Lundi, 7 h 23 : le bonheur est-il toujours dans le pré ? L'humeur du lundi...
Lundi, 7 h 23 : le bonheur est-il toujours dans le pré ?

Dans un monde idéal, le mien et celui de bon nombre d’éleveurs, être paysan, agriculteur - appelons notre métier comme on veut - c’est d’abord travailler avec convictions, respect et foi (en l’avenir).
Conviction car on croit en ce que l’on produit.
Respect car nous respectons nos animaux, les céréales que nous produisons et qui sont, au final, destinés aux consommateurs que nous respectons et que nous sommes aussi.
Pour la foi, c’est là que ça se gatte. Il y a vingt ans, on m’aurait dit (honnêtement, maman me l’avait dit…) qu’éleveur allait se résumer aujourd’hui à dettes, relances, mises en demeure, huissiers, FCO 1, 8, 4… et l’Italie pas qualifiée au Mondial 2018, pour être franc, je n’aurais jamais signé.
Tous les jours, on me le dit : « quel métier de con, on ferait mieux d’aller voir ailleurs ». Et ne me dites pas que vous ne l’avez jamais entendu !
Alors bien-sûr, ce n’est pas forcément mieux ailleurs, mais les chiffres l’attestent. En 2016, 20 % des agriculteurs n’ont pas dégagé de salaires et 30 % d’entre nous ont gagné moins de 350 €/mois.
Alors parfois, de façon très fréquente, je me prends à rêver, trouver un emploi salarié, 35 heures au Smic… Si je me classe dans la catégorie "20 %", je gagne alors 1.149,70 € net de plus par mois et environ 800 € dans la tranche "30%". Un truc de malade, travailler et gagner sa vie !
« Certes, vous ne gagnez pas d’argent, mais vous bossez en pleine nature et quand vous voulez… ». Et ne me dites pas non plus que cela vous ne l’avez jamais entendu…
Fabrice Voillot
* Smic net : 1.149,70 €