Lors de sa visite à Sevrey, le préfet a déploré des règles du jeu trop instables
Le 21 décembre, le préfet de Saône-et-Loire, Jérôme Gutton, s’est rendu sur l’exploitation laitière de Jean-Pierre Diconne à Sevrey. La FDSEA et les JA de Saône-et-Loire y ont abordé de nombreuses thématiques : conjonctures céréalière et laitière, ZDS, problème de voisinage… Après ses visites viticoles, celle en élevage charolais, puis son déplacement à Louhans avec le ministre de l’Agriculture, le préfet de Saône-et-Loire a « parfait sa culture générale » sur l’’agriculture et la viticulture départementales.

« Je suis un passionné. Je n’ai jamais imaginé faire autre chose », expliquait Jean-Pierre Diconne au préfet lors de la visite de son exploitation en polycultures et élevage laitier en présence d'une trentaine d'agriculteurs. Le 21 décembre, Jérôme Gutton, préfet, répondait en effet à l'invitation de la FDSEA et des Jeunes agriculteurs du Chalonnais. Reste, pour Jean-Pierre Diconne, que l’extension du Grand Chalon lui a fait perdre près de 15 % des terres de son exploitation ! Les crises à répétition des cours céréaliers et laitiers sont économiquement difficiles. « J’ai étudié la possibilité d’arrêter le métier », confiait l’éleveur de montbéliardes. Il reconnaissait en plus des « problèmes » de déplacements, que ce soit pour son cheptel ou pour son matériel, dans cette zone péri-urbaine. Malgré des efforts pour aménager son exploitation (recul de la stabulation, accès à la ferme en évitant le centre du bourg, cours de ferme propre et rangée…), il rencontre cependant des « problèmes » avec certains voisins. Bruit, odeur… tout est prétexte. Une réalité qui incitait un autre éleveur laitier, sur la commune de Lux, qui est lui attaqué en justice pour des "problèmes" de mouches... Face à des voisins procéduriers, « que de temps perdu », regrettait le préfet, lui qui prenait ouvertement position : « vous avez l’antériorité. Je ne pense pas qu’ils gagnent ». Reste que ces dossiers sont les symboles du malaise grandissant avec la société. « L’agriculture est incriminée, montrée du doigt », dénonçait Pascal Cottenceau, pour la FDSEA.
Un PLUI monstrueux
Président de la CSEA et ancien président du pays Chalonnais, Benoit Regnault estimait aussi que ces conflits de voisinage sont le fruit d'un mauvais aménagement du territoire. Le territoire chalonnais est devenu, pour lui, une « toile d’araignée, avec une zone viticole, la Saône, des zones industrielles, des bois… où tout le monde cohabite ». Sa préoccupation du moment est donc le « monstre de travail » que représente le futur PLUI du Grand Chalon regroupant trente-sept communes. « Il y aura des collisions entre zones (N et A) » sans avoir de vraie « visibilité » sur les zones agricoles, redoutait-il. S’exprimant à ce sujet, le maire de la commune fait partie de ceux qui « font leur maximum pour préserver » des fermes en révisant le PLU de ce village de 1.350 habitants. Mais là, il s’agit de gérer l’espace de vie et de travail de 150.000 habitants !
C'est pourquoi le préfet invitait chacun à « l’interpeler », lui et ses services (DDT), en cas de besoin. « Depuis cinquante ans, ce qui est choquant, c’est la consommation du foncier. L’équivalent d’un département tous les six ans. C’est une catastrophe collective ! La loi est illisible. On laisse donc faire car tout le monde y trouve son compte - y compris les vendeurs - sauf l’intérêt général de préserver le foncier agricole », critiquait ouvertement Jérôme Gutton qui n’a qu’un « rôle limité » pour agir en la matière. La profession agricole travaille donc à obtenir des "compensations" agricoles pour certains grands projets (SaôneOr, photovoltaïque à Saint-Yan…) et cela en vue d'un meilleur aménagement du territoire.
Politiquement incorrect
La question des nouvelles Zones défavorisées simples continue d’irriter Sylvain Chopin à la FDSEA, lui qui défend les exploitations « exclues, éjectées » en raison surtout d’un critère économique (produit brut standard) retenues à la commune et non à l’exploitation. Jérôme Gutton se permettait une réponse « non politiquement correcte : ces critères sont décidés par nos interlocuteurs parisiens qui ont un budget fixe et qui choisissent des critères pour s’y tenir ». Rien à voir donc avec la réalité des revenus des exploitants donc… Là aussi, que de temps perdu pour les agriculteurs qui regrettent le détournement de l'esprit des lois ou des décisions gouvernementales.
Dur de se diversifier
La Bresse chalonnaise est aussi représentative des zones intermédiaires françaises. « On a les DPB les plus bas de France », rappelait ainsi Emmanuel Buisset, céréalier et administrateur à Bourgogne du Sud. Ce dernier ne décolère pas non plus contre la fermeture d’une nouvelle voie ferrée, entre Verdun et Chalon cette fois. « C’est nocif pour l’environnement de remettre des camions sur la route et nocif pour la compétitivité de nos territoires ruraux ». Le sous-préfet de Chalon, Jean-Jacques Boyer, annonçait avoir obtenu une réunion à ce sujet avec le directeur régional de la SNCF. Chacun espère le maintien de ces voies ferrées pour l’avenir. Egalement membre de la chambre d’Agriculture, Emmanuel Buisset en profitait pour demander au député de la circonscription, Raphaël Gauvain, des aides pour investir dans les énergies renouvelables (méthanisation, photovoltaïque…). Ce dernier se disait conscient des « investissements lourds » pour les raccordements aux réseaux de gaz ou d’électricité, avec des tarifs d’achat fluctuants. « Il faudrait que les règles du jeu arrêtent de changer tout le temps », avait dit, juste auparavant, Jérôme Gutton à propos des règles françaises qui régissent la Pac. Une phrase qu’il va certainement « relayer », car « vos soucis, je les partage le plus souvent », concluait-il.
