Les vétérinaires repensent leur métier
2012 aura été l’année de la publication des différents textes d’application des mesures issues de travaux des "Etats généraux du sanitaire", rapportait la présidente Liliane Rehby. « L’acte vétérinaire a été précisé avec une nouvelle réglementation. Les maladies ont été classées différemment en trois groupes selon des dangers sanitaires et économiques différents. La plate-forme d’épidémiosurveillance a pour mission de renforcer la surveillance des risques sanitaires prioritaires comme la tuberculose et le virus de Schmallenberg », détaillait Liliane Rehby. Ces Etats généraux instauraient également une « nouvelle gouvernance » avec un niveau régional « clairement identifié ». La présidente rapportait en outre que « de nouvelles missions seront confiées aux vétérinaires sanitaires dans le cadre du mandat : le vétérinaire habilité (pour le compte de l’éleveur), le vétérinaire mandaté (pour le compte de l’Etat) avec comme exemple le vétérinaire certificateur ».
Nouvelle organisation régionale
2013 sera donc consacrée à la mise en place de cette “nouvelle gouvernance”. D’ici le 31 juillet, le GTV Bourgogne, soutenu par sa fédération nationale SNGTV, déposera un dossier de reconnaissance en tant qu’Organisation vétérinaire à vocation technique (OVVT). Cette nouvelle entité - qui sera de fait le GTV Bourgogne - siègera au sein des "Conseils régionaux d’orientation de la politique sanitaire animale et végétale (CROPSAV) et de l’Association sanitaire régionale (ASR). Dans ces nouvelles instances régionales, l’OVVT sera aux côtés de l’OVS, Organisme à vocation sanitaire. Cette OVS sera, en l’occurrence, la FRGDS (Fédération régionale des groupements de défense sanitaire) pour la Bourgogne.
D’apparence très complexe, cette nouvelle organisation régionale oblige le GTV Bourgogne à faire évoluer ses statuts et son règlement intérieur. La présidente ne cachait pas qu'« il est actuellement difficile de cerner le fonctionnement et les futures activités de cette association… Sauf qu’elle est la seule légitime à présenter le schéma régional sanitaire au préfet de région », précisait Liliane Rehby.
Non au découplage de la prescription-délivrance
L’autre gros dossier sur lequel est mobilisé le GTV, c’est « le non découplage de la prescription-délivrance ». Les vétérinaires veulent en effet défendre le couplage prescription-délivrance, un dispositif français qui fait l’objet d’attaques et qui est examiné au niveau européen. Pour le GTV, il « permet la traçabilité de l’utilisation des médicaments qui sécurise le consommateur sur la qualité des produits d’origine animale mis sur le marché ». Au-delà de cet argument, le concept de prescription-délivrance est aussi une des clés du maillage de praticiens vétérinaires ruraux tels qu’on le connaît aujourd’hui. L’intérêt de ce maillage est d’ailleurs fortement reconnu par les collectivités (conseil régional et département de Saône-et-Loire notamment), faisait remarquer Liliane Rehby.
Bertrand Guin, nouveau président
Vétérinaire à La Clayette, Bertrand Guin est le nouveau président du GTV Bourgogne. Il succède ainsi à Liliane Rehby, vétérinaire à Gueugnon, qui, après onze années de présidence, cède sa place pour devenir membre du bureau. La vice-présidence du GTV est confiée à Stéphanie Philizot (21). Le trésorier est Arnaud Bohy d’Epinac. Le secrétaire Alexandre Dimberton de Varennes-Saint-Sauveur.
La moitié des vétérinaires bourguignons sont en Saône-et-Loire
En 2012, le GTV Bourgogne a gagné vingt adhérents par rapport à l’année précédente. Le groupement régional compte ainsi 240 cotisants, dont la moitié sont en Saône-et-Loire. Ce chiffre correspond à 172 vétérinaires associés (dont 81 en Saône-et-Loire) auxquels s'ajoutent 68 vétérinaires salariés (dont 38 en Saône-et-Loire). En nombre de cabinets vétérinaires, le GTV Bourgogne compte 65 structures adhérentes, dont 27 en Saône-et-Loire.
Nouveau conseil en élevage
Les vétérinaires veulent être au rendez-vous !
En marge de son assemblée générale, le GTV Bourgogne a consacré une large place au développement du conseil dans les cabinets vétérinaires. Pendant deux bonnes heures, trois intervenants se sont succédé devant les vétérinaires bourguignons autour de cette question : "nouveau conseil en élevage bovin : les vétérinaires seront-ils au rendez-vous ?".
En spécialiste du marketing, Philippe Cazes n’y va pas de main morte : « face à un environnement qui bouge énormément au niveau des éleveurs (baisse des intrants, baisse du chiffre d’affaires médicaments…), le volume d’affaires se réduit pour tous les "prestataires" qui gravitent autour des exploitations. Pour tenir bon, deux choix possibles : soit on baisse les prix des prestations ; soit on se diversifie dans des services innovants ! Cette situation promet une concurrence acharnée dans les cours de ferme ! Mais de par leurs compétences évidentes et leur capital sympathie, les vétérinaires semblent plutôt bien armés pour s’imposer dans ce virage commercial ».
Cette remise en cause fait suite aux évolutions que traversent les exploitations d’élevage. Tous sentent bien que les attentes des éleveurs sont en train d’évoluer. Face à des structures de plus en plus techniques et importantes, il faut être en mesure de prouver le résultat économique de sa prescription. Comme les éleveurs, leurs conseillers doivent se mettre à l’heure des coûts de production, EBE, coûts de ration… Le cadre économique, réglementaire et politique (Pac, conditionnalité, contractualisation) a aussi son importance pour s’adapter à la clientèle. De même que les projets à moyen terme de l’exploitant.
Les attentes des éleveurs ne sont plus les mêmes. Il y a une certaine défiance vis-à-vis du conseil traditionnel, parfois jugé sévèrement par les éleveurs. Selon Philippe Cazes, ces derniers sont demandeurs de gain de rentabilité, de temps libre, d’autonomie et ils souhaitent continuer à se développer. Pour le spécialiste du marketing, l’examen des attentes des éleveurs met en évidence « un véritable gisement de conseil » à saisir. Un conseil de nouvelle génération, plus proche d’un « coatching », moins dogmatique, plus suivi, et surtout plus rentable pour l’exploitation ! Un conseil dont le prix sera acceptable s’il est efficace…, juge Philippe Cazes. Pour faire face à ce nouveau défi, les "vétos" ne manquent pas d’atouts : connaissance des bêtes, disponibilité, pertinence du conseil, expertise en médicaments, proximité culturelle avec éleveurs… Mais selon l’expert, il leur faudra parfaire quelques points comme l’écoute, le suivi, faire mieux connaître l’étendue de leurs compétences… Il leur faut surtout « apprendre à se vendre, à faire du marketing ! ».