3e Rencontres des Vignerons indépendants de France
« Les vignerons veulent participer aux discussions sur la réforme de la Pac »
Les Vignerons indépendants sont opposés au paiement d’une prime unique
à l’hectare dans le cadre de la future Pac et ne désespèrent pas de
revenir l’abandon des droits de plantation prévu par Bruxelles. Interview de Michel Issaly, président des Vif.
à l’hectare dans le cadre de la future Pac et ne désespèrent pas de
revenir l’abandon des droits de plantation prévu par Bruxelles. Interview de Michel Issaly, président des Vif.
Que pensez-vous des projets de réforme de la Pac ? Quelles sont les demandes des vignerons indépendants ?
Michel Issaly : en ce qui concerne la réforme de la politique agricole commune après 2013, les vignerons indépendants ont trois préoccupations : Tout d’abord quel sera l’avenir de l’OCM viticole après 2013 ? Celle-ci a été reconduite jusqu’en 2015 mais au-delà c’est l’inconnu. De plus, les vignerons ne participent pas aux discussions sur la future Pac alors qu’ils seront concernés comme tous les agriculteurs puisqu’il n’y aura plus de spécificité entre les productions et que l’on raisonnera les soutiens de façon globale. Nous sommes par exemple opposés au paiement unique à l’hectare dont le montant s’apparentera à une aide sociale et sera très insuffisant pour permettre la restructuration des exploitations. Nous demandons donc à être associés aux discussions préparatoires à cette réforme. Ensuite, que se passera-t-il entre 2015 et 2020 ? Quel sera le budget ? Quels seront les soutiens ? Aujourd’hui on n’en sait rien, nous n’avons aucune visibilité. Enfin, Quels seront les futurs mécanismes de régulation des marchés avec la proposition de la Commission européenne de supprimer les droits de plantation ?
Justement, quelle est votre position sur ce projet de suppression des droits de plantation ?
M. I. : pour les vignerons indépendants, la proposition de la Commission est inacceptable. En effet, si elle devait aboutir cela se traduirait par une perte de notoriété des appellations, des déséquilibres aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur des zones de productions. Ainsi, dans les zones AOC où il reste encore des surfaces disponibles, le risque existe de voir s’implanter des investisseurs ce qui entrainerait immanquablement un déséquilibre du marché. De la même façon, dans les zones AOC entièrement plantées comme en Alsace, Bourgogne ou Champagne, il existe un risque de voir des plantations massives à l’extérieur de la zone avec à terme la même perspective de déséquilibre des marchés et des investisseurs qui quitteront le secteur à la première crise en abandonnant des terres qui retourneront à la friche. En termes d’aménagement du territoire ce serait désastreux. Il faut donc trouver un nouvel outil de régulation de la production pour remplacer celui qui n’existera plus. Pour cela nous devons convaincre les Etats membres mais également le Parlement de revenir en arrière. Aujourd’hui le ministre de l’Agriculture est parvenu rallier neuf pays sur la position de la France. Il faut continuer ce lobbying, particulièrement auprès du Parlement dont ce sera la première décision prise avec la nouvelle réglementation sur la codécision.
Les marchés des vins semble se redresser, le revenu des viticulteurs s’améliore-t-il ?
M. I. : on constate en effet une tendance haussière pour les vins sans IG ou de cépage avec des prix qui retrouvent des niveaux qui redonnent espoir aux viticulteurs. Il faut cependant tempérer cet optimisme car les rendements 2010 étaient faibles ce qui fait que le chiffre d’affaires à l’hectare reste très insuffisant. Rien n’est donc encore joué. Si la prochaine récolte est abondante et si les prix se maintiennent au niveau actuel, on reviendra alors à une situation plus saine, notamment pour ceux qui livrent en vrac. Cela dépendra beaucoup de l’attitude du négoce et là c’est la grande inconnue. Il faut que les interprofessions parviennent à discipliner les relations entre la production et le négoce. Cela passe par la contractualisation pluriannuelle mais également par la mise en place d’outils économiques permettant aux producteurs d’avoir une vision sur les prix.
La situation est plus compliquée pour les AOC génériques car certaines se vendent moins cher que les vins de cépages ou sans IG. Dans ce secteur, l’offre est supérieure à la demande et la situation est inquiétante. Comme les rendements ont été revus à la baisse, le chiffre d’affaire à l'hectare de ces AOC ne dépasse pas 4.000€ alors qu’il devrait être de 6.000€ minimum pour couvrir les frais de production. Nous sommes donc loin du seuil de rentabilité. Nous pensons qu’il faudrait segmenter les marchés alors que la filière raisonne les AOC dans leur globalité. La dernière réforme de l’OCM viticole en 2008 a donné de nouveaux outils au négoce, tels que des aides à la promotion ou la simplification de la segmentation, qui sont aujourd’hui sans effet. Le négoce se montre toujours incapable de massifier l’offre française.
Michel Issaly : vigneron de père en fils
Michel Issaly : en ce qui concerne la réforme de la politique agricole commune après 2013, les vignerons indépendants ont trois préoccupations : Tout d’abord quel sera l’avenir de l’OCM viticole après 2013 ? Celle-ci a été reconduite jusqu’en 2015 mais au-delà c’est l’inconnu. De plus, les vignerons ne participent pas aux discussions sur la future Pac alors qu’ils seront concernés comme tous les agriculteurs puisqu’il n’y aura plus de spécificité entre les productions et que l’on raisonnera les soutiens de façon globale. Nous sommes par exemple opposés au paiement unique à l’hectare dont le montant s’apparentera à une aide sociale et sera très insuffisant pour permettre la restructuration des exploitations. Nous demandons donc à être associés aux discussions préparatoires à cette réforme. Ensuite, que se passera-t-il entre 2015 et 2020 ? Quel sera le budget ? Quels seront les soutiens ? Aujourd’hui on n’en sait rien, nous n’avons aucune visibilité. Enfin, Quels seront les futurs mécanismes de régulation des marchés avec la proposition de la Commission européenne de supprimer les droits de plantation ?
Justement, quelle est votre position sur ce projet de suppression des droits de plantation ?
M. I. : pour les vignerons indépendants, la proposition de la Commission est inacceptable. En effet, si elle devait aboutir cela se traduirait par une perte de notoriété des appellations, des déséquilibres aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur des zones de productions. Ainsi, dans les zones AOC où il reste encore des surfaces disponibles, le risque existe de voir s’implanter des investisseurs ce qui entrainerait immanquablement un déséquilibre du marché. De la même façon, dans les zones AOC entièrement plantées comme en Alsace, Bourgogne ou Champagne, il existe un risque de voir des plantations massives à l’extérieur de la zone avec à terme la même perspective de déséquilibre des marchés et des investisseurs qui quitteront le secteur à la première crise en abandonnant des terres qui retourneront à la friche. En termes d’aménagement du territoire ce serait désastreux. Il faut donc trouver un nouvel outil de régulation de la production pour remplacer celui qui n’existera plus. Pour cela nous devons convaincre les Etats membres mais également le Parlement de revenir en arrière. Aujourd’hui le ministre de l’Agriculture est parvenu rallier neuf pays sur la position de la France. Il faut continuer ce lobbying, particulièrement auprès du Parlement dont ce sera la première décision prise avec la nouvelle réglementation sur la codécision.
Les marchés des vins semble se redresser, le revenu des viticulteurs s’améliore-t-il ?
M. I. : on constate en effet une tendance haussière pour les vins sans IG ou de cépage avec des prix qui retrouvent des niveaux qui redonnent espoir aux viticulteurs. Il faut cependant tempérer cet optimisme car les rendements 2010 étaient faibles ce qui fait que le chiffre d’affaires à l’hectare reste très insuffisant. Rien n’est donc encore joué. Si la prochaine récolte est abondante et si les prix se maintiennent au niveau actuel, on reviendra alors à une situation plus saine, notamment pour ceux qui livrent en vrac. Cela dépendra beaucoup de l’attitude du négoce et là c’est la grande inconnue. Il faut que les interprofessions parviennent à discipliner les relations entre la production et le négoce. Cela passe par la contractualisation pluriannuelle mais également par la mise en place d’outils économiques permettant aux producteurs d’avoir une vision sur les prix.
La situation est plus compliquée pour les AOC génériques car certaines se vendent moins cher que les vins de cépages ou sans IG. Dans ce secteur, l’offre est supérieure à la demande et la situation est inquiétante. Comme les rendements ont été revus à la baisse, le chiffre d’affaire à l'hectare de ces AOC ne dépasse pas 4.000€ alors qu’il devrait être de 6.000€ minimum pour couvrir les frais de production. Nous sommes donc loin du seuil de rentabilité. Nous pensons qu’il faudrait segmenter les marchés alors que la filière raisonne les AOC dans leur globalité. La dernière réforme de l’OCM viticole en 2008 a donné de nouveaux outils au négoce, tels que des aides à la promotion ou la simplification de la segmentation, qui sont aujourd’hui sans effet. Le négoce se montre toujours incapable de massifier l’offre française.
Michel Issaly : vigneron de père en fils
50 ans, Michel Issaly, est président des Vignerons indépendants de France depuis 2008. Il exploite 5,8 ha dans l’AOC Gaillac sur une exploitation qui est dans la famille depuis six générations. Il vend la totalité de sa production en direct : une moitié au caveau ou dans les salons, l’autre chez les cavistes, les bistrots à vins et la restauration principalement à Paris. Il envisage de terminer sa carrière avec seulement deux hectares dans le but d’augmenter la qualité de ses vins, être plus proche de sa vigne et faire tous les travaux à la main en passant au bio ou peut être en biodynamie.