Les second Trophées de l’agriculture donnent envie d’agriculture (version longue)
Salle comble avec 400 personnes ce 19 novembre au Centre culturel et de congrès de Paray-le-Monial pour la seconde édition des Trophées de l’agriculture en Saône-et-Loire. Onze lauréats ont ainsi été distingués par le Journal de Saône-et-Loire (JSL) et avec le soutien des principales organisations professionnelles du département. L’objectif étant de faire passer des messages forts au grand public, d’abord positifs mais pas que.

La communication est un art délicat qui ne s’improvise pas. Faire passer des messages positifs et valorisants n’est pas chose aisée à notre époque "d’infobésité". L’actualité n’a jamais été aussi disponible avec Internet et il faut donc répéter souvent le même message pour qu’il soit retenu par le public. Sauf pour les mauvaises nouvelles qui captent plus facilement notre attention…
Presse quotidienne départementale, le Journal de Saône-et-Loire reste la principale rédaction de Saône-et-Loire avec plus de 67 journalistes permanents et 300 correspondants locaux. En comparaison, certes hasardeuse, votre journal L’Exploitant Agricole de Saône-et-Loire ne compte que 4 journalistes.... Comme nous, nos confrères du JSL veulent « coller à notre territoire dont l’agriculture fait partie », introduisait Frédéric Bouvier, le directeur du JSL. Pour le président de la Chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire, sans occulter les crises ou minimiser les polémiques, Bernard Lacour aimerait voir plus souvent « mis en avant les Hommes et les Femmes qui font l’agriculture au quotidien ». Le principal enjeu derrière est aussi de « donner envie aux jeunes de s’installer ».
Comme le laissaient sous entendre dans leurs questions Vanick Berton et Benoit Montaggioni, journalistes du JSL et animateurs de la soirée, la presse quotidienne n’est pas « spécialisée » et donne donc une certaine image de l’agriculture et de la viticulture, qui n’est pas forcément représentatif de toute la diversité et la réalité du monde agricole. Ce qui n’enlève rien au travail, au mérite et à l’excellence des lauréats du soir. Bien au contraire, ils sont et seront d’ardents promoteurs des filières locales.
Premier récompensé, dans la catégorie Agriculture source d’énergie, le Domaine Ragot à Givry qui va passer la certification HVE de niveau 3 « pour la préservation environnement » et a également installé 240 m2 de panneaux solaires « pour compenser la climatisation de nos locaux », expliquait clairement Nicolas Ragot alors que « j’en parle très peu habituellement alors que on prend soin de la terre depuis longtemps ». 15 ans pour lui. A l’image de nombreux autres agriculteurs et viticulteurs donc qui ont fait de nombreux efforts pour s’adapter, sans jamais le dire.
L’agriculture en Saône-et-Loire représente encore 7 % de l’emploi redisait pourtant la sous-préfète de Charolles qui remettait le prix de l’agriculture citoyenne au collectif de valorisation des déchets verts sur la communauté de communes du Grand Charollais. Le fruit du dialogue entre le réseau FDSEA et les élus, saluait François Nugues, éleveur à Varennes-Saint-Germain.
Si l’agriculture pèse donc encore dans le département, c’est aussi grâce à une politique d’installation dynamique portée par les JA. Son président Joffrey Beaudot défendait « un modèle d’agriculture familiale toujours très présent mais qui évolue avec des porteurs de projets variés et des jeunes apportant leurs touches de modernité ». Et c’est le cas au Gaec des Roies à Charbonnats, venus en famille pour recevoir le prix de l’agriculture intergénérationnelle qui transitait jusque devant les yeux du dernier bébé de la famille, la petite Mia qui reprendra peut-être le flambeau de la fabrication de fromages de chèvres, souvent primés lors des concours.
Un joli symbole d’espoir pour l’avenir, tout comme le prix agriculture de proximité remis à Maxime Bonnot du Gaec des Tartins à Poisson par David Thoral, directeur du Leclerc de Paray-le-Monial. « On avait des craintes au début avec les GMS mais maintenant on recherche des produits (maraichage…) car la demande est montée très vite », positivait Jean-François Jacob du Gaec éponyme qui s’occupe des relations dans le cadre du programme Alliance locale. Maxime Bonnot livre également des œufs « DE Poisson » à la restauration et aux boulangers locaux.
Le directeur du BIVB, Christian Vannier rappelait l’importance de la traçabilité des vins AOC et « le numérique est justement un outil au service de nos valeurs, de nos produits pour être en lien avec les citoyens ». Il remettait le prix de l’Agriculture connectée à la cave de Buxy pour son groupe 30.000 avec la chambre d’Agriculture. Des stations météos connectées et un outil d’aide à la décision permet « de traiter au plus juste », insistait François Legros, le président de la coopérative. Ce qui permet aussi « d’expliquer ce que l’on fait et pourquoi avec les voisins ».
Le prix de l’agriculture créatrice de valeur ajoutée revenait à l’association le Pré d’Union charollais à Vendenesse-lès-Charolles qui regroupe sept producteurs. « Suite au départ à la retraite du boucher de la commune, notre maire à chercher une solution et nous a mis à disposition des locaux. Le pari est réussi car la population locale fait la démarche de venir acheter des produits locaux », remerciait Jean-Marc Bouchot.
Que ce soit en circuits courts en autres, l’objectif reste le même : « ramener de la valeur aux producteurs, aux adhérents », redisait Guy Fonteniaud, président de Charolais Horizon du grouep Sicarev. Ce qui permet de créer des emplois, prix remis au Gaec de la Boisette à Montmelard (750 chèvres en lactation et 200 brebis) employant pas moins de 8 CDI de la production à la commercialisation.
Plus « atypique » comme reconnaissait elle même Lyvanne Vialet d’A mon sens à Montpont-en-Bresse qui cultive avec son compagnon Bressan d’origine, une quinzaine de plantes aromatiques et médicinales et produit également des huiles essentielles. Le tout en agriculture biologique. Ils ont reçu le prix de l’Agriculture d’Avenir des mains d’Emmanuel Vey du Crédit Agricole Centre Est qui redisait sa « confiance, l’agriculture connait certes des difficultés mais reste un métier d’avenir ».
En effet, l’agriculture s’adapte en permanence pour être « performante et économe », prix remis à Jean-Baptiste Roy, installé depuis 12 ans à Bresse-sur-Grosne qui a notamment développé une production de plaquettes de bois en laissant pousser ses haies. L’éleveur charolais a « pris ce que l’exploitation pouvait me donner », expliquait-il tout logiquement.
Même discours au Gaec Rizet à Oudry qui se positionne sur des fromages « d’excellence » (AOP Maconnais, AOP Charolais mais aussi AOP Bœuf de Charolles) qui se retrouvent sur des tables de chefs étoilés et même à l’Elysée. « Notre frère n’a pas voulu embrasser la carrière agricole mais est rester proche. En devenant un chef étoilé, son art de la cuisine permet de sublimer nos produits », rappelait Xavier Rizet pour souligner l’importance de s’ouvrir à d’autres savoir-faire. Et il en a tout autour, comme le prouvait le coup de cœur du Département, remis par le président, André Accary à la Bergerie de Blany à Laizé. Jean-Luc Bonnetain y élève 170 brebis mères après « une parenthèse de 30 ans dans l’éducation nationale ». Une reconversion professionnelle bien réussie. L’occasion de porter des messages dans toutes les sphères. Le président de la chambre régionale d’Agriculture, Christian Decerle appelait de ses vœux « l’agriculture à sortir et déployer la grande voile de la communication pour dire toute la richesse de nos savoir-faire aux métropoles ».