Loché replie Vinzelles
faisait le point sur leurs activités 2012 avant de débattre sur
l’obligation de la lutte contre la flavescence dorée en 2013,
l’éventuelle mise en place des VCI ou encore sur les conséquences de la
poursuite du dossier des premiers crus.
Comme l’an passé, le trésorier, Sylvain Signoret, détaillait les moyens financiers de l’ODG et Marcel Couturier faisait ensuite le point sur les visites de vignes et de caves : « les visites de vignes du 20 juillet 2012 ont montré de gros soucis oïdium comme jamais, avec une charge assez hétérogène et avec un bon entretien général des vignes ». Passé ce bilan, il insistait sur les frais de contrôle facturés par ICONE qui « peuvent vite chiffrer » pour l’opérateur ayant des manquements. La directrice adjointe de la CAVB, Marion Saüquere expliquait alors répertorier les doléances « des opérateurs "mécontents" » puisqu’en « 2014, la CAVB va devoir voter pour savoir si la profession ressigne avec ICONE. L’occasion ainsi de renégocier ces "surfacturations" », anticipait-elle.
Interrogations sur la lutte contre la flavescence
Après sa présentation du Volume complémentaire individuel (VCI, voir encadré), rapidement le dossier flavescence dorée venait sur la table. La présentation technique de cette jaunisse, par Jocelyn Dureuil, de la chambre d’agriculture, et celle de l’organisation pratique de la lutte obligatoire par Charles Chambin, de la Fredon Bourgogne (voir article page HH), provoquaient nombre de questions posées par les producteurs.
Si ces derniers cherchaient d’abord à savoir comment la flavescence étaient arrivée dans le nord Mâconnais (greffés-soudés) puis diffusée au sud (cicadelles, transport machines ou pépiniéristes), leur principale interrogation semblait être de s’assurer que "statistiquement" la lutte insecticide sera vraiment nécessaire et efficace dans cette partie là du département. Car ces traitements ne seront pas anodins. le président ne manquait pas de rappeler la « problématique santé » qui en découle pour les vignerons comme pour les populations avoisinantes. Sans oublier les questionnements des clients. Cette lutte – même si imposée - pouvant apparaître contradictoire avec l’engagement de la Bourgogne pour une viticulture durable. Enfin, ils soulevaient les implications sanitaires découlant, comme la gestion des acariens et autres araignées rouges pouvant réapparaître…
Prospection en étau
Outre « l’obligation réglementaire par arrêté préfectoral », les techniciens leur répondaient humblement par une logique inversée : « on ne connait pas encore l’extension possible de la maladie en 2013 certes, mais on sait ce qu’il ne faut pas faire : ne pas lutter ». Pour eux, cette lutte insecticide doit vraiment être « faite par tous » pour espérer freiner la propagation du phytoplasme, via son vecteur, la cicadelle. L’arrachage des pieds - exprimant déjà la maladie - enlèvera les foyers visibles, même si d’autres pieds positifs, mais non expressifs, resteront autant de risques de nouvelles contaminations. La lutte risque donc de durer de nombreuses années. Les traitements à l’eau chaude de toutes nouvelles plantations complète le dispositif.
La prospection « en étau », avec des zones de surveillance se resserrant vers le foyer initial (Plottes/Chardonnay/Ozenay), vise à « sortir les communes périphériques rapidement » et « aménager la lutte dans les communes avec foyer(s) ». Le sud Mâconnais et le Chalonnais/Couchois ont donc des chances d’être dans ce dernier cas. Même si, maladie de quarantaine oblige, « sans suivi, pas de sortie du dispositif » rappelaient pour finir les techniciens.
Après ces débats, l’ODG se résolvait à voter la cotisation « complémentaire » de 6 €/ha pour financer prospections et analyses.
Les homonymes divisent les premiers crus
La nuit tombée, « sans transition », Cécile Herrgott de l’INAO Mâcon expliquait les étapes à venir dans le dossier premiers crus déposé par l’ODG. « L’idée serait de passer la demande des trois "pouilly" en même temps, en septembre, ne serait-ce qu’en terme de communication », glissait auparavant Jean-Philippe Bret, évoquant ainsi la démarche commune avec aussi l’ODG saint-véran.
Mais pour pouilly-loché et pouilly-vinzelles, la Commission d’enquête Inao veut d’abord s’assurer que « les deux appellations sont bien scindées ». En effet, historiquement, les vins produits sur Loché peuvent être revendiqués aussi en pouilly-vinzelles. La Commission demande aussi de « clarifier les limites de l’aire de l’appellation et ses bordures, "originales", tirées à la règle ».
Cécile Herrgott en profitait pour rappeler quelques points de la définition d’un premier cru pour l’Institut de l’origine et de la qualité : « un prix de vente supérieur de +10 % par rapport à la communale avec une différence de rendement d’au moins 5 hl et avoir plusieurs producteurs sur les climats revendiqués », pour « développer la notoriété » de ces derniers.
Elle recommandait donc aux vignerons de « revendiquer TOUS les climats pour que ce soit porteur » sinon « des secteurs qualitatifs » pourraient « passer à côté » d’une future reconnaissance.
Elle revenait aussi sur les homonymies en premiers crus. Avec le nouveau classement en premiers crus, « si tout un lieu-dit n’est pas en climat, il perd son nom de climat et deviendra du générique. Mercurey l’a accepté ». Jean-Philippe Bret se montrait surpris et redisait la proposition de l’ODG : « on avait proposé que ce qui était premier cru soit étiqueté en taille de caractère identique à celle de l’appellation et moitié moins, si la parcelle du climat n’est pas reconnue en premier cru ».
Olivier Giroux mentionnait aussi le « projet de réaliser un carte sur les terroirs de l’appellation », utilisant ainsi le travail pédogéologique de Sigales.
Stratégies bourguignonnes autour des VCI
De la CAVB, Marion Saüquere présentait le principe du VCI. Visiblement toutes les appellations bourguignonnes n’adoptent pas la même stratégie vis-à-vis des ces Volumes complémentaires individuels. Au niveau de la Bourgogne, les appellations régionales (bourgognes blancs et aligotés, mâcons) s’inscrivent dans le dispositif « jusqu’au rendement butoir ». Les appellations blanches communales se distinguent. Si « toutes les communales mâconnaises sont intéressées » par les VCI, d’autres, dans le Chalonnais, comme rully ou montagny, ne le sont pas. En Côte-d’Or, « encore moins » (hormis Auxey-Duresse), rajoutait Marion Saüquere, l’expliquant par leurs « faibles volumes » et l’impossibilité légale « de pouvoir les conditionner ». Dans l’Yonne, où a eu lieu l’expérimentation nationale, « chablis continue mais pas saint-bris ». L’intérêt semble donc résider pour les appellations ayant un « bon différentiel entre rendement butoir et max ». Ce dispositif pourrait également « remplacer le RMD » d’une façon détournée, si l’INAO l’accepte. « Chassagne songe demander quelques hectolitres, certaines années » seulement.
Ce qui ne manquait pas de laisser certains vignerons perplexes : « c’est une usine à gaz pour faire du dépassement » de rendements. La directrice-adjointe de la CAVB reconnaissait que les ODG vont certainement devoir mutualiser du personnel pour gérer l’administratif. « Cela représentait une personne à plein temps pendant 2 mois et demi chaque année à Chablis ». La CAVB envisage même « dès 2014-2015, des permanences dans le vignoble pour les ODG qui partiraient sur le VCI ». Chaque année, chaque ODG fera une demande à l’INAO. Pouilly-loché et pouilly-vinzelles vont « re-questionner l’ODG pouilly-fuissé pour savoir leur position pour faire une demande cohérente », avertissait Jean-Philippe Bret. Avec un rendement de 60 hl/ha, l’ODG envisage de demander le VCI maximum (30 %) soit 18 hl stockés, en constituant cette réserve avec une première demande à l’INAO de 6 hl/ha en 2013.
Le système présente des intérêts, positivait Cécile Herrgott : « après constitution des réserves maximales, vous n’aurez plus vraiment besoin d’assurance climat sur votre appellation la plus forte ».
VCI : Surveiller la qualité et les cours !
Jean-Philippe Bret attirait l’attention sur les « dérives » que pourrait engendrer les VCI. Un premier « risque » pourrait être de voir « la qualité des vins diminuer ». Un second, dans le cadre d’une demande de classement de premiers crus, serait d’aller dans une « direction de superproduction » contraire. Enfin, en plus de la gestion et les coûts administratifs supplémentaires, le président de l’ODG demandait des études sur les marchés de chablis. « Certes, ils font du volume mais les cours du vrac ne sont pas très élevés. Les VCI compliquent et décalent aussi les ventes ». Quid également de l’utilisation des VCI par le négoce ?