’autre point sensible est l’origine des produits dans la restauration hors domicile. Sur ce sujet, la préfète de région s’est engagée à finaliser le projet de convention sur les bonnes pratiques pour les produits agricoles et agroalimentaires et la présidente de région entend encourager les lycées et collèges qui jouent le jeu de l’approvisionnement local. Reste que l’encouragement passera par le fait d’imposer un pourcentage minimum obligatoire en approvisionnement local, notamment en conditionnant certaines aides de la région à cette démarche vertueuse… Sans quoi, cela risque bien de rester un vœu pieux.
De la lisibilité
Lors de cette rencontre dense, le sujet des zones vulnérables a été abordé. Une réunion de travail entre la Région, la Draaf, la Dreal à laquelle la profession sera associée sera prochainement programmée pour clarifier la situation par rapport à la définition des zonages, l’élaboration du plan d’actions et les délais.
Ce sujet a été l’occasion d’aborder l’excès de normes qui exaspère la profession. Dans ce domaine, la préfète comme la présidente ont demandé à avoir des cas concrets pour pouvoir proposer, par la suite, des simplifications aux différents services concernés.
Dernier sujet abordé, celui des énergies renouvelables. « En la matière, nous avons besoin de lisibilité », rappelait Christian Decerle, pour qui, « pour préparer demain et après-demain, il faut rendre plus lisibles les politiques publiques. Les énergies renouvelables sont une possibilité qu’il faut encourager, après avoir régler, notamment, le coût du raccordement pour les projets photovoltaïques ».