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Lors de sa visite à Sevrey, le préfet a déploré des règles du jeu trop instables

« Je suis un passionné. Je n’ai jamais imaginé faire autre chose », expliquait Jean-Pierre Diconne au préfet lors de la visite de son exploitation en polycultures et élevage laitier en présence d'une trentaine d'agriculteurs. Le 21 décembre, Jérôme Gutton, préfet, répondait en effet à l'invitation de la FDSEA et des Jeunes agriculteurs du Chalonnais. Reste, pour Jean-Pierre Diconne, que l’extension du Grand Chalon lui a fait perdre près de 15 % des terres de son exploitation ! Les crises à répétition des cours céréaliers et laitiers sont économiquement difficiles. « J’ai étudié la possibilité d’arrêter le métier », confiait l’éleveur de montbéliardes. Il reconnaissait en plus des « problèmes » de déplacements, que ce soit pour son cheptel ou pour son matériel, dans cette zone péri-urbaine. Malgré des efforts pour aménager son exploitation (recul de la stabulation, accès à la ferme en évitant le centre du bourg, cours de ferme propre et rangée…), il rencontre cependant des « problèmes » avec certains voisins. Bruit, odeur… tout est prétexte. Une réalité qui incitait un autre éleveur laitier, sur la commune de Lux, qui est lui attaqué en justice pour des "problèmes" de mouches... Face à des voisins procéduriers, « que de temps perdu », regrettait le préfet, lui qui prenait ouvertement position : « vous avez l’antériorité. Je ne pense pas qu’ils gagnent ». Reste que ces dossiers sont les symboles du malaise grandissant avec la société. « L’agriculture est incriminée, montrée du doigt », dénonçait Pascal Cottenceau, pour la FDSEA.
Un PLUI monstrueux
Président de la CSEA et ancien président du pays Chalonnais, Benoit Regnault estimait aussi que ces conflits de voisinage sont le fruit d'un mauvais aménagement du territoire. Le territoire chalonnais est devenu, pour lui, une « toile d’araignée, avec une zone viticole, la Saône, des zones industrielles, des bois… où tout le monde cohabite ». Sa préoccupation du moment est donc le « monstre de travail » que représente le futur PLUI du Grand Chalon regroupant trente-sept communes. « Il y aura des collisions entre zones (N et A) » sans avoir de vraie « visibilité » sur les zones agricoles, redoutait-il. S’exprimant à ce sujet, le maire de la commune fait partie de ceux qui « font leur maximum pour préserver » des fermes en révisant le PLU de ce village de 1.350 habitants. Mais là, il s’agit de gérer l’espace de vie et de travail de 150.000 habitants !
C'est pourquoi le préfet invitait chacun à « l’interpeler », lui et ses services (DDT), en cas de besoin. « Depuis cinquante ans, ce qui est choquant, c’est la consommation du foncier. L’équivalent d’un département tous les six ans. C’est une catastrophe collective ! La loi est illisible. On laisse donc faire car tout le monde y trouve son compte - y compris les vendeurs - sauf l’intérêt général de préserver le foncier agricole », critiquait ouvertement Jérôme Gutton qui n’a qu’un « rôle limité » pour agir en la matière. La profession agricole travaille donc à obtenir des "compensations" agricoles pour certains grands projets (SaôneOr, photovoltaïque à Saint-Yan…) et cela en vue d'un meilleur aménagement du territoire.
Politiquement incorrect
La question des nouvelles Zones défavorisées simples continue d’irriter Sylvain Chopin à la FDSEA, lui qui défend les exploitations « exclues, éjectées » en raison surtout d’un critère économique (produit brut standard) retenues à la commune et non à l’exploitation. Jérôme Gutton se permettait une réponse « non politiquement correcte : ces critères sont décidés par nos interlocuteurs parisiens qui ont un budget fixe et qui choisissent des critères pour s’y tenir ». Rien à voir donc avec la réalité des revenus des exploitants donc… Là aussi, que de temps perdu pour les agriculteurs qui regrettent le détournement de l'esprit des lois ou des décisions gouvernementales.
Dur de se diversifier
La Bresse chalonnaise est aussi représentative des zones intermédiaires françaises. « On a les DPB les plus bas de France », rappelait ainsi Emmanuel Buisset, céréalier et administrateur à Bourgogne du Sud. Ce dernier ne décolère pas non plus contre la fermeture d’une nouvelle voie ferrée, entre Verdun et Chalon cette fois. « C’est nocif pour l’environnement de remettre des camions sur la route et nocif pour la compétitivité de nos territoires ruraux ». Le sous-préfet de Chalon, Jean-Jacques Boyer, annonçait avoir obtenu une réunion à ce sujet avec le directeur régional de la SNCF. Chacun espère le maintien de ces voies ferrées pour l’avenir. Egalement membre de la chambre d’Agriculture, Emmanuel Buisset en profitait pour demander au député de la circonscription, Raphaël Gauvain, des aides pour investir dans les énergies renouvelables (méthanisation, photovoltaïque…). Ce dernier se disait conscient des « investissements lourds » pour les raccordements aux réseaux de gaz ou d’électricité, avec des tarifs d’achat fluctuants. « Il faudrait que les règles du jeu arrêtent de changer tout le temps », avait dit, juste auparavant, Jérôme Gutton à propos des règles françaises qui régissent la Pac. Une phrase qu’il va certainement « relayer », car « vos soucis, je les partage le plus souvent », concluait-il